"Quand j’étais gosse, je me suis rendu compte du pouvoir extraordinaire du rire" : les confidences de Dany Boon
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur, Dany Boon. Ce mercredi 21 septembre 2022, il est à l'affiche du film "Une Belle Course" avec Line Renaud, du réalisateur Christian Carion.
Dany Boon est auteur, humoriste, réalisateur, scénariste, producteur. C'est sur scène que le public français l'a découvert grâce au spectacle : Je vais bien, tout va bien. Et puis en 2008, il y a eu ce raz-de-marée intitulé Bienvenue chez les Ch'tis avec plus de 26 millions d'entrées, un record qui a détrôné, notamment, La Grande Vadrouille.
Ce mercredi 21 septembre 2022, il est à l'affiche du film Une Belle Course avec Line Renaud, du réalisateur Christian Carion. C'est la rencontre entre une femme de 92 ans qui doit se rendre dans sa dernière demeure, une maison médicalisée et un chauffeur de taxi. À sa demande de faire un détour, celui-ci se crispe, puisqu'il n'a pas du tout le temps de prendre son temps, jusqu'à ce qu'il se mette à l'écouter, à échanger, à remonter le temps.
franceinfo : Dans Une belle course, Il y a un vrai regard sur le partage et sur l'importance de la transmission.
Dany Boon : En fait, ce qui est très joli, c'est que cette femme qui est solaire va ramener à son humanité ce taxi qui est très sombre et qui ne se rend plus compte des beaux côtés de la vie. Et moi, ce que j'aimais beaucoup dans le scénario quand je l'ai lu, c'est les symboles de partir de l'Est de Paris, là où le soleil se lève pour aller à l'Ouest, où il se couche et traverser Paris comme on traverse la vie. De faire des détours, comme dans la vie, un peu comme des trompe-la-mort, et se dire : "Voilà, je vais prendre le temps d'aller revoir ces moments d'enfance et puis retrouver ce que j'ai vécu".
L'occasion aussi de retrouver le réalisateur Christian Carion, pour lequel vous aviez tourné dans Joyeux Noël, un drame historique qui vous avait valu une nomination aux César. Et en plus, cerise sur le gâteau, avec Line Renaud qui fait partie de Bienvenue chez les Ch'tis puisqu'elle jouait le rôle de votre maman. En fait, ça dépasse la caméra, on sent qu'il y a autre chose, une autre dimension dans ce film.
Et ce qui était très fort aussi, c'est que Line en jouant cette Madeleine Keller, pensait à sa propre vie. Évidemment, il y avait un écho.
Le personnage de Madeleine Keller ressemble beaucoup à Line Renaud et il y avait des moments de jeu qui étaient vécus comme si c'étaient nous deux. C'étaient nous deux d'ailleurs !
Dany Boonà franceinfo
Vous gardez quoi de vos parents alors ? Puisqu'on parle de famille, votre papa est malheureusement disparu il y a plus de 30 ans maintenant.
Oui, mon père était de Kabylie. Il était venu en France comme boxeur professionnel, puis par la suite est devenu chauffeur-routier quand il a arrêté de boxer. J’ai le souvenir de quelqu'un qui était très bosseur, qui ne se plaignait jamais. Il était très aimé des gens autour de lui. Il était assez dur en éducation, il avait des leçons un peu radicales du genre, dans notre coron du nord où on n'avait pas grand-chose, il invitait une famille avec des gamins qui avait encore moins que nous. Et à la fin, il filait mes jouets aux gamins... Je n'étais pas content et il me disait : "Il a moins que toi, il faut que tu apprennes à être généreux". Je pense que je l'ai vu très héroïque. C'était une figure paternelle très importante même si on ne se disait pas "Je t'aime", en tous cas beaucoup moins qu'avec ma mère...
Votre mère, c'est vraiment un pilier.
Elle est très importante oui.
Vous avez toujours été très tôt attiré par l'artistique. Ça veut dire que vous avez compris très vite que pour vous construire, pour être heureux, il fallait en passer par-là ?
"Quand j’étais gosse, je me suis rendu compte du pouvoir extraordinaire du rire, qui, à la fois, fait qu'on vous aime et aussi rend les gens agressifs, inoffensifs."
Dany Boonà franceinfo
D'abord, quand j'étais gamin, je faisais rire ma mère quand elle n'allait pas bien. Je vivais des choses compliquées quand j'étais gosse. Je voyais que mes parents galéraient. Je n'avais pas d'insouciance. Je me faisais beaucoup de soucis pour eux, pour ma mère, pour mes frères. Et je me suis dit ce n'est grave, je serai enfant quand je serai adulte.
Comment avez-vous géré cette notoriété, cette célébrité qui est arrivée avec des records d'entrées jamais égalés encore aujourd'hui, sachant que vous étiez d'une famille qui avait eu du mal à s'en sortir ?
Alors je l'ai bien vécu. Ce que j'ai moins bien vécu, c'est que je suis devenu un produit. Je me suis retrouvé en couverture de magazines, on disait que j'étais totalement dépressif avec des photos qui avaient été volées à l'enterrement d'un ami deux ans auparavant. Et puis, ce qui était compliqué, ce n'était pas de vivre ça, c'était plutôt par rapport à mes enfants, à ma famille. J'ai un fils et il a dû changer d'école trois fois l'année des Ch'tis car il s'est fait emmerder, taper dessus, insulter même parfois par certains profs. Donc on l'a remis dans l'école où il était avant, où ça c'est mieux passé, mais ce sont des passages compliqués pour eux.
On perd des amis avec le succès ?
Les vrais amis, non. En fait, ce qui est incroyable, c'est que tout votre entourage vous dit : "Ne change pas, reste le même" et en fait les premiers à changer, c'est eux. Leur regard change et ils interprètent tout ce qu'on peut faire ou ne pas faire d'une manière différente. C'est important de prendre du recul, justement, comme Charles, dans ce film, avec Line Renaud, où elle lui en fait prendre en disant : "Tout ça n'est pas si grave. Faut sourire, vous allez voir..." Ce qui est très joli, c’est ce qu'elle dit un moment donné : "Un coup de gueule, c'est un coup de vieux, un sourire, c'est un coup de jeune"...
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