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Musique : Laurent Voulzy et Frédéric Brun rendent hommage à Jean Dréjac

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, elles sont deux. L’auteur, compositeur et interprète Laurent Voulzy et Frédéric Brun, écrivain et fils du parolier Jean Dréjac.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le chanteur Laurent Voulzy à la basilique de Lisieux (Calvados). (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

L’auteur, compositeur et interprète, Laurent Voulzy et Fréderic Brun, écrivain et fils du parolier Jean Dréjac nous dressent le portrait d'un artiste qui nous a quittés il y a 20 ans cette année. Jean Dréjac a écrit plus de 400 chansons et un bon nombre d'entre elles sont entrées dans ce qu'on appelle la mémoire collective. L'homme à la moto d'Édith Piaf (1956), Oum le dauphin de Michel Legrand (1970), Ah ! Le petit vin blanc en 1943 ou encore Le petit bal du samedi soir en 1946, c'est lui. Jean Dréjac a collaboré avec de nombreux artistes tels que Serge Reggiani, Dalida, Yves Montand, Charles Aznavour, Marcel Amont, Juliette Gréco, les Compagnons de la chanson, etc. Il aura été aussi une pièce maîtresse de la Sacem, en étant son vice-président pour la défense des droits d'auteurs.

>> Derrière nos voix. Laurent Voulzy et ses accords ouverts

 À l'occasion des 20 ans de la disparition du parolier, auteur et compositeur, son fils sort : Juke-Box Troubadour Coffret comprenant 76 titres, dont deux inédits et Ah ! Le petit vin blanc repris par Laurent Voulzy. Il y aura aussi un concert-hommage le 14 mai 2023 au Café de la Danse à Paris.

franceinfo : Frédéric Brun, votre père avait ce côté "Mon père, cet artiste, ce héros" ?

Frédéric Brun : Oui, il a traversé un siècle en chansons. Ça a commencé en 1943 avec Ah ! Le petit vin blanc et il a encore écrit un dernier album pour Serge Reggiani en 2000, qui s'appelle Enfants, soyez meilleurs que nous.

Mon père, Jean Dréjac, a vécu beaucoup d'époques entre 1943 et 2000, mais il est toujours resté fidèle à son style, à sa manière d'écrire des chansons.

Frédéric Brun

à franceinfo

Laurent Voulzy, vous vous retrouvez dans ce projet qui est juste incroyable. L'idée, c'était de lui rendre hommage. Comment vous avez connu, ressenti, vécu Jean Dréjac ?

Laurent Voulzy : Comme tout le monde, je connais la chanson Ah ! Le petit vin blanc, elle fait un peu partie de ma vie parce que depuis l'âge de huit ans, je suis revenu habiter avec ma maman à Nogent. Donc Nogent est une ville qui a beaucoup compté pour moi, la Marne. Et un jour, on m'a proposé de venir à l'inauguration d'une petite place Jean Dréjac et très honnêtement, je ne connaissais ni l'auteur ni le compositeur de la chanson, mais la chanson, je la connaissais bien. Et il y avait Frédéric. On ne se connaissait pas encore. On a commencé à parler ensemble. On se retrouve deux ans plus tard à Nogent dans une guinguette parce qu'on m'intronise membre du petit vin blanc...

Frédéric Brun : La Confrérie du petit vin blanc !

Laurent Voulzy : Alors, on a parlé et je lui ai raconté qu'un jour j'avais chanté Ah ! Le petit vin blanc à la télé dans une émission de Michel Drucker au Pavillon Balthar à Nogent et que j'avais eu un message de son papa qui avait aimé cette version que j'avais chantée doucement avec une guitare. Et c'est là que Frédéric m'a dit : "Je prépare un album avec les interprètes originaux des chansons de mon père et si tu veux bien chanter Ah ! Le petit vin blanc doucement à la façon dont tu l'as chantée à la télé, j'aimerais bien". J'ai dit oui tout de suite.

E

n tout cas, Il y a une certitude c'est que votre père était passionné par l'écriture et il était convaincu finalement que c'était le métier qu'il voulait faire et qu'il allait réussir. À 17 ans, il arrivera à convaincre ses parents de le laisser monter à Paris pour pouvoir vivre sa vie d'artiste. Très peu de temps après, il est repéré. La guerre qui va éclater. Et il y a une anecdote assez incroyable, c'est qu'en 1940 les Allemands vont le remarquer avec la STO, donc le service de travail obligatoire...

Frédéric Brun : Oui, parce qu'il était réfractaire au STO en fait.

Ils vont lui demander de chanter, de travailler. Ils sont très sensibles à ce qu'il fait et il va refuser. Ce parcours est extraordinaire.

Frédéric Brun : Oui. J'ai écrit un livre qui va être publié, qui s'appelle Le Roman de Jean et je trouve que la vie de mon père a un aspect romanesque. Il est parti chanter à Alexandrie en 1949 et là-bas, il y a Jean Cocteau et Jean Marais qui sont allés le voir et qui lui ont fait un dessin en signe d'amitié dans ce cabaret. Mais mon père, loin de Paris, avait la nostalgie de Paris et il y a écrit La Chanson de Paris (1949), mais ce n'est pas cette chanson qui est devenue célèbre. En fait, c'est Sous le ciel de Paris en 1951.

Écrite pour le film du même nom de Julien Duvivier et qui va être reprise d'ailleurs par Paul Anka. Cette chanson est-elle la plus emblématique ? Celle qui lui colle le plus à la peau ?

Frédéric Brun : Oui.

'Ah ! Le petit vin blanc' était très connue en France et 'Sous le ciel de Paris' avait l'avantage d'être connue dans le monde entier.

Frédéric Brun

à franceinfo

Pour Sous le soleil, il y a Edith Piaf, qui l'a appelé de New York, une fois de plus, et qui lui a dit : "J'ai quelque chose d'incroyable à t'apprendre, c'est qu'on l'entend partout aux États-Unis, grâce aux orchestres". C'est une histoire incroyable cette chanson.

Laurent Voulzy : J'adore cette chanson, cette mélodie est magique. C'est top !

Vous êtes fier, Laurent Voulzy, de reprendre Ah ! Le petit vin blanc aujourd'hui, avec toute la symbolique que ça représente ?

Laurent Voulzy : Mais oui ! C'est une idée d'Alain (Souchon). Il m'avait dit un jour que je fredonnais Ah ! Le petit vin blanc à la maison : "Pourquoi tu ne le mets pas sur ton album ? Tu es de Nogent, ça compte pour toi le petit vin blanc ! Joue-la avec ta guitare et tu la mets sur ton album". Et puis, je ne l'ai jamais fait et ensuite, pourquoi j'ai fait ça ? C'est la rencontre avec Frédéric. Ce déjeuner, ces choses d'un seul coup un peu mystérieuses qui sont arrivées : Charles d'Orléans, Jean Dréjac, Alain, trois grands paroliers, la poésie. C'est vraiment toute une histoire, la Marne etc. C'est vraiment la symbolique.

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