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Marc Levy, romancier, se souvient d'un conseil de son père : "Sois le gardien de l’identité des autres"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, c'est le romancier aux 50 millions de livres vendus dans le monde depuis 20 ans, Marc Levy. Il nous présente son 21ème roman, premier tome d’une série baptisée "9" : "C’est arrivé la nuit" aux éditions Robert Laffont/Versilio.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Marc Lévy et son nouveau livre "C'est arrivé la nuit" qui paraîtra le 29 septembre. (JOËL SAGET / AFP)

Dans son nouvel ouvrage C’est arrivé la nuit, Marc Levy s’attaque à la notion toute relative "du bon et du mauvais côté de la force" dans le monde numérique. Après une réelle enquête de trois ans, il constate qu’une minorité "d’oligarques" s’emparent des richesses d’une société et d’un pays par ce biais. Ils contrôlent et divisent les populations tout en faisant régner la peur : "Je pensais que ça n’existait que dans un roman d’Orwell et je l’ai vu, je l’ai vécu". Cette dérive, selon lui ne vient pas de l’outil mais de l’humain. Et les apparences étant parfois trompeuses, les méchants pointés du doigts, les hackers, ne sont pas forcément ceux que l’on croit. C’est pourquoi il s’attelle, dans ce roman, à mettre en valeur ceux qu’il qualifie de Robin des bois des temps modernes "vraiment au service du bien" et qui courageusement s’opposent aux puissants narcissiques. "Être dans l’illégalité ne veut pas forcément dire être du mauvais côté de la force". Cette utilisation détournée des réseaux sociaux peut mener, selon lui au pire : "La démocratie assassinée".

Mes 9 vont retourner l’arme des criminels contre eux-mêmes, ils vont révéler la vérité au grand jour

Marc Levy

à franceinfo

Cela fait déjà 20 ans que Marc Levy a publié Et si c’était vrai, un premier succès inattendu qui a changé profondément son existence. Il a eu plusieurs vies professionnelles avant de prendre la plume. Il travaille dans le domaine de l’informatique (tiens, tiens…), a été secouriste pour la Croix-Rouge, et en 2000, est employé dans un cabinet d’architectes. Il raconte à Elodie Suigo qu’à la suite d’un passage à la télévision dans une émission de Bernard Pivot, ses collègues le lundi matin le félicitent avec bienveillance : "On a vu votre émission, on va vous lire". Et là, ce livre écrit pour son fils, désormais au regard de tous, le met mal à l’aise : "J’étais tellement pudique que je me suis dit : ’mais je ne peux pas les affronter, ce n’est pas possible !’ " L’idée d’aller acheter tous les exemplaires de son livre aux alentours lui traverse l’esprit mais finalement, il pose simplement sa démission sans savoir de quoi l’avenir sera fait.

Evidemment l’écriture a radicalement changé sa vie. Il révèle un de ses secrets pour durer : "Beaucoup beaucoup de travail pour mériter le plus humblement possible, cette chance dont j’étais conscient".

La Résistance dans les gènes

Lorsqu’Elodie Suigo lui demande si ce nouveau roman est un condensé de tout ce qu’il l’a construit ces deux dernières décennies, il revient immédiatement aux deux sources de sa construction en tant qu’homme. Tout d’abord son père, un homme d’honneur, qui n’est pas sans rappeler les protagonistes de son 21ème roman : un hors-la-loi par nécessité et convictions politiques lui aussi.

Ce qui m’a construit je crois, c’est que j’ai un père qui est entré dans la résistance à 18 ans, c’est-à-dire à l’époque où s’installait le régime de Vichy. Mon père est devenu un hors-la-loi et il s’est évadé avant d’arriver à Dachau

Marc Levy, auteur de "C'est arrivé la nuit"

à franceinfo

Marc Levy conserve tous les documents de son père relatifs à cette période comme l’acte de condamnation, l’acte d’arrestation, le bulletin d’incarcération et sa description en tant que criminel. De fait, l’écrivain devient un des gardiens de la mémoire collective : "C’est toute une formation de l’esprit. Ça ne vous donne aucun droit mais ça vous donne un devoir ". Son père, lui transmet aussi la notion de fraternité, l’invite à la bienveillance et l’auteur se remémore un de leurs échanges : "J’avais 8 ans et on m’avait traité de sale juif et donc je suis rentré à la maison et lui ai dit : ‘Papa, ça veut dire quoi être juif ?' Et mon père m'a souri. Il m’a dit : ’ça veut dire que si tu entends quelqu’un à côté de toi se faire traiter de sale noir, tu deviens noir. Si tu entends quelqu’un se faire traiter de sale arabe, tu deviens arabe. C’est ça être juif. Sois le gardien de l’identité des autres'."

 "Maman ce n’était que de l’amour, que de l’amour pour les autres"

La seconde source, il n’en parle que très rarement dans les médias. Et c’est avec une tendresse infinie qu’il évoque la première femme de sa vie : sa maman : "Et voilà, je le dis avec naïveté comme si j’avais 8 ans parce que ma mère, c’est ma mère. Ma mère elle est à moi, elle n’est à personne d’autre." Il confie qu'elle est partout dans ses romans et surtout qu'à son contact, il a appris la beauté de la vulnérabilité.

Quand je regardais ma mère, je voyais vraiment que c’est par les failles que la lumière entre et que la lumière sort. C’est tout ce qui fait la beauté d’un être humain. C’est extraordinaire, la quantité de lumière qui peut jaillir de nos failles. Et elle m’a toujours ébloui par la lumière qui sortait des siennes.

Marc Levy

à franceinfo

Pour le moment, Marc Lévy a vendu 37.000 exemplaires de C'est arrivé la nuit. Il a devancé Guillaume Musso dans le top des ventes de livres françaises.

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