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Le regard d'Etienne Daho sur ses 40 ans de carrière : "Il y a eu un avant et un après" la chanson "Tombé pour la France"

Toute cette semaine, Etienne Daho est l’invité exceptionnel du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons qui ont marqué sa vie professionnelle comme personnelle. Aujourd’hui, "Week-end à Rome", mais aussi "Tombé pour la France".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 125 min
Etienne Daho sur la pochette de son 45 tours "Tombé pour la France", en 1985 (LAURENT LEONARD / VIRGIN FRANCE)

Étienne Daho passe la semaine avec nous sur franceinfo pour revivre des moments forts de sa vie : cinq jours, cinq chansons. Alors qu'Etienne Daho fête ses 40 ans de carrière, il en profite pour rééditer son premier album Mythomane, tout en soufflant sur les dix bougies de son album Le condamné à mort comprenant un duo avec Jeanne Moreau. Il vient aussi de sortir, il y a quelques semaines, un single inédit, Virus X.  Aujourd'hui, il raconte les titres : Week-end à Rome et Tombé pour la France.

franceinfo : Hier, nous parlions de la chanson Le grand sommeil, issue de votre deuxième album La notte la notte, 1984. Dès lors, vous écrivez énormément. Ce succès vous a boosté ?

Etienne Daho : Oui. En fait, j'ai fait mon premier album en me disant : Voilà, je fais un premier album et puis je retournerai à la fac. Et en fait, la rage m'a pris, je me suis dit : Bon, Mythomane... On peut faire mieux dans la vie. J'étais poussé par l'envie de faire mieux tout le temps. Je regardais les gens que j'admirais et me disais : C'est tellement haut ! J'aimerais un jour pouvoir faire une œuvre comme ça.

Vous saviez de toutes façons que les études d'anglais que vous aviez entreprises n'étaient pas du tout ce qui vous attirait.

Non. Ça m'aurait conduit à être prof ou quelque chose comme ça et je n'avais pas du tout envie de ça.

En 1984 sort donc l'album La notte, la notte avec les titres Sortir ce soir et Week-end à Rome. Que représente ce Week-end à Rome dans ce parcours ?

Tout d'un coup c'est allé très vite. Je ne réalisais pas trop parce que j'étais tout le temps avec les mêmes amis, je ne gagnais pas d'argent, je ne connaissais pas grand monde à Paris. J'étais encore dans un petit microcosme, je ne réalisais pas du tout, du tout ce qui est en train de se produire.

"'Week-end à Rome' a cette espèce de bulle de légèreté et je crois qu'elle a marqué beaucoup plus avec le temps qu'à l'époque."

Etienne Daho

à franceinfo

Ça a été un petit tube , je crois, mais pas un truc phénoménal. Je pense que c'est le temps qui a fait que si on cite des chansons de cette période. Ça n'a pas été la chanson la plus connue à l'époque. 

La notte la notte va donc être double disque d'or en 1985 et vous allez recevoir le Bus d'Acier de l'artiste rock de l'année. Votre public est là, vous le rencontrez et l'épousez immédiatement. Lui vous adopte aussi avec un Olympia qui va se jouer à guichets fermés. Vous vous en rappelez ?

L'amour tout de suite ! On ne savait pas du tout comment ça allait se passer. J'avais commencé une petite tournée où on faisait de toutes petites salles. L'Olympia paraissait le passage obligatoire, mais on avait quand même dans la tête tous les gens qui étaient passés avant et ça compte. C'est grand et puis, on a ses lettres en néon. C'était dingue. Toute ma famille était venue, il y avait donc un rang de gens assez âgés et puis autour que des jeunes gens et jeunes filles qui sautaient partout. Ils étaient soulagés car ils avaient convoqué tous leurs amis, parce qu'ils pensaient eux aussi, qu'il n'y aurait personne.

J'ai revu des images qu'un ami d'enfance avait faites et on y voit à quel point je regarde derrière moi en me demandant s'il y a quelqu'un de très connu qui passe vraiment. C'était phénoménal. C'était un truc incroyable, d'autant plus que j'avais peu de chansons avec mes deux albums. J'ai fini par toutes les chanter car il y avait beaucoup d'"Encore", donc j'ai rechanté à peu près tout ce que j'avais déjà chanté !

Fort de ce succès, vous allez enregistrer Tombé pour la France, un titre qui va faire couler beaucoup d'encre.

Je me souviens d'une chose. On l'a enregistré et je suis parti en vacances avec des amis pendant dix jours. J'appelais mon manager pour savoir comment ça se passait et il me disait : "Mais on a vendu 40 000 disques aujourd'hui !" C'était un peu irréel. Et quand je suis arrivé en France à l'aéroport, je signais des autographes. Il y a eu l'avant et l'après. Tout d'un coup, les portes se sont ouvertes en très grand.

Avec un clip réalisé par Jean-Pierre Jeunet.

Oui. Ça encapsule toutes ces années de légèreté quand même.

Que vous avez perdue ou pas ? La notoriété ne vous a jamais absorbé cette légèreté ?

Quand la notoriété est trop importante et qu'on est obligé d'enjamber des gens le matin quand on sort de chez soi, ça ne va pas, ni pour soi, ni pour les gens qui sont dans cette situation. Ça me rendait très mal à l'aise. J'adorais qu'on m'adore sur scène. Je me laissais adorer avec extase, mais c'est tout. Une fois sorti de scène, c'est fini, on ferme.

"Il y a eu un moment où ça a été trop. C'était vraiment une nécessité que je prenne du recul."

Etienne Daho

à franceinfo

Après avoir goûté à une popularité, à une exposition trop importantes pour moi, pour la personne que je suis, j'ai tout fait pour mettre les freins, pour avoir une carrière qui, par la suite, était peut-être un peu plus dans l'ombre.
Je continue à bien travailler, ça se passe bien. Je fais plein de concerts, mes albums marchent bien, mais d'être un peu un peu moins exposé, c'est important pour moi. À l'époque, c'était une question de survie et puis ensuite, c'est devenu surtout une question de mode de vie, de faire ce qu'on aime tout en étant dans quelque chose qui est confortable et pas quelque chose qui pèse.

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