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"La nonchalance, je revendique !" : Philippe Lavil revient avec un nouvel album, "Sous le même soleil"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et chanteur, Philippe Lavil. Il vient de sortir un nouvel album : "Sous le même soleil".
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le chanteur Philippe Lavil, en 2015. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Philippe Lavil nous accompagne depuis plus de 40 ans avec ses tubes qui fleurent bon l'été, qui nous donnent envie d'onduler notre corps ! Jamais il ne se laisse envahir par une once de tristesse et c'est communicatif comme avec Il tape sur des bambous (1982), Elle préfère l'amour en mer (1986), La fille du train (2011) ou encore La Chica de Cuba (1989). L'auteur, compositeur et interprète vient de sortir un nouvel album : Sous le même soleil. Il comprend 12 de ses tubes revisités et deux inédits.

franceinfo : Sous le même soleil, ce sont 14 titres revisités par l'enfant de la Martinique que vous êtes. Vous semblez finalement ne pas avoir perdu cette chaleur. Cette envie de partager en musique.

Philippe Lavil : C'est l'envie de partager. C'est très égoïste ce que je vais vous dire, c'est que le partage, je le partage souvent avec moi-même parce que c'est un vrai bonheur d'être sur scène. Et puis, si vous parlez de la nonchalance, je revendique !

Vous avez envie de croquer la vie à pleines dents en tous cas !

Oui. Hugues Aufray à la question sur sa retraite a répondu : "Je n'ai pas droit à la retraite, j'ai toujours fait ce que j'aimais". Et je suis un peu comme ça.

Vous êtes né à Fort-de-France, en Martinique. Vous êtes un descendant des colons des Antilles, ce qu'on appelle un 'béké' dans le langage local. Vos parents exploitaient une bananeraie dans la commune du François. Vous gardez quoi de cette enfance ?

C'était extraordinaire. Des gens qui vous font prendre conscience que vous êtes né dans un endroit exceptionnel où effectivement, il y a des qualités ou des défauts d'ailleurs, mais on chante d'une certaine manière, on marche une certaine manière, on parle d'une certaine manière. Et il y a tout ça qui fait que les 13 premières années de ma vie sont incroyables.

Vous avez longtemps vécu le moment présent jusqu'à ce que vous soyez envoyé en pension dans la Drôme. A quel moment vous avez eu envie de devenir chanteur ? En tout cas, à quel moment vous avez pris cette décision qui ne va pas plaire forcément à vos parents au départ d'ailleurs ?

C'est clair. En revenant dans la région parisienne avec mes parents en 1961, j'ai commencé à fréquenter des copains. Il y en avait qui jouaient de la guitare, d'autres de la batterie, etc. On a monté un petit orchestre pour faire les booms avec les copains les samedis après-midi. J'ai commencé à faire des chansons, j'avais un ami qui faisait les textes et petit à petit, je me suis dit : c'est ce que je veux faire. Donc j'ai fait une école de commerce pendant trois ans. Et puis, une fois que ça a été terminé, j'étais en deuxième année et là, j'ai fait mon premier 45 tours qui s'appelait À la califourchon.

En 1969, il y a ce premier 45 tours et puis en 1970, premier tube Avec les filles, je sais pas. Comment avez-vous vécu ce succès ?

Après le succès de mon premier tube ‘Avec les filles je sais pas’, j'ai été, pendant trois mois, un petit con qui vendait des disques et se croyait arrivé.

Philippe Lavil

à franceinfo

Un jour, mon père est arrivé dans ma chambre et m'a dit : " J'ai besoin de te voir", c'était un samedi après-midi, " Viens avec moi". On est allés dans le petit coin salle de bain que j'avais, et il me met ma tronche devant le miroir et poursuit : " C'est qui le mec qui est là ? Je ne le connais pas, je ne sais pas qui c'est". Je lui réponds comment ça, tu ne sais pas qui c'est ? C'est moi papa ! " Non, ce n’est pas toi. Mon fils Philippe, il est plus intelligent que ça. Il a peut-être plus de talent que le connard que je vois dans le miroir". Il n'a pas dit ça comme ça, mais enfin, ça a été assez déterminant dans mon parcours. Du jour au lendemain, avec un Revox, c'est-à-dire un bon magnétophone, trois ou quatre guitares eh bien, j'ai fait le plein de chansons.

Sous le même soleil est acoustique, organique. Est-ce que ce n'est pas avant tout un bon prétexte pour monter sur scène ?

Oui, mais j'ai plein de prétextes pour monter sur scène. Mais l'histoire de cette chanson, c'est quand même un truc assez bizarre. Je n'ai pas fait beaucoup de chansons pour les autres. On arrive au Liban quelques mois après la fin de la guerre. On circule au milieu des immeubles foutus par terre, vraiment la Bérézina, si on peut dire. Et puis, un mec vient nous voir sur le campus de l'Université de Beyrouth et on commence à parler d'un tas de trucs et je lui demande comment il a vécu la guerre. Il me répond : " Moi, je suis né dans une cave, j'ai vu la lumière du jour, je devais avoir trois ou quatre ans". Mais comment c'est possible ça ? La chance d'être Martiniquais, d'être né là où je suis né, me saute à la gueule et lui, dans une cave ! Moi, à trois ans, je savais nager, j'avais de l'amour, de la tendresse. Lui, il a dû avoir de l'amour, de la tendresse, mais ce n'est pas possible, le soleil ne brille pas de la même manière pour tout le monde. C'est ce qui est une lapalissade, mais je le note quand même sur un petit carnet. Dans l'avion du retour, je fais le texte. J'arrive à Paris, je monte dans mon petit studio, en un quart d'heure, je fais de la musique. Il n'y a pas une virgule qui a été virée. Et Élisabeth Anaïs me dit : " J'aurais bien aimé l'avoir faite celle-là".

Quel regard portez-vous alors sur cette carrière ?

Je pense que j'ai été assez honnête pour faire ce que j'avais envie de faire et ne pas faire ce que je n'avais pas envie de faire.

J'aurais pu faire beaucoup plus de chansons, sans doute, mais j'ai aussi pris un peu le temps de vivre parce que c'est important.

Philippe Lavil

à franceinfo

Tous les mois d'août, par exemple, depuis que ma fille, ma première enfant, est née, tous les mois d'août, je les passais avec mes enfants. Sauf au début, j'ai fait deux tournées, mais après, j'étais avec mes enfants, ma famille. Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça !

Parce que c'est important, c'est ce qui vous définit et vous le dites souvent que votre plus grande fierté, ce sont vos enfants.

C'est capital. Oui, bien sûr. Et puis surtout, il y a une jolie phrase qui dit : " La plus grande preuve d'amour est d'aider l'autre à devenir ce qu'il est". Donc je m'y emploie fortement. 

Philippe Lavil sera en concert le 6 juillet 2023 à Nuits-Saint-Georges.

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