"La musique, c'est un peu comme mon journal personnel" : Roch Voisine célèbre les 35 ans de son tube "Hélène"
Roch Voisine est auteur, compositeur, interprète, acteur et animateur de télévision. En 1989 sortait sa chanson Hélène, extraite de l'album du même nom, devenue culte et qui a rencontré un succès immédiat. En 2024, il va fêter les 35 ans, d'Hélène, avec deux concerts, le 4 avril au Forest National de Bruxelles et le 6 avril au Zénith de Paris.
franceinfo : Ces deux concerts sont très importants pour vous parce que ça montre finalement ce qui s'est produit il y a 35 ans
Roch Voisine : Oui, c'est un retour en arrière. Quand je suis arrivé en Europe, la première date que j'ai faite, était au Forest National à Bruxelles. Un grand choc culturel. Et ensuite, on avait fait deux concerts au Zénith de Paris et une date à Lyon. C'est tout ce qu'on avait fait. C'était le premier contact avec le public européen et je m'en souviendrai toute ma vie. 35 ans après, on veut justement souligner ces concerts. On est assez excités parce que pour nous, ça va être un grand moment sur scène et pour les gens dans la salle aussi.
La chanson Hélène naît, en réalité, en 1982. C'était un cadeau qu'un ami souhaitait faire à son amoureuse et la chanson ne sortira qu'en mai 1989. Ça va être un raz-de-marée.
Oui. Je me souviens de syntoniser [sélectionner une fréquence en québécois)] les postes à la radio, les uns derrière les autres et d'attraper la fin de la chanson, le début de la chanson. C'était une vraie folie. Ça devait passer 25 fois par jour.
Vous allez être propulsé sur le devant de la scène et surtout dans la lumière. Votre vie, à ce moment-là, bascule à tel point qu'elle ne va presque plus vous appartenir.
On peut dire ça parce qu'à l'époque, je vivais une vie normale d'un étudiant à l'université dans la ville d'Ottawa. Et puis tout d'un coup, ça qui arrive et je me dis : "Je suis assis sur les bancs de l'université depuis quatre ans, donc ce serait bien de faire un break". Je vais voir le directeur de l'école de physiothérapie à l'université et puis je lui demande si je peux arrêter un peu. Il m'a répondu, "Oui, tu peux arrêter deux ans si tu veux, et puis je te reprendrai dans le programme dès que tu reviendras". Et je n'y suis jamais retourné. Ça fait 40 ans ! Tout à coup, on se lance là-dedans et c'est une folie parce que ça arrive très rapidement. On perd tous ses points de repère.
"Le succès d’’Hélène’ a fait que ce n’était plus du tout la même vie, c'était presque un autre univers."
Roch Voisineà franceinfo
Rapidement, cette chanson va résonner en France. Vous allez être numéro un durant neuf semaines consécutives. Beaucoup vont être persuadés qu'Hélène est une vraie personne, en tout cas que c'est quelqu'un qui compte dans votre vie ?
C'est vrai ! Ce n'était pas une ex-copine, c'était la copine d'un copain. Il voulait lui faire un cadeau. Mais c'est toujours un peu dangereux d'aller expliquer une chanson comme ça parce que les gens se la sont appropriés et après, aller leur dire, accoudé sur un évier : "Oui, j'ai fait ça comme ça..." Ce n’est pas terrible, mais l'effet, néanmoins, a été fulgurant. Ma carrière a décollé comme une fusée.
Vous avez fait 22 albums et ce qui est assez fou, c'est que cette chanson est toujours au centre de tout, notamment en France.
"C'est vrai qu’Hélène’ me faisait un peu d'ombre. Dans les dix années qui ont suivi ce succès, c'était assez difficile d'avoir une conversation, d'arriver avec un nouveau truc."
Roch Voisineà franceinfo
On m'a souvent demandé si cela m'énervait. À la limite, ça me faisait plaisir, mais c'était énervant parce qu'il fallait bien que je gagne ma vie avec d’autres choses, sinon j'aurais fait des concerts où j'aurais chanté Hélène 20 fois !
Finalement, vous avez eu plusieurs carrières. Une en France, une au Canada et une dans le reste du monde.
Les carrières sont un peu différentes parce qu'elles n'ont pas commencé de la même façon. Au Canada anglais, j'ai été animateur à la télévision parce que je parlais français et anglais et finalement ils ont appris à me connaître aussi en tant que chanteur parce que j'ai fait ça. Et le Québec a toujours été un peu spécial. Vous savez, si je fais un concert à Vancouver et si je fais un concert à Paris, 90% de la musique n'est pas la même. Au Québec, là où ça devient spécial, c'est qu'ils connaissent autant le matériel anglophone que le matériel francophone. Je ne veux pas dire que je suis un artiste plus complet chez moi, mais j'ai fait beaucoup plus de choses différentes au Québec que j'en ai fait, par exemple, ici ou au Canada anglais.
Quelle place cette musique occupe dans votre vie depuis 40 ans ?
Elle me permet de m'exprimer. C'est un peu comme mon journal personnel donc, c'est merveilleux d'avoir ce véhicule pour parler à tant de gens. C'est extraordinaire de penser qu'il y a des gens qui se déplacent encore pour venir me voir chanter.
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