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"La fièvre", "Nous", "Waf" : la genèse de l'album "Aimée" racontée par Julien Doré

Toute cette semaine, Julien Doré est l’invité exceptionnel du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en huit chansons. Aujourd’hui, les titres : "Waf" et "Nous".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le chanteur Julien Doré dans son ancienne école primaire de Lunel (Hérault), avant la sortie de son album "Aimée", le 28 août 2020 (FRED DUGIT / MAXPPP)

Le chanteur Christophe lui disait : "Prends des virages inattendus. Amuse-toi !" et cet adage accompagne encore aujourd'hui Julien Doré. Cinq albums studio en 14 ans de carrière, des Victoires de la musique, des Prix, des disques d'or, de platine, de diamant et des records de vues. Son dernier album Aimée semble être un bon résumé du lien qui l'unit à son public. En attendant de repartir en tournée, depuis lundi, il retrace son parcours avec des moments clés qui ont façonné sa personnalité d'artiste aussi inclassable qu'inattendue.

franceinfo : En pleine pandémie, le 4 septembre 2020, vous allez sortir un cinquième album. C'est quand même un choix incroyable que d'oser sortir un album à une période où aucun artiste n'en sortait.

Julien Doré : Je vais vous faire une confidence. J'ai tenu à ce que l'album sorte. Au moment du premier confinement, il était déjà mixé, terminé. C'est aussi pendant cette période que j'ai trouvé son nom Aimée, le prénom de ma grand-mère. L'été arrivant, on a lancé ce premier titre, La fièvre, avec un premier clip. L'album devait sortir en novembre et puis j'ai dit "non, ce qui est en train d'approcher, là, c'est le fait que les gens se retrouvent à nouveau chez eux, n'aient pas la possibilité de sortir. On va sortir l'album fini depuis des mois et on va faire ça maintenant."

Alors, évidemment, on me disait que c'était une très mauvaise idée de le faire, et en plus un petit peu à la hâte parce que ce n'était pas prévu. J'ai dit "non, on va le faire. On va le sortir vite, certes, mais on va le sortir en septembre."

J'avais besoin de partager la musique de l’album ‘Aimée’ dans un moment où la culture était en train de s'évaporer de partout. On n'avait plus accès à quoi que ce soit.

Julien Doré

à franceinfo

On ne pouvait pas trouver mon disque dans les magasins ? On le trouverait autrement, on pourrait l'écouter autrement. J'avais besoin de partager Aimée avec les gens qui m'aiment bien et qui m'attendaient, et non pas deux mois plus tard, quand cela aurait été peut-être une meilleure stratégie.

Vous êtes complètement à l'opposé des deux albums précédents avec Aimée. Vous êtes, en terme d'écriture, loin de l'antériorité, de l'état amoureux, de la souffrance sentimentale. C'est vraiment votre visage d'homme que vous nous livrez ?

Oui. À la fois d'homme-enfant et d'homme de sa génération, qui souhaite parler de transmission, s'adresser aussi à une nouvelle génération, chanter aussi dans certaines chansons avec des enfants, parler d'une façon plus simple dans ses chansons.

Avec ‘Aimée’, je confie aussi ma vision un peu burlesque, un peu amusé de ce monde qui m'étonne et qui, parfois, me fait peur aussi.

Julien Doré

à franceinfo

Vous nous offrez une description de votre regard sur le monde et vous avez surtout décidé d'écrire, de composer tous les titres, vous vouliez l'intime et l'universel. Un style plus direct et plus clair avec moins de poésie, mais finalement, vous aviez besoin de ça.

Oui. Quand je suis au piano chez moi et que je me mets à jouer quatre accords et que je chante : "Tout le monde a quelque chose à dire sur mes cheveux ou le climat, bien que les deux aillent vers le pire. Personne ne se battra pour ça". En fait, je me dis c'est à la fois drôle, c'est à la fois vrai, c'est à la fois simple et en même temps, c'est joli. Je n'ai pas honte de ces mots et du coup, la forme poétique se déplace parfois dans des phrases beaucoup plus simples. Ça reste poétique parce que c'est enfantin, il y a quelque chose du cœur et du regard d'enfant qui fait fonctionner ces mots.

Il y a eu La fièvre et surtout Nous, un titre en train de devenir un hymne, toutes générations confondues. Vous attendiez-vous à ça ?

Je savais, l'album terminé, que d'un point de vue musical, cette chanson avait une efficacité dans sa simplicité. Ce refrain est très simple et en même temps, il y a un léger jeu de mots entre la tendresse et le fait d'être entre nous, c'est-à-dire que je dis : "Tant qu'on est tendre nous", au lieu de dire : "Tant qu'on est entre nous". Je trouvais que ce jeu de mots était encore une fois très enfantin, très simple. J'ai conscience quand même que c'est une chanson qui pourra peut-être plaire, mais je n'imagine pas, évidemment, à ce point-là.

Kiki avec Virginie Efira a été un énorme carton. Et puis, il y a le titre Waf, le dernier en date avec un clip complètement déjanté. Vos chiens, Simone et Jean-Marc vous accompagnent. J'ai l'impression qu'ils vous ont permis de revenir à l'essentiel.

Ce qui aide aussi à revenir à l'essentiel, c'est plein de choses très intimes et très personnelles. C'est un combo de choses dont Simone et Jean-Marc font partie bien évidemment.

Dans ce titre, dans ce texte, dans son refrain, il y a tout le soleil dans ‘Waf’ comme un clin d'œil au sud et toute cette liberté.

Julien Doré

à franceinfo

Je dis : "On a fait le tour de Verlaine et de Kafka" et que maintenant, il est grand temps de se servir un verre d'amour et de le remplir à ras bord parce qu'on en a besoin. C'est un peu ça ce que dit cette chanson. C'est une chanson très libre.

Etes-vous heureux aujourd'hui ?

Il est certain que dans la période qu'on vient de traverser, j'ai beaucoup de chance et je le mesure. J'ai une vie encore plus riche qu'il y a quelques mois et cette richesse est faite de liens très importants avec ceux qui m'aiment bien et qui acceptent de continuer de m'écouter et de venir me voir, mais aussi avec ma famille. C'est extrêmement précieux et oui, ça me rend heureux parce que c'est le reflet de ce nouvel album. C'est le reflet aussi, sans doute, de ma façon de vivre la musique dans les mois et j'espère les années à venir. C'est quelque chose d'un peu plus décomplexé et où j'ai à la fois conscience de mon rôle, mais où j'ai juste envie de savourer et de prendre du plaisir, d'essayer d'en donner. Cette mission est déjà intense.

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