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"Je suis passée d'un seul coup de gamine dans la rue à Marilyn Monroe" : Béatrice Dalle se souvient de "37°2 le matin", son premier film

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’actrice Béatrice Dalle pour le moyen-métrage de Gaspar Noé "Lux Aeterna", dont elle partage l’affiche avec Charlotte Gainsbourg.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Béatrice Dalle lors de la présentation de "Lux Aeterna", film de Gaspar Noé, au Festival de Cannes le 19 mai 2019 (FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Dans Lux Aeterna , Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle acceptent de jouer leur propre rôle. La première est une actrice qui joue une sorcière devant la caméra de Béatrice Dalle, réalisatrice. On assiste à un tournage particulier balançant entre les problèmes techniques, le bordel et la folie.

On ne présente plus Béatrice Dalle puisqu’elle fait partie du paysage cinématographique français depuis quelques décennies maintenant. Et elle acquiesce le sourire aux lèvres lorsqu’Elodie Suigo la définit comme "actrice française incontournable" et ajoute avec humour : "Tu aurais dit danseuse au Bolchoï, ça m’aurait plus heurtée mais actrice française, oui".

Lux Aeterna est un film important pour elle puisqu’il aborde des thématiques telles que les femmes, la mort, les croyances, Jésus-Christ.

Ça fait des années que je rêve de travailler avec Gaspar Noé. Mon Dieu je n’ai pas été déçue ! Je veux bien tourner avec lui toute ma vie !

Béatrice Dalle

à franceinfo

C’est aussi une expérience de vérité puisqu’au début du film, on assiste à un échange entre les deux actrices, filmées à leur insu par Gaspar Noé. Dans cette conversation sans fard, Béatrice Dalle se livre à Charlotte Gainsbourg et lui dit : "Je suis gentille, en fait." Celle que l’on connaît bien pour son franc-parler exprime cette facette plus confidentielle et réfute l’adage "trop bon, trop con" tout en restant sur ses gardes : "Ben non, j’aime bien les gens gentils, tu vois. Moi, je respecte les autres, je les aime. Quand je rencontre quelqu’un j’ai envie d’aller vers cette personne et de l’aimer. Maintenant si ça se passe mal, je ne suis pas un cabot non plus tu vois, je vais te niquer ta mère il faut que tu le saches".

Ouais j’aime les gens, je ne suis pas venue sur la Terre pour faire la guerre, bordel quoi !

Béatrice Dalle

à franceinfo

De son enfance dont on sait peu de choses, elle dit : "J’ai eu l’impression d’avoir toujours été adulte". Elle s’est construite toute seule et raconte qu’elle est partie très tôt de chez ses parents, à l’âge de 14 ans. "L'enfance, ça ne représente rien pour moi, et ça continue d’ailleurs. Je ne suis pas une femme maternelle. Je n’aime pas les enfants enfin, je n’aime pas, je n’en veux pas quoi" avoue-t-elle. Elle grandit dans une atmosphère pesante puisqu’elle entend des récits de guerre, de violences racontés par des membres de sa famille dont son père, commando dans les Forces spéciales, et même si ses rapports avec ses parents n’ont pas toujours été sereins, "Je les ai toujours aimés". Avec le recul elle a intégré que "avec le temps, je me dis, ce n’est pas d’excuser, c’est de comprendre".

J’aimais bien être adulte. Moi, ça m’aurait saoûlée de rester gosse, ça m’emmerdait les trucs de gosses.

Béatrice Dalle

à franceinfo

Quand elle quitte Le Mans pour venir vivre à Paris, elle vit dans des squats et en garde un bon souvenir : "C’était cool", et subvient à ses besoins en volant : "Je me servais partout dans les magasins, dans les trucs parce que je n’avais rien".

"37°2 le matin"

Sa carrière démarre avec le film 37°2 le matin réalisé par Jean-Jacques Beineix avec Jean-Hugues Anglade (1986) dont on retient aussi ce duo de piano composé par Gabriel Yared. Ce film tiendra toujours une place particulière dans sa vie : "Forcément je serai toujours infiniment attachée à ce film, à Jean-Jacques, à Jean-Hugues parce que ça a été une autre vie quoi. Je suis passée de gamine dans la rue, à d’un seul coup Marilyn Monroe, c’est dingue !  

Le succès lui a-t-il fait tourner la tête ? À cette question, elle répond en riant mais fermement : "Jamais je crois, moi j’assume tout ce qui m’arrive". Et de son jeu que l’on peut qualifier de très animal, très brut, très juste, très intègre, elle l’assume complètement : "Moi, je porte tout bien !"

Les critiques de cinéma ou de théâtre ont été presque toujours très bonnes et j’ai envie de dire que je le mérite dans le sens où je suis tellement honnête, vraiment.

Béatrice Dalle

à franceinfo

Heureuse d’être désormais considérée comme une égérie du cinéma indépendant, elle conclut par : "Je suis super fière de ça. Tu vois, c’est en ça que l’intégrité paie parce que si je m’étais commise dans des daubes et bien forcément il y a des gens dans tout mon palmarès qui n’auraient pas fait appel à moi ".

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