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"Isabelle Adjani troublante en Diane de Poitiers" : Josée Dayan présente sa nouvelle fresque historique pour France 2

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la réalisatrice Josée Dayan. Les 7 et 14 novembre prochain, elle revient, sur France 2, avec une fresque historique, très ambitieuse, consacrée à Diane de Poitiers avec Isabelle Adjani.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 272 min
Josée Dayan, en 2018, sur le tournage de "Quand sort la recluse", adaptation pour France 2 du roman de Fred Vargas. (SARAH ANDERSEN / MAXPPP)

Josée Dayan est réalisatrice. Déterminée, habitée par son métier, c'est le théâtre qui l'a d'abord attiré, puis la littérature et enfin la télé. Du coup, elle a décidé de marier ses trois passions. Impossible de ne pas citer la série et son succès qui dure depuis de longues années, Capitaine Marleau, adoubée, plébiscitée par les téléspectateurs. 

Les 7 et 14 novembre prochain, elle revient avec une fresque historique, très ambitieuse, consacrée à Diane de Poitiers. Deux épisodes de 90 minutes créés par Didier Decoin.

franceinfo : Diane de Poitiers est une femme qui semble vous avoir totalement séduite.

Josée Dayan : Je n'envisageais pas de ne pas le faire parce que j'avais envie de faire ce projet avec Isabelle Adjani. Et pour un personnage aussi complexe que Diane de Poitiers, à la fois finalement excessivement célèbre et totalement méconnue au niveau de sa réalité historique, et bien, pour moi, qui suis un metteur en scène qui aime tellement les acteurs et les actrices et qui ait vraiment ce désir absolu d'aller au bout des choses avec une actrice qui me fascine, c'est sûr que je voulais absolument faire Diane de Poitiers avec Isabelle Adjani.

Ce qu'on sait de Diane de Poitiers, c'est qu'elle était comtesse de Saint-Vallier, duchesse de Valentinois. Elle est demeurée, pendant plus de 20 ans, la favorite d'Henri II, le roi de France. On manque cruellement de sources, mais ce qu'on sait, c'est qu'elle avait du caractère, qu'elle était influente, qu'elle aimait la poésie. Elle a d'ailleurs défendu des hommes de lettres comme Ronsard et elle aimait l'architecture.

"Diane de Poitiers était intelligente, cultivée. C'était une femme moderne et elle était très belle."

Josée Dayan

à franceinfo

Sa beauté et sa modernité lui ont causé beaucoup d'ennuis parce qu'on l'a accusée de sorcellerie. Elle est morte finalement assez vieille pour l'époque, et elle a gardé pendant toute sa vie sa beauté intacte. Et donc on pensait qu'elle faisait appel à des sortilèges.

Cela dit, on a retrouvé de l'or dans son corps. Car elle buvait de l'or liquide.

Et elle s'est empoisonnée au fur et à mesure. Évidemment, pour conserver sa beauté, on lui avait expliqué qu'il fallait qu'elle boive de l'or potable et d'une certaine manière, c'était un engrenage. Elle en buvait de plus en plus. Donc voilà.

Elle était obsédée par le vieillissement, par le besoin de rester jeune. Quel est votre regard sur le temps qui passe, puisque vous le traitez dans ce film ?

J'aime l'idée d'immortalité. Je trouve que la mort est un scandale. C'est ce que disait Simone de Beauvoir. Il y a des tas de gens qui disent : "Non, la mort fait partie de la vie, etc." Moi j'aime l'idée de l'immortalité et c'est pour ça d'ailleurs que j'aime les très grandes actrices et les très grands acteurs. Je crois qu'après leur passage terrestre, il reste quelque chose d'eux comme de la poudre d'or. Et ça, c'est magique et ça n'appartient qu'à eux.

J'ai l'impression que vous avez toujours eu ce besoin de changer les regards. Vous vous êtes toujours battue pour défendre. Ça vous a toujours habité, même petite fille ?

Pas forcément. Mais oui, je me suis beaucoup battue pour Diane de Poitiers parce que j'avais besoin de faire ce film.

"Je fais tous mes films avec beaucoup de ferveur et d'implication. Mais ce film-là, je l'ai porté comme un premier film. Il y a quelque chose dedans qui m'a bouleversée."

Josée Dayan

à franceinfo

Aujourd'hui, Isabelle Adjani a 67 ans, elle est sensuelle. Il y a une dimension que vous avez apportée à ce personnage et donc à Isabelle Adjani.

Mais Diane de Poitiers est un personnage très sensuel. Elle a exercé sur tous les hommes, en particulier sur Henri II, y compris sur François Ier, une certaine fascination. Et Isabelle Adjani dégage en effet une sensualité dans Diane de Poitiers, mais une sensualité subtile. Il n'y a pas la moindre vulgarité, il y a quelque chose de troublant. Elle est troublante dans Diane de Poitiers.

On parlait du changement, de l'évolution, de la vieillesse. Moi, je voudrais savoir en quoi vous avez le plus changé ? En quoi le regard de la petite fille, qui regardait son père, réalisateur, et cette grand-mère qui tenait cette salle de cinéma à Alger, a le plus changé ?

Rien. Ça a continué. Ça a perduré. Moi, j'aime être fascinée. Alors on va dire que depuis un certain temps, je suis quand même plus sélective. Je suis moins éclatée par rapport à mes désirs passionnels de capter des films, des opéras, etc. Mais j'ai toujours cet appétit et ce désir d'admirer. Moi, il faut que je sois bluffée. Isabelle l'a fait.

France 2 lance la collection des audacieuses, l'êtes-vous ?

Je pense que oui. Je pense que je suis audacieuse. Oui, parce que ce n'était pas simple au départ de récupérer Diane de Poitiers, c'est-à-dire avec tout le casting, les décors, les costumes, etc. Audacieuse ? Oui, parce que je pense que c'est de l'audace de se battre de nos jours pour faire ce type de film. Mais à la fois, je pense que c'est nécessaire et qu'il faut le faire.

Heureuse que le flambeau laissé par votre père soit repris ?

Oui, bien sûr, mais surtout triste qu'il n'ait pas vu tout ça. Il m'a vu juste débuter. Je pense qu'il serait très heureux aujourd'hui.

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