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Guillaume de Tonquédec, à l'affiche de "Plancha" : "Les comédies que j'aime, ce sont celles qui touchent"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien, Guillaume de Tonquédec. Mercredi 26 octobre 2022, il est à l’affiche du film "Plancha" d’Éric Lavaine.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Le comédien Guillaume de Tonquédec lors du Festival de la Fiction à La Rochelle (Charente-Maritime) le 14 septembre 2021 (FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Guillaume de Tonquédec est acteur. Révélé en 2007 grâce à son rôle de Renaud Lepic dans la série télé de France 2 Fais pas ci, fais pas ça, il reçoit en 2013 le César du meilleur acteur dans un second rôle pour le film Le Prénom. Quand on évoque son nom, on pense aussi au théâtre avec pas moins de trois nominations aux Molières.

Ce mercredi 26 octobre 2022, il est à l'affiche du film Plancha, la suite du film Barbecue d’Éric Lavaine, dans lequel nous rencontrions un groupe d'amis réuni autour d'Antoine pour ses 50 ans.

franceinfo : Cette fois-ci, dans Plancha, la bande d'amis se retrouve autour de votre personnage, Yves, dans son manoir familial en Bretagne pour des vacances. Vous êtes content de retrouver Yves ?

Guillaume de Tonquédec : J'ai été très heureux d'autant plus qu'on s'est tellement amusés sur le premier opus qu'on disait toujours à Eric, entre les prises : "Écoute, il faut absolument qu'on fasse une suite". On s'est dit qu'il fallait lui trouver un titre et je lui ai dit : "après Barbecue, ce sera forcément Plancha" et il a tenu parole, huit ans après. L'envie ne s'est jamais perdue, donc je suis très heureux de le retrouver.

L'écriture des personnages est vraiment du sur-mesure. Votre personnage, Yves et pur Breton, est issu d'une famille noble. Vous, vous êtes né Guillaume, Emmanuel, Marie de Quengo de Tonquédec, famille de la noblesse bretonne. Vos ancêtres possédaient le château de Tonquédec. Dans le film, vous possédez un manoir. Comment avez-vous vécu, enfant, cet héritage familial et culturel ?

C'est là que j'ai réalisé le pouvoir d'un nom. C'est-à-dire que, moi, je n'ai pas changé. Mes parents, que j'embrasse, ne m'ont pas élevé dans le culte de la noblesse ou de je ne sais quoi. Pas du tout. C'est une éducation normale et plutôt assez classique, dans le respect des autres et des valeurs de chacun.

Vous étiez quel enfant alors ? Ça ne s'est bien passé à l'école, on a mis du temps à déceler que vous aviez un problème de vue. Ça vous a vraiment complètement déstabilisé, notamment par rapport à la lecture.

Très mal, parce que j'étais timide. J'allais à l'anniversaire de mes amis avec ma maman. Je donnais le cadeau et je repartais avec elle. J'étais du coup le timide au fond de la classe. Je voyais mal. J'ai eu en plus une institutrice qui me soulevait par les oreilles quand je me trompais dans l'orthographe. Du coup, j'ai tout réappris en classe de quatrième, troisième grâce à une prof de français qui a fait venir une prof de théâtre au collège. Et ça a été la révélation.

"En rencontrant le théâtre, l'enfant timide que j’étais s'est révolté, s'est réveillé, s'est épanoui, s'est accompli. Je me suis dit : 'Ce sera ça ma vie, ce sera le théâtre.' Et du coup, j'ai réappris à lire, à écrire et presque à parler."

Guillaume de Tonquédec

à franceinfo

Tout ce que vous avez pu faire jusqu'à aujourd'hui vous a-t-il permis d'avoir un peu plus confiance en vous ? C'est sûr que vous êtes moins timide !

C'est le parcours d'une vie, en fait. Je m'aperçois que je continue à me battre avec ça tous les jours. Même quand je reçois un scénario, c'est à la fois une joie, je vais ouvrir un cadeau de Noël, on me propose quelque chose, et c'est une douleur parce que je sais qu'il va falloir que je le lise. C'est très bizarre à 56 ans, de dire ça. Et pourtant, je le dis, je le revendique parce que ça existe.

Justement, vous avez fêté vos 56 ans il y a quelques jours. Là, on a un regard sur les quinquagénaires, sur le temps qui passe. Quel est votre regard sur ce temps qui passe ?

Les comédies que j'aime bien, ce sont celles qui touchent. Quand le personnage de Lambert Wilson, notamment, à un moment, s'énerve parce qu'on lui dit : "T'es pas en forme, t'es bougon, tu nous emmerdes, qu'est-ce qui se passe ?" Et il répond : "Mais regardez autour de vous, regardez-vous. Moi, ma batterie est quasiment finie. On a encore combien ? Dix Noëls encore en forme ?" Il s'énerve, mais il dit des choses assez justes. Combien de temps va durer la vie en forme ? C'est quoi la vie ? Ça fait allusion au parcours de chacun.

Moi, pour avoir 56 ans maintenant, je ne suis plus dans la phase ascendante de ma vie où je découvrais tout. Je n'avais qu'une impatience, c'était de bouffer des mots, de jouer avec les plus grands metteurs en scène, les plus grands partenaires, etc... Lire et jouer les plus grands auteurs. C'est déjà fait d'une certaine façon et j'espère que ça va continuer évidemment, mais oui, je mesure le temps qui passe, je peux enfin me retourner un petit peu. Alors évidemment, cela crée des émotions, mais ça va plutôt pas mal.

On parle de la famille, évidemment, mais aussi des amis, de l'amitié qui date, qui dure, qui perdure, qui fait du bien. On ne choisit pas sa famille, mais les amis, c'est la famille qu'on choisit. Quel ami êtes-vous ?

J'espère fidèle, bien que je sois assez occupé. Pour moi, un ami, on peut ne pas l'appeler pendant un an, deux ans. Avec les amis qui comptent, on peut se retrouver comme au premier jour quand on s'appelle et se voit. En revanche, c'est vrai que cette fuite en avant dans le travail, de temps en temps, je la mets sur pause, de plus en plus, pour justement passer un moment soit en famille, soit avec mes amis.

"J’ai vécu ma notoriété avec curiosité et délice, pour être honnête."

Guillaume de Tonquédec

à franceinfo

La notoriété m'est arrivé à la quarantaine passée. J'étais un enfant impatient, un acteur impatient, j'avais envie de jouer tout de suite avec les plus grands noms, etc Et heureusement pour moi, ça ne m'est pas arrivé tout de suite. J'ai fait vraiment un chemin par le théâtre, plus de 20 ans avec une, deux ou trois pièces par an. J'ai appris mon métier patiemment. Il faut douter de votre travail et tout le temps le remettre en cause.

Le fameux César, je l'ai eu un vendredi soir et je commençais un tournage le lundi. Je suis arrivé, on m'a applaudi sur le plateau, je me suis dit : ça y est, c'est bon, je suis arrivé, je sais jouer. Le lundi, je me suis ramassé à la première scène et me suis dit : remets-la dans ta culotte et travaille, chéri ! Il faut de l'humilité, franchement c'est un chemin d'humilité.

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