Frédérique Jossinet croit à un titre pour l’équipe de France féminine à l’Euro 2022 de football
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, la directrice du football féminin à la Fédération française de football.
Ancienne judokate, vice-championne olympique dans la catégorie des moins de 48 kg (poids super-léger), deux fois vice-championne du monde en individuel, championne du monde par équipe, trois fois championne d'Europe et quatre fois championne de France, Frédérique Jossinet est depuis 2014 la directrice du football féminin français.
franceinfo : Certaines championnes ont du mal à se reconvertir, ça n'a pas été votre cas. Vous avez vraiment pris le tournant comme il le fallait.
Frédérique Jossinet : Oui et non, parce que c'est toujours compliqué. Mais aujourd'hui, je suis quand même assez fière de ce que j'ai pu déjà accomplir.
En quatre ans, le nombre de licenciées a été multiplié par trois. Être la directrice du football féminin, c'est surtout réussir à faire comprendre qu'il doit avoir autant de place que le football masculin et ce n'est pas une mince affaire.
Non seulement il est à sa place, mais il faut lui en faire parce qu'en France, on a deux millions de licenciés garçons.
On est partis de 50 000 licences de football féminin en 2011 et atteint les 200 000 il y a un an maintenant.
Frédérique Jossinetà franceinfo
C'est sûr que ce n'est pas simple parce qu'il faut rendre accessible la pratique à n'importe quelle petite fille, jeune fille, adolescente, sénior, avec des pratiques diversifiées. Mais pour ça, il faut aussi pouvoir les accueillir dans les meilleures conditions et que les clubs leur réservent un accueil évidemment spécifique surtout au regard de celui qu'ils réservent aux garçons. Après, il y a aussi les jeunes filles qui peuvent jouer en mixité jusqu'à 15, 16 ans pour les meilleures et celles qui sont dans les pôles.
Mais il y a aussi des jeunes joueuses qui ont envie de jouer entre elles. Aujourd'hui, le défi est là aussi parce qu'il faut rendre ça possible. On a encore beaucoup de boulot à faire, même si, en effet, tout le monde a compris que n'importe quelle jeune fille pouvait faire du football et que c'était chouette.
Vous avez occupé des postes dans lesquels vous étiez déjà pilote. Entraîneure nationale de judo, conseillère de la ministre Valérie Fourneyron qui a fait un travail formidable sur cette loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Comment fait-on pour passer de judokate à footballeuse ?
Ça passe par un grand-père qui jouait au Red Star Football Club donc qui a transmis la passion du football. Et puis après, je suis passée en effet par un poste d'entraîneure qui m'a permis de tourner une page, pour moi mais aussi pour ma carrière.
Il y a eu cette formidable expérience au cabinet de Valérie Fourneyron, ministre exceptionnelle, notamment sur le sport féminin et la place des femmes et du sport. On avait fait un constat dramatique : il n'y avait que 7% de sport féminin dans les médias et notamment à la télé, ce n'était pas possible. On a donc organisé tout un plan de communication, de rayonnement en emmenant tout le monde avec nous et surtout le CSA qui a été un appui, un levier formidable pour arriver aujourd'hui sur un pourcentage qui est presque de 20%. On a encore beaucoup de choses à faire, mais ce n'est pas mal.
Lors de vos premiers Jeux olympiques, en 2004 à Athènes, vous affrontez la championne olympique en titre, véritable icône du judo nippon, Ryōko Tani. Vous obtenez la médaille d'argent, la seule obtenue par la délégation française et première de l'équipe de France olympique. C'est un grand moment pour vous ?
Oui. Quand on monte sur le podium et qu'on nous remet la première couronne de lauriers et cette belle médaille olympique, c'est un moment incroyable, exceptionnel. J'ai toujours des frissons quand j'en parle parce que c'est une récompense de tout le travail qu'on a mis en place, mais c'est une récompense pour les équipes d'encadrement, les gens qui croient en nous, la famille bien évidemment, les amis. Et c'est pour ça que j'y tiens particulièrement.
Les médailles de championne du monde, championne d'Europe, je les aime beaucoup, elles sont plutôt dans un carton, mais la seule que je vois tous les jours, c'est cette médaille olympique.
Vous avez reçu votre sixième dan en 2011. Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
J'étais encore athlète. C'est une belle reconnaissance du monde du judo, de sa famille aussi parce que le sixième dan, c'est évidemment le rayonnement de la France à l'international et donc de la Fédération française de judo à l'international à travers ses performances. Mais c'est aussi la reconnaissance de ses pairs. Je pense que c'est surtout qu'à l'époque, je n'en n'avais peut-être pas autant conscience que maintenant et c'est sympa.
Sixième dan signifie qu'on est haut gradé, on change de couleur de ceinture. C'est rouge et blanc, c'est tout un cérémonial. C'est la valorisation de ce qu'on apporte au judo parce qu'on est une référence, on a un rôle de modèle pour les enfants.
Frédérique Jossinetà franceinfo
Directrice du football féminin français aujourd'hui, c'est quoi la suite ?
De se poser, justement, et de donner un nouvel élan au foot féminin. Je pense qu'on a énormément développé la base et structuré le football féminin. Je pense que maintenant, il est temps de s'occuper vraiment du très haut niveau et de l'élite et de faire gagner justement cette équipe de France et qu'elle aille nous chercher un très beau titre notamment l'année prochaine, à l'Euro ! On y croit !
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