"En train d'écrire un nouvel album", Cœur de Pirate célèbre les 15 ans de son premier avec une série de concerts

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 29 avril 2024 : l’auteure, compositrice, interprète et pianiste canadienne, Cœur de Pirate. Elle fête les 15 ans de son premier album avec une série de concerts dès l’automne prochain.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La chanteuse Coeur de Pirate sur scène à Paris le 23 novembre 2021 (DENIS TRASFI / MAXPPP)

Cœur de Pirate est cette artiste, auteure, compositrice, interprète et pianiste canadienne à l'ascension fulgurante. C'est avec son premier album éponyme sorti en 2008 que le public et le monde de la musique l'ont découverte avec des titres devenus les nôtres : Comme des enfants, Pour un infidèle, Ensemble. Aujourd'hui, elle fête les 15 ans de la sortie de cet album aux multiples récompenses.

franceinfo : Votre premier album s'est écoulé à 700000 exemplaires, certifié disque de diamant. Comment avez-vous vécu ces 15 années ?

Cœur de Pirate : Je les ai très bien vécues. J'ai vraiment vécu une communion avec mon public. Je les ai vus grandir. Ça fait extrêmement plaisir de voir qu'il y a des gens qui m'écoutaient quand ils étaient enfants avec leurs parents et maintenant ils sont de jeunes adultes. Et ça fait vraiment quelque chose d'assez grand public dans mes spectacles. Ça me fait plaisir d'avoir cette relation avec lui. Je fais ça pour lui d'une certaine façon.

Le point de départ, c'est l'apprentissage du piano. Vous avez trois ans quand vous démarrez ?

Oui. Je n'ai pas eu vraiment le choix d'apprendre le piano et pour ça, je remercie ma mère qui m'a forcée à en jouer. Mais ça m'a fait du bien.

"J'avais beaucoup d'énergie, j'avais peut-être aussi un petit trouble de l'attention et le piano m'a permis de canaliser ce trop-plein d'énergie."

Cœur de Pirate

à franceinfo

Après, il y a eu l'écriture. Quel était le but ? C'était de raconter ce qui vous touchait, blessait, empêchait ou bien de partager des moments que vous aviez réussi à capturer ?

Au début, c'était pour régler des comptes. Tout simplement, je mettais des chansons tel un rappeur sur MySpace. Au fil du temps, ça a été pour moi une façon d'avoir un exutoire. C'était aussi une forme de thérapie.

Pour marquer cette date d'anniversaire, vous n'avez pas voulu refaire un album et proposer autre chose, vous êtes partie sur une tournée avec des dates exceptionnelles. Au mois d'octobre prochain, vous serez le 9 à Bordeaux, le 10 à Liège, les 12 et 13 au Folies Bergère à Paris, le 15 à Lyon. Il fallait au moins ça, finalement, pour marquer cet album ?

Oui. Le spectacle est un moment unique qu'on vit en communion avec le public. La scène, c'est là où je peux vraiment me montrer comment je suis, sans artifice. Pour moi, c'est très cathartique. De pouvoir le revivre avec les chansons que tout le monde connaît, à l'automne, ça va vraiment être un beau moment à passer.

Il y a les 15 ans de cet album. Vous rappelez-vous de l'endroit où vous étiez ?

Oui. Je m’en souviens. Je faisais les débuts d’une tournée en France. On faisait des kilomètres et des kilomètres, en voiture, pour aller d'un festival à l'autre. Et puis à la radio, j'entendais Comme des enfants toutes les 20 minutes, donc c'était un truc de malade pour moi. Je ne comprenais pas ce qui se passait, j'avais ce sentiment que ça commençait à fonctionner et ce n'était pas mal.

Parlez-nous de Comme des enfants avec le recul puisque vous l'avez créée. Comment est-elle née ? Et comment la voyez-vous aujourd'hui ?

C'est la première chanson que j'ai écrite en français. Il y avait un côté tellement naïf dans le côté créatif qui est magnifique que je n'ai plus aujourd'hui et c'est dommage. Mais à l'époque, je réfléchissais pas du tout en écrivant et je pense que c'est ça que les gens ont apprécié aussi. Cela découlait de ce que j'écoutais comme musique et je l'ai faite en français. C'était un peu inespéré comme chanson et tant mieux.

Et pourtant, le français a été un vrai choix. Vous vouliez vous présenter de cette façon.

Oui. Au Québec, on est quand même une minorité. Le français est quelque chose pour laquelle on doit se battre tous les jours.

"Pour moi, c'était culturellement important de chanter en français. Maintenant, j'ai beaucoup de gens qui viennent me voir et qui me disent : 'J’ai appris le français avec ta musique’ et ça, pour moi, c'est une grande fierté."

Cœur de Pirate

à franceinfo

Vous n'aviez même pas 20 ans quand l'album est sorti et déjà vous abordiez avec énormément de maturité des sujets de la vie, même des histoires de couple. Est-ce que ça signifie qu'il faut avoir mal pour mieux écrire ?

J'ai envie de dire parfois oui, parce que ça fait cinq ans que je suis assez heureuse et ça a été compliqué d'écrire récemment. Mais je m'y remets, j'essaie de puiser ailleurs. Mais pour les chansons d'amour, oui, ça a été compliqué pendant un petit moment. Sinon, je pense qu'il faut savoir se réinventer et savoir puiser dans d'autres choses qui peuvent te marquer en tant qu'artiste. Et c'est ce qu'on essaie de faire tous les jours.

Quelle est la suite ?

La suite ? J'ai des concerts et je suis en train d'écrire un nouvel album et je ne suis plus liée à aucune maison de disques. J'espère donc que ma musique va rejoindre le commun des mortels, ça serait vraiment bien.

C'est aussi ce qui vous définit, c'est le syndrome de liberté, d'indépendance.

Oui, j'ai racheté mon label au Québec, maintenant je suis ma propre patronne. Je suis contente. J'ai un label indépendant et ça me permet de planifier un peu ce que je veux faire par la suite.

Il y avait déjà une fragilité solide dans ce disque, vous racontiez tellement de choses. Cette fragilité, vous l'avez consolidée, mais est-ce que, par moments, vous vous autorisez à être fragile ?

Absolument. Je me mets dans des situations où je peux aussi être très vulnérable au niveau de l'écriture, au niveau de la musique, mais aussi dans mes choix artistiques. C'est important de le faire.

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