Cœur de pirate revient avec un sixième album, "Impossible à aimer" : "Je suis vraiment en paix aujourd’hui"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’autrice, compositrice et interprète québécoise, Cœur de Pirate. Elle sort son sixième album, "Impossible à aimer".
Cœur de pirate est autrice, compositrice interprète et pianiste québécoise. La France l'a adoptée dès la sortie de son premier album éponyme. Son single Comme des enfants est la deuxième chanson francophone à avoir atteint la première place du classement des singles vendus au Canada, en 2010. Aujourd'hui, Cœur de pirate revient avec un nouvel album, Impossible à aimer.
franceinfo : Impossible à aimer, ça veut dire quoi ?
Cœur de pirate : C'est une réflexion que je me suis faite pendant longtemps parce que le traitement médiatique à mon sujet, c'était souvent : "Cœur de pirate, après des années tumultueuses, retrouve l'amour" ou des trucs comme ça. Et puis, j'ai commencé à croire que j'étais peut-être "impossible à aimer" et j'ai fait un genre de plongeon dans mes ruptures et déceptions amoureuses pour me rendre compte que finalement, ça allait.
Plus le temps avance et plus vos chansons sont directes, moins imagées, moins métaphoriques. Vous acceptez finalement de laisser tomber l'armure. Ça a été long ?
Oui. J’étais un peu cash avant, notamment dans mon deuxième album Blonde, où vraiment j'avais un côté un petit peu plus direct. Mais je pense que j'avais besoin de dire certaines choses sur cet album. Parfois, ça peut sembler un peu violent, mais c'était nécessaire pour passer à autre chose.
"Il y a une certaine qualité à être très cash dans la vie même si ça peut froisser par moments."
Cœur de pirateà franceinfo
Il y a une vraie lumière au bout du tunnel dans cet album, c'est une ode à l'amour éternel ?
Oui. Il y a une chanson qui s'appelle On s'aimera toujours, une chanson qui parle du sentiment amoureux quand on rencontre une personne qui t'accepte pour la personne que tu es. C'est la conclusion de l'album.
Est-ce que tout va bien aujourd'hui ? On avait été très inquiets pour vous quand vous avez eu cette opération de la voix. Ça vous a, d'ailleurs, donné envie de faire un album instrumental pour montrer que vous étiez là et que vous vous croyez en un avenir vraiment positif.
Ce genre d'opération, c'est assez bénin pour quelqu'un qui n'est pas chanteur ou journaliste à la radio parce que c'est vraiment une opération d'une journée. Après, il y a un peu de récupération. Il y a un mois de silence et un mois d'orthophonie à faire. Pour une personne qui chante dans la vie, évidemment, ça faisait un peu flipper parce que si je ne guérissais pas bien, ma voix pourrait être changée à jamais. J'ai quand même bien guéri même si ça a été une période un peu difficile.
Vous avez eu peur ?
Oui, quand même. Je pense que j'ai eu un petit choc au moment du diagnostic. Je me suis dit, Mon Dieu, j'ai tellement pris ma voix pour un acquis en fait… Que je ne le ferai plus jamais.
Ça représente quoi la musique pour vous ? Elle vous accompagne depuis votre enfance avec cette maman à vos côtés et ce piano qui est entré dans votre vie d'un seul coup.
"Je ne sais pas ce qui serait arrivé si je n'avais pas eu la musique dans ma vie."
Cœur de pirateà franceinfo
Je pense que la musique est tout, c’est une forme de thérapie aussi. Je me trouve excessivement chanceuse de pouvoir faire ce métier et de pouvoir exprimer mes plus profondes pensées en musique.
Et l'écriture alors ? On entend une vraie évolution dans celle-ci.
Peut-être que c'est l'âge, je vieillis ! L'écriture est vraiment une forme de thérapie. Après, ça aide aussi les autres, c'est pour ça que je continue à le faire. Si personne n'écoutait mes chansons, je pense que je ne les montrerais pas, je les ferais juste pour moi.
Que représente cet album dans tout ce parcours ?
C'est une grosse réalisation pour moi parce que pendant longtemps, je pensais que les gens n'aimaient pas du tout, même dans ma vie personnelle. Et finalement, d'avoir écrit ces chansons, je me suis rendu compte que peut-être, c'était moi qui cherchais des choses inatteignables parce que j'avais peur de quelque chose de sain. C'est peut-être ça que j'ai recherché dans ma carrière, au fil des ans, donc, je suis vraiment en paix aujourd'hui.
Avec des petits bouts de chou autour de vous, c'est important ! C'est aussi ce qui change l'écriture, les responsabilités et les envies ?
Ma fille n'est pas du tout intéressée par ce que je fais maintenant, parce qu'elle a ses propres goûts donc elle s'en fout ! Evidemment, mon écriture ne change pas, mais j'espère que la perception de ma fille ou de mon enfant à venir va être bonne.
Ça veut dire que vous prenez plus de temps pour vous aussi, pour apprécier des choses, pour vous poser ?
Honnêtement, je n'ai pas vu grandir ma fille et j'ai réalisé ça avec la pandémie quand tout s'est arrêté. J'ai passé beaucoup de temps avec elle et ça m'a fait un bien fou. On a vraiment renoué de plein de façons et je me suis sentie extrêmement coupable de ne pas avoir été là à certains moments de sa vie. Maintenant, je vais essayer de planifier plus en conséquence.
Pour terminer, quel regard avez-vous sur ce parcours déjà accompli ?
C'est fou, ce qui m'est arrivé. Parfois, je fais le bilan de tout ce qui s'est passé dans les 13 dernières années et c'est juste incroyable. Oui, évidemment, il y a du travail dans tout ça, mais je suis chanceuse d'avoir eu des gens qui m'écoutent, d'avoir été là au bon moment, au bon endroit, clairement, mais le public y est pour beaucoup !
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