Bob Geldof : "La célébrité en soi, c’est vide"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’auteur-compositeur-interprète, comédien et militant politique irlandais Bob Geldof pour le nouvel album de son groupe punk The Boomtown Rats : "Citizens of Boomtown".
Pour expliquer ce nouvel album Citizens of Boomtown après 36 ans de silence, Bob Geldof, homme engagé qui vit avec son temps et l'apprécie, justifie ce retour par "un son très important pour moi. Il y a un bruit que j’entends dans ma tête. On vit une période vraiment extraordinaire et les Boomtown Rats ont commencé à une autre époque, de destruction économique et politique".
On a toujours dit en Irlande d’être calmes et silencieux, d’accepter les choses. Et on a refusé d’accepter ou d’être silencieux. Donc on a fait du bruit, on a réussi à changer la musique et avec Band Aid et Live Aid on a aidé à changer le monde un petit peu.
Bob Geldofà franceinfo
Sa sensibilité, sa bienveillance se révèlent notamment à la suite d’un voyage en Afrique bouleversant, où il observe l’extrême pauvreté des Africains. Pour leur venir en aide, en 1984 il créé Band Aid (groupe réunissant de nombreuses stars britanniques et irlandaises comme Bono, George Michael, Simon Le Bon de Duran Duran etc…).
Je réagis. Je suis allé en Afrique. C’est horrible. Et je vois quelque chose qui met mes soucis personnels pathétiques en gigantesque perspective. Donc tout ce que je peux faire c’est écrire des chansons.
Bob Geldofà franceinfo
Sort le single Do They Know It’s Christmas ? Ce titre, contre toute attente, est un véritable succès, numéro 1 pendant plus de 5 semaines, depuis vendu à 8 millions d’exemplaires.
Bob Geldof se souvient du moment où Harry Belafonte, chanteur, acteur et militant des droits civiques américain, l’appelle : "Ça sonne et c’est Harry Belafonte au téléphone, le merveilleux marxiste, le premier homme noir à la télévision nationale" et à ses côtés, Michael Jackson qui lui explique qu’il est en train d’écrire une chanson avec Lionel Richie (et Stevie Wonder) pour aider les Éthiopiens touchés par une grande famine: "On aimerait que tu viennes ici". Il les rejoint aux Etats-Unis et "on fait We are the world".
Fort de ce second succès ("on a les deux plus gros vendeurs de disques de l’histoire"), Bob Geldof a envie d’aller plus loin et se dit : "Si on met ses deux chansons ensemble et qu’on fait un événement télévisé, on peut parler au monde entier, pas seulement l’Europe, pas seulement l’Amérique. Et ça a été le début de l’idée du Live Aid". Ces concerts rapporteront des centaines de millions de dollars, "ce qui est extraordinaire".
"Je n’ai pas grandi en fait"
Rien ne prédestinait Bob Geldof à parcourir le monde. Il raconte à Elodie Suigo son histoire avec une maman qui décède soudainement alors qu’il n’a que 7 ans : "Je n’ai pas grandi immédiatement, le problème c’est que je n’ai jamais grandi en fait" et un père qui parcourt la campagne irlandaise pour vendre des serviettes : "Mon père quittait la maison le lundi et puis revenait le vendredi donc il n’y avait personne à la maison".
Personne ne me faisait faire mes devoirs donc je ne faisais rien. Je lisais des livres de la bibliothèque et j’écoutais du rock & roll sur Radio Luxembourg, la seule radio rock et c’était vraiment le moment parfait pour le rock & roll, 1963-64.
Bob Geldofà franceinfo
The Boomtown Rats créé en 1975 le met sur le devant de la scène avec Rat Trap ou encore I don’t like Mondays. Une exposition dont il s’est servi comme medium pour s’occuper des autres, de ceux qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas : "La célébrité en soi c’est vide. Ce n’est pas ça que je voulais. J’ai l’impression d’être débile dans une limousine. Je déteste les tapis rouges. C’est embarrassant je trouve".
Je voulais la reconnaissance et être connu parce que la première interview que j’ai fait dans ma vie, j’ai dit : je peux utiliser la plateforme de la célébrité pour parler des choses qui m’intéressent.
Bob Geldofà franceinfo
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