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"Attention Desproges !" : Patrice Carmouze monte sur scène pour rendre hommage à l'humoriste

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le journaliste et acteur Patrice Carmouze.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Patrice Carmouze à Paris (France) le 7 septembre 2016 (VINCENT ISORE/IP3 / MAXPPP)

Patrice Carmouze est journaliste et animateur radio-télé. Quand on évoque son nom, inévitablement le public pense à ses nombreuses démonstrations souvent défaillantes dans l'émission Coucou, c'est nous ! aux côtés de Christophe Dechavanne. Il vient de signer le spectacle Attention Desproges ! écrit à partir des textes de ce dernier et qu'il interprète sur la scène du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu'au 28 novembre.

franceinfo : C'est d'abord une déclaration d'amour à l'homme, à l'humour aussi, souvent provocateur et parfois borderline.

Patrice Carmouze : Oui, tout à fait. D'ailleurs, quand on dit Desproges, on se dit toujours : pourrait-il encore dire aujourd'hui, ce qu'il disait hier ? C'est toujours la question que tout le monde se pose. C'est vrai que dans ce spectacle, on s'interroge un peu : qu'est-ce que c'est que l'humour ? En quoi ça consiste ? Jusqu'où peut-on aller ? Y a-t-il des limites ? Jusqu'où peut-on se moquer ? Et puis, peut-être qu'on découvre un Desproges finalement assez profond, très littéraire.

Desproges est indissociable du Tribunal des flagrants délires, il était le procureur des Chroniques de la haine ordinaire. C'était un ovni ?

Absolument. Lui-même le dit aux spectateurs la première fois qu'il monte sur scène : "Je ne sais pas si vous vous emmerdez, mais moi je m'emmerde". En gros, qu'est-ce que je fais là ? Il n'aimait pas les mots "humoriste" ou "comique", il trouvait que cela faisait prétentieux. Il se sentait un peu mal à l'aise tout en disant : "Après tout, je gagne dix fois plus en un quart d'heure que ce que je gagnais en un mois en tant que journaliste à L'Aurore".

On se demande souvent s'il pourrait dire aujourd'hui ce qu'il disait hier. Pensez-vous que oui ?

Je pense que oui si on essaie de savoir ce qu'est l'humour.

Souvent on détourne l’humour parce qu'on le tire vers l'opinion, vers l'idéologie. Il faut faire attention à ça.

Patrice Carmouze

à franceinfo

Justement, le procès des attentats du 13-Novembre a débuté. Il disait cette phrase incroyable : "Peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec n'importe qui". À travers ce spectacle, on se rend compte à quel point l'humour peut être détourné par des idéologies et parfois entraîner la haine et parfois même la mort. Que représente l'humour pour vous ?

Ça représente une sorte de soupape. Je ne veux pas citer Desproges ou m'abriter derrière lui, mais il dit : "On est obligé de rire de tout parce qu'on est obligé de se moquer des choses les plus terribles. Est-ce que la mort ne se moque pas de nous ? Est-ce que le cancer, la maladie ne se moquent pas de nous ?" Il en parlait beaucoup. "Est-ce que la vie n'est pas absurde au fond ?" Dans ce cas-là, pour la supporter, pour essayer de la rendre vivable, oui, je crois qu'il faut de la distance, du rire, de l'humour.

Je me souviens du lendemain du 13-Novembre. Un jour où on n'a pas du tout envie de rire. On est désespéré, on a envie de pleurer. Mais la vie fait que les choses reprennent et qu'à un moment, il faut surmonter tout cela.

Patrice Carmouze

à franceinfo

Vous avez commencé en tant que journaliste, rédacteur en chef au Quotidien de Paris avec Philippe Tesson. Vous avez vraiment été découvert par les téléspectateurs pour la première fois sur TF1 aux côtés de Christophe Dechavanne. Cette émission a été un tremplin pour vous ?

J'ai vraiment fait ça pour m'amuser. J'avais aucune envie de faire de la télévision ni aucune idée d'en faire. Moi, mon truc, c'était d'écrire au fond et j'ai fait ça sans me rendre compte d'ailleurs de la portée que ça pouvait avoir. C'est-à-dire que ça m'a construit, en effet, une image de maladroit, etc. J'ai fait de la télé pour me marrer. Je n'avais même pas perçu la force de l'image que ça pouvait avoir.

Vous avez fait une licence de lettres et une maîtrise de droit. Vous avez passé votre enfance à Limoges. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce métier de journaliste qui était vraiment le point de départ ?

Moi, je voulais être avocat d'assises. J'allais voir beaucoup de procès, ça me plaisait beaucoup. Et puis, le journalisme m'a passionné parce que je lisais et j'aimais beaucoup le style, l'écriture dans le journalisme. Il y avait aussi le théâtre qui, bizarrement, m'intéressait. J'étais dans une famille bourgeoise de province et on me disait : "Non, monter sur scène, ça ne se fait pas. Faire de la mise en scène, écrire, peut-être, pourquoi pas". J'en ai fait un petit peu quand j'étais lycéen mais bon, c'était toujours : "Passe ton Bac d'abord, puis passe la licence et puis on verra après".

On parle rarement de votre famille. Pourquoi ?

Je ne sais pas. J'avais une famille assez politique au fond. Ma mère a eu des responsabilités au cabinet de Françoise Giroud, elle s'est beaucoup battue pour le féminisme, notamment.

Qu'est-ce que vous ont apporté à vos parents ?

Un certain nombre de valeurs. Je suis d'une nature extrêmement timide. J'ai beaucoup de mal à me confier d'ailleurs.

C'est vrai que le fait de se montrer en public, de faire de la radio et de la télévision, ça m'a un peu soigné de mon extrême timidité, ça m'a permis d'être plus à l'aise avec moi-même.

Patrice Carmouze

à franceinfo

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Un regard amusé parce que je n'étais pas du tout parti pour ça. Je n'étais pas un "intello", mais quelqu'un de l'écrit, de la réflexion et j'ai fait un métier qui était à cent lieues de cela, dans l'amusement. Mais au fond, est-ce que les gens sérieux nous ont beaucoup servi ?

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