Arnaud Tsamere se glisse dans le costume de Cyrano de Bergerac : "C'est sans doute le plus gros projet de ma carrière"
Humoriste et comédien, ses participations à l'émission "On ne demande qu'à en rire" sur France 2 entre 2010 et 2014 ont valu à Arnaud Tsamere d'être adopté dans les règles de l'art du sketch par le public français. À défaut de suivre les traces de son père, ancien général de division dans l'armée de l'air, il a décidé de prendre son envol autrement, en montant sur scène. Au départ rongé par le trac, il était muet. Aujourd'hui, il reprend sa voix justement pour répondre présent à une promesse faite à son père, celle de jouer Cyrano de Bergerac sur scène. Ça se passe, depuis mardi 17 septembre, au Théâtre Montparnasse dans une mise en scène orchestrée par Alain Sachs.
franceinfo : Ça représente quoi d'incarner ce personnage si fort ?
Arnaud Tsamere : Ça représente beaucoup de choses. Un rêve, un honneur, énormément de plaisir, de jubilation. Là, je suis entouré de comédiens et de comédiennes qui sont des Rolls au théâtre.
Ils disent la même chose de vous.
C'est gentil ! C'est un plaisir. Il y a donc tous ces mots qui vont dans le fait d'incarner Cyrano. Mais je crois que rêve et honneur sont les deux plus gros mots qu'on peut retenir.
C'est étonnant d'ailleurs, parce que quand on lit un certain nombre de choses sur vous, il y a toujours ce mot 'absurde' qui vous colle à la peau. Est-ce que là, c'est une belle façon aussi pour vous de montrer ce que vous êtes capable de faire ?
"J'adore me fixer des objectifs. Relever le défi de jouer 'Cyrano de Bergerac', de bien le jouer, de montrer à tout le monde que je suis capable de le faire et que j'en ai les épaules, c'est quelque chose que j'ai en moi."
Arnaud Tsamereà franceinfo
Je suis un petit peu sportif dans l'âme, enfin je le suis complètement même, compétiteur, etc.,
C'est un beau conte de fées parce que vous revenez de très loin. Vous avez traversé une période extrêmement difficile. Vous avez fait de ce qui vous avait perturbé, affecté, anéanti une force, un spectacle. N'est-ce pas un beau message d'espoir sur le fait qu'il ne faut jamais oublier ses rêves, continuer à avancer ?
Les malheurs que j'ai vécus sont très universels. Je ne prétends pas avoir vécu un truc plus triste que beaucoup d'autres, mais en tout cas, oui, le deuil, c'est toujours très douloureux. Le deuil sentimental, le deuil parental. Quand j'ai traversé ces périodes-là, je me levais tous les matins en essayant de bien faire les choses, en gardant toujours espoir en l'avenir. Et quand Jérémy Ferrari m'a mis en tête de faire un spectacle sur ce sujet, j'y ai mis tout mon cœur. Et la vie m'a "récompensé" en donnant déjà un beau succès à ce one man show, et par la suite, en m'apportant d'autres projets dont Cyrano, la tournée du trio, etc. Oui, cela aurait été dommage d'arrêter en 2019 comme j'en avais l'intention. Mais s'il y a un message à faire passer, c'est celui de bien faire les choses le jour J et de garder confiance.
On dit que les personnes disparaissent définitivement le jour où on arrête de penser à eux. Votre père est au-dessus de vous, vous lui aviez fait une promesse et vous allez jusqu'au bout du bout avec cette incarnation.
Oui, je ne sais pas très bien. Je ne sais pas ce que signifie le mot 'deuil', de faire son deuil parce que je ne comprends pas à quel moment la pensée s'arrête, à quel moment la tristesse s'efface. Ce qui est certain, c'est que pendant ce projet, il sera très présent. Et tant mieux d'ailleurs ! Si faire le deuil, c'est de ne plus y penser, non, je n'ai pas trop envie de faire le deuil de mon père. On peut y penser de manière aussi joyeuse.
Que vous apporte l'humour ? À la base, il y avait le droit. On imagine peut-être que l'ombre du papa derrière faisait qu'il fallait faire des études. Mais rapidement, vous avez été happé par la scène.
"Ce que m'apporte l'humour ? C'est de pouvoir vivre de ce que je préfère faire dans la vie, c'est-à-dire rire et faire rire les autres."
Arnaud Tsamereà franceinfo
Oui, à un moment donné, on ne peut pas aller contre nature. On m'a souvent dit : "Oh, quel courage d'avoir quitté les études !" À l'époque, j'étais même en CDI, j'étais dans la vie active. Et en fait, je n'ai pas vu beaucoup de courage là-dedans. C'était quelque chose d’irrépressible, c'était quelque chose contre laquelle je ne pouvais plus lutter. Et puis j'ai commencé dans une compagnie Théâtre, à Déclic Théâtre avec Alain Degois, dit Papy, avec Jamel Debbouze, avec Sophia Aram, avec Alban Ivanov... On vient tous de cette compagnie d'improvisation des Yvelines. Et ce que m'apporte l'humour, c'est de pouvoir vivre de ce que je préfère faire dans la vie, c'est-à-dire rire et faire rire les autres. C'est quand même merveilleux de pouvoir être payé par Jérémy Ferrari pour faire ça puisque je lui prends son argent régulièrement !
Que représente cette pièce ?
Aujourd'hui, c'est sans doute le plus gros projet de ma carrière et c'est avec cette idée-là que je travaille et qu'avec la troupe, on construit sous les ordres tellement doux et bienveillants d'Alain Sachs. J'ai lu à droite, à gauche dans des commentaires sur les réseaux : "Mais, c'est quoi ? C'est une parodie de Cyrano ?" Parce que je suis humoriste, on se demande si ça va être... Non, non, c'est un Cyrano classique dans les règles de l'art et qui sera magnifique. Vraiment, j'en ai la conviction.
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