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Alain Chamfort : "Je n'ai pas trop de regrets, j'ai pu faire ce que j'avais envie de faire"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, c’est l’auteur, compositeur et chanteur, Alain Chamfort qui remonte le fil de ses 50 ans de carrière avec cinq de ses chansons.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Alain Chamfort sur la scène des Francofolies de La Rochelle (Charente-Maritime) le 13 juillet 2019 (GUILLAUME GEORGES / MAXPPP)

Alain Chamfort, auteur, compositeur et chanteur passe cette semaine, avec nous, dans Le monde d'Elodie pour revenir sur les moments marquants de sa carrière à travers cinq de ses chansons incontournables. Depuis ses débuts dans les années 60 avec Jacques Dutronc, Alain Chamfort fait partie du paysage musical français. Il traverse les modes avec constance et est considéré comme une icône pop avec des touches mélancoliques. Plus de cinq décennies que ses mots, sa voix, son écriture, ses compositions nous accompagnent.

Depuis peu, 17 de ses plus grands titres ont été réarrangés par Nobuyuki Nakajima, avec 51 musiciens de l'Orchestre national de Montpellier-Occitanie et réunis dans un album : Symphonique dandy. Dans ce cinquième et dernier épisode, la chanson Les salamandres.

franceinfo : C’est le dernier épisode aujourd'hui, de cette semaine passée ensemble pour revivre les moments incontournables de votre carrière avec cinq de vos chansons. Vous êtes actuellement en tournée avec ce dernier album : Symphonique dandy. Vous vous sentez comment avec ce mot : dandy ?

Alain Chamfort : Je l'assume maintenant. Ça fait plaisir. Ce qu'il ne faut pas, c'est que ça cache autre chose. Ce sont des raccourcis qui évitent de parler de choses plus importantes, plus intéressantes, c'est un peu une paresse journalistique, c'est facile, comme ça : l'élégant, le dandy, allons-y ! Mais, je pense que le public est moins dupe de ça. Il écoute les chansons autrement et ce qui est important, c'est ce qui s'y trouve, ce quelque chose qui lui parle, qui l'émeut ou le concerne, c'est surtout pour ça que je fais ce métier.

En 2010, un album a fait couler beaucoup d'encre, mais dans le bon sens du terme, c'est Une vie Saint-Laurent consacré au couturier Yves Saint-Laurent, écrit par Pierre-Dominique Burgaud. C'est un album qui a mis en exergue aussi l'importance qu'occupait l'élégance dans votre travail. Le fait d'être rigoureux, le fait d'être précis aussi.

Oui. En plus, c'était une manière un peu différente d'aborder un enregistrement, l'écriture de chansons puisqu'on partait sur une thématique qui était la vie de quelqu'un. Donc, chaque chanson était une étape de la vie d'Yves Saint-Laurent. J'étais le narrateur. Ce garçon était totalement inventif, il a influencé beaucoup de choses notamment dans la vie sociétale, il a accompagné, d’une certaine manière, la libération de la femme. Avec Pierre-Dominique Burgaud, on a été, effectivement, de découverte en découverte, on a eu l'occasion de rencontrer Pierre Bergé, d'accéder aux archives et à beaucoup d'éléments pour comprendre un peu sa difficulté d'être et en même temps, sa force de travail incroyable. C'était très nourrissant pour nous.

Vous avez sorti en 2018 l'album Le désordre des choses, mais j'ai l'impression que votre chambre a toujours été très bien rangée, que les choses se sont faites au fil du temps, qu'il y a une vraie cohérence.

C'est vrai, mais tout ça s'est fait par étapes, par des rencontres, parce que quand Jacques Duvall décide d'arrêter d'écrire, je me trouve orphelin. J'avais eu l'occasion de rencontrer Pierre-Dominique Burgaud à l'époque sur ces histoires de Saint-Laurent et je découvre quelqu'un qui a un talent fou. Il a apporté quelque chose en plus en allant un peu creuser dans la chair, c'est-à-dire de ne pas rester sur une posture, ce qui était un peu le cas avec Jacques Duvall.

On était un peu en position comme ça de retrait, d'un peu de cynisme, alors qu'avec Pierre-Dominique Burgaud, on affronte vraiment les choses, on les prend de manière beaucoup plus frontale et je trouve ça correspond vraiment au besoin que je ressentais, moi, arrivé à l'âge que j'ai aujourd'hui et d'être en phase, en harmonie avec ce que je produisais et ce que j'étais en tant qu'homme. C'est agréable de sentir à la fin que vous y trouvez une cohérence.

Parlons-en de ce côté homme. Serge Gainsbourg vous idéalisait comme un homme ayant beaucoup de facilité avec les femmes, ça a toujours été son opinion. Vous avez toujours été pourtant très discret. Quelle place occupe cette féminité dans votre vie parce que vous avez fait un album qui s'appelait Elle et lui et chaque chanson était consacrée à une interprétation par une femme différente.

"J'ai eu des compagnes, des mamans et j'ai eu la chance d'avoir cinq enfants. Ma vie a été entourée de femmes et elle l'est toujours."

Alain Chamfort

à franceinfo

Oui. Les femmes ont été importantes dans ma vie, bien sûr, à commencer par ma mère, qui était un personnage central. J'ai une sœur. Moi-même, j'ai un aspect féminin que je revendique, que je ne combats pas et qui très souvent a laissé penser aux gens que j'étais homosexuel. Je n'ai rien fait pour démentir parce que finalement, ça ne me gênait pas en sachant que profondément, je ne le suis pas.

Pour terminer, je vais vous laisser choisir une chanson de votre album : Symphonique dandy et m'expliquer pourquoi cette chanson.

J'aime beaucoup : Les salamandres. C'est une manière de se mettre un peu à l'écart des choses, les observer en imaginant que c'est bien aussi de temps en temps de se mettre à l'écart et de regarder avec un air un peu apaisé les turbulences qu'il y a autour de vous.

Ça veut dire que vous avez quel regard sur votre parcours, sur cette carrière ?

"J'ai encore des choses à raconter et l'énergie pour écrire des chansons et c'est ça qui me tient."

Alain Chamfort

à franceinfo

Je suis assez content. Finalement, je n'ai pas trop de regrets parce que j'ai pu faire ce que j'avais envie de faire. Je suis un peu étonné aussi parce que j'ai une nature un peu indolente. Je ne suis pas un battant, quelqu'un qui est armé, je n'ai pas la volonté de dominer le monde et de faire partie des puissants. Et d'avoir encore une place et d'être encore là, je suis assez satisfait finalement. J'ai encore des choses à raconter et l'énergie pour écrire des chansons et c'est ça qui me tient.

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