"Adulte jamais" en version augmentée : un 14e album pour Marc Lavoine
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le chanteur, parolier, acteur, Marc Lavoine. Il sort vendredi 25 novembre son 14e album, une réédition augmentée du précédent, "Adulte jamais". Il part aussi en tournée et sera à l’affiche du film "Le petit piaf" de Gérard Jugnot le 21 décembre.
Marc Lavoine est chanteur, parolier, acteur. La musique d'abord, avec deux titres qui l'ont propulsé sur le devant de la scène et dans le cœur des Français et des Françaises aussi., qui ont basculé avec lui au travers de ses chansons comme Pour une biguine avec toi ou encore Elle a les yeux revolver en 1985.
Marc Lavoine sera à l'affiche du film Le petit piaf de Gérard Jugnot le 21 décembre 2022, mais avant cela, il sort vendredi 25 novembre une réédition augmentée de son précédent album, Adulte jamais.
franceinfo : Vous êtes auteur et parolier. L'écriture a débuté quand vous étiez ado.
Marc Lavoine : Oui, à 14 ans. Mes parents me disaient beaucoup de poésie, j'étais vraiment heureux, mais en même temps, je n'étais pas très bien. Et quand je partais à l'école, je n'étais vraiment pas bien, je n'étais pas à ma place. Et c'est un professeur de lettres, que je fréquente toujours, qui m'a dit : "Tu peux construire ta vie autour des mots". Il m'a donc emmené au théâtre, voir des films, il m'a prêté des livres. J'ai passé une année extraordinaire. Trois ans plus tard, j'ai tourné mon premier Pause café, et je n'ai jamais arrêté d'écrire et de jouer.
Du coup, les mots ont aussi donné, effectivement, naissance au cinéma. L'enfer de Claude Chabrol (1994), Le Cœur des hommes de Marc Esposito en 2003... Aujourd'hui sort la réédition augmentée de votre 13ᵉ album en solo, Adulte Jamais. Je voudrais qu'on parle de La fin d'une histoire. Il y a une histoire qui débute d'un côté, une autre qui s'arrête, ça s'entremêle ?
Mon idée était de partager cette chanson parce qu'elle ne me suffisait pas seule. Il manquait quelque chose. La voix féminine, dans tout le travail que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui, est très importante parce qu'elle élargit beaucoup le discours, elle le rend universel. Et surtout, il n'y a pas de mépris, pas de ressentiment, pas de revanche. Je trouve que c'est bien que l'homme et la femme soient au centre du jeu. Et surtout, la femme, c'est l'éducation que j'ai reçu mes parents et surtout de Chabrol qui mettait au centre du jeu la femme qui nous prolonge, nous attend et nous met au monde. C'est important pour moi de chanter avec des femmes différentes, qui résument un peu le sens de mon existence.
Vous parliez de votre maman. Que gardez-vous d'elle ?
J'étais l'enfant de ma maman, oui. Elle m'a refusé au départ, comme je le dis dans mon livre, L'homme qui ment (Fayard éditions). Tous les jours, elle est avec moi, je l'aime beaucoup. J'aimerais même parfois qu'elle vienne une journée, pas une journée extraordinaire, mais juste la journée normale.
"Une maman, c'est le centre du monde et quand elle s'en va, vous n'avez plus d'équilibre et il faut essayer de reconstruire tout ça et de la laisser partir. Quand on a la chance d'avoir une maman qui vous aime, c'est très fort."
Marc Lavoineà franceinfo
Il y a aussi un clin d'œil à votre père, de ce qu'il vous a laissé, vous a transmis. Il était syndicaliste, engagé, militant. Il vous a toujours dit justement qu'il ne fallait jamais oublier la mémoire des mots.
La génération de nos parents a vécu la Seconde Guerre mondiale. Même s'ils étaient mômes, ils étaient assez grands pour comprendre ce qui se passait autour d'eux quand le fascisme prenait le dessus. Ensuite la guerre d'Algérie et puis les mouvements sociaux. J'ai vécu tout ça avec eux. Et puis la culture, la poésie de Neruda, c'est une poésie qui parle de la vie, celle de Lorca pareil, ce sont des gens qui s'engagent. On parle de "tuer son père", je ne suis pas d'accord, je préfère vivre avec son image que de la tuer parce que je n'ai pas envie de courir plus vite que lui.
Dans Adulte jamais, je dis des petites choses sur mon professeur, sur la République, sur la banlieue, sur lui et sur ma mère aussi, parce qu'elle vendait l'humain et qu'elle était humaniste. Et puis c'était une femme qui faisait tout le boulot. C'était donc très important de dire à ma mère et à mon père, à qui je n'ai jamais rien reproché, je suis heureux avec vous parce que vous me dites : "Je t'aime" avec vos défauts, vos espérances, vos espoirs. C'était bien.
C'est une réédition et c'est aussi une tournée avec notamment le Palais des Congrès le 2 décembre. Monter sur scène, c'est encore une autre dimension. C'est la prolongation des mots ?
Il faut évoluer. Je regarde ce qui se passe, ce dont je me souviens et j'essaie d'imaginer. Quand on lit un livre, il n'y a pas d'images. Il y a votre voix à l'intérieur qui imagine les choses, la voix de l'auteur. Donc là, j'ai décidé de tout mettre en lumière, de mettre de la luminosité. C'est ce qui m'intéressait.
"J'aimerais bien présenter un spectacle avec la musique bien sûr, mais que la lumière soit le seul élément qui puisse donner aux gens une possibilité d'imaginer."
Marc Lavoineà franceinfo
Ce 14ᵉ album comporte donc quatre chansons supplémentaires. Il y a Virginie Ledoyen qui chante avec vous, des textes de Jérôme Commandeur. La chanson Tout ce qui s'écroule est vraiment sublime. Elle scelle quelque chose dans votre parcours de chanteur.
Oui, elle réunit beaucoup de choses que j'aime. C'est le cas de toutes les chansons, dans La vie sauve, il y a le cinéma avec des références à On achève bien les chevaux de Sidney Pollack (1969) ou encore Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman (1975). Il y a des films qui sont marquants et qui réunissent beaucoup de gens, le septième art est quand même extraordinaire.
C'est comme pour Je roule avec un cœur d'occasion, je voulais mélanger l'automobile avec une sorte de Terminator. Une automobile à qui, il ne reste qu'un peu de la coque, le volant et le moteur. Le moteur continue de tourner. J'aimais bien faire des couples avec une idée comme le cinéma, les films et puis cette chose qui nous arrive, qui nous rend fou, d'être lâché dans cette jungle avec des fauves, seul, sans amis, sans famille. C'est compliqué. Cette situation me plaisait et j'aime bien essayer de trouver des petits films.
Marc Lavoine sera en concert, le 2 décembre 2022 à Paris, le 9 à Tours, le 10 à Nantes, le 14 à Marseille, le 16 à Grenoble, le 17 à Nice etc…
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