Urgences, prise en charge, hospitalo-centrisme : ce qu'il faut retenir de l'interview du président de la Fédération hospitalière de France

La Fédération hospitalière a publié lundi un baromètre de l'activité hospitalière qui se focalise sur les effets du confinement. Son président, Arnaud Robinet, était l'invité de franceinfo.
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Arnaud Robinet était l'invité de franceinfo le 18 mars 2024. (FRANCEINFO)

L'année 2023 marque un retour des activités hospitalières à un niveau équivalent à celui de 2019 mais les conséquences de la pandémie de Covid-19 ont fortement détérioré la prise en charge médicale des Français, selon un baromètre de la Fédération hospitalière de France, publié lundi 18 mars. Ainsi, "3,2 millions de séjours à l'hôpital ont été reportés ou annulés entre 2019 et 2023", indique sur franceinfo Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France.

Déprogrammations et renoncements

La première cause des reports et annulations sont les déprogrammations. "Je rappelle que l'hôpital public a accueilli plus de 85 % des patients hospitalisés pour Covid. On a dû déprogrammer à travers les plans blancs", explique Arnaud Robinet. La deuxième cause est un non-recours aux soins chez les plus de 45 ans : "Un Français sur deux a retardé un rendez-vous chez le médecin ou une consultation à l'hôpital et six Français sur dix ont renoncé aux soins durant les cinq dernières années, ce qui est quand même assez inquiétant", souligne-t-il. Il pointe notamment un manque de personnel mais le renoncement aux soins s'explique également par une "surcharge d'activité dans le service concerné", "des raisons financières" et des "disparités territoriales", les distances pour aller se soigner étant parfois trop importantes.

Quatre malades chroniques sur dix partagent le constat que leur prise en charge a été détériorée depuis 2019. Les conséquences pour les patients peuvent être très graves, notamment "des cancers qui n'ont pas été diagnostiqués et donc des charges pour le système de santé publique dans les années à venir", affirme Arnaud Robinet. "Bien évidemment, en termes de santé publique, c'est très, très inquiétant." Les greffes sont également en recul de 7% par rapport à 2020.

Les urgences comme voie de recours

Le baromètre de la FHF s'appuie sur un sondage d’opinion réalisé par Ipsos centré sur l’accès et le renoncement aux soins. Le temps d'attente pour obtenir un rendez-vous chez son médecin généraliste et spécialiste a presque doublé en cinq ans : "C'est la conséquence d'une démographie médicale qui est en grande difficulté et sur beaucoup de territoires, il y a beaucoup de disparités", estime Arnaud Robinet. Il faut par exemple attendre entre trois et six mois pour un rendez-vous pour une consultation pour un mélanome : "En termes de prévention, en termes de prise en charge, les conséquences peuvent être dramatiques pour le patient", explique-t-il.

Quand il n'a pas de rendez-vous chez un spécialiste, le patient se tourne vers les urgences, qui accueillent 19 millions de Français chaque année. Parmi eux, 30 % peuvent être pris en charge par la médecine de ville. 54 % des Français disent d'ailleurs s'être déjà rendus dans un service d'urgence "en ayant conscience que ce n'était pas une urgence", selon le baromètre.

Pas d'"hospitalo-centrisme"

Le président de la Fédération hospitalière de France interpelle les pouvoirs publics. Il demande au gouvernement "une loi de programmation avec des objectifs bien définis sur le moyen et le long terme". Par ailleurs, Arnaud Robinet ne veut pas de "l'hospitalo-centrisme". "Nous voulons une meilleure coordination avec l'hôpital, avec la médecine de ville", explique-t-il.

Dans le projet des finances de la Sécurité sociale 2024, 600 millions d'euros d'économie sont demandés à l'hôpital. "J'alerte, je dis stop ! Nous ne pourrons pas tenir", affirme Arnaud Robinet, dénonçant "des investissements qui ne se feront pas" et des "conséquences sur les ressources humaines". "La santé doit être une priorité", martèle-t-il.

La bonne nouvelle reste la reprise de l'activité hospitalière. 74 % des établissements prévoient des réouvertures de lits en 2024. "C'est un frémissement. C'est pour ça que nous disons au gouvernement de ne pas casser cette dynamique avec des mesures d'économies pour l'hôpital public", conclut-il.

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