Maltraitance des personnes handicapées : les contrôles des 9 300 établissements médico-sociaux seront "surtout inopinés", assure la ministre
Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées a annoncé lundi 25 mars sur franceinfo "un grand plan de contrôle de tous les 9 300 établissements qui accueillent des personnes en situation de handicap" qui comprendra "surtout des contrôles inopinés". En lançant une vague de contrôles dans les établissements médico-sociaux, la ministre souhaite vérifier si les "recommandations de la Haute Autorité de santé sont appliquées et bien respectées", en matière "d'hygiène" et de "sécurité", notamment.
La ministre a dévoilé sur franceinfo son plan contre les violences sur les personnes vulnérables. Il comporte notamment un renforcement des contrôles des structures d'accueil. Il s'étale sur trois ans et reprend une partie des propositions faites par les associations lors des "États généraux de la maltraitance" qui se sont tenus en 2023, à la suite du scandale des Ehpad Orpea.
50 000 postes non pourvus
Le magazine "Zone Interdite" de M6 a diffusé dimanche une enquête, "Scandales et défaillance de l’État : les dossiers noirs du handicap", pointant la maltraitance subie par les personnes en situation de handicap. Fadila Khattabi a jugé "extrêmement choquant" le reportage de la chaîne M6 sur les défaillances dans la prise en charge du handicap. "Je comprends tout à fait la douleur et la colère des familles et des parents", a-t-elle réagi.
"On le sait, qu'il y a de la maltraitance dans les établissements. Pour autant, faisons attention à ne pas jeter l'anathème sur l'ensemble d'un secteur. Il y a des personnes qui sont engagées, dévouées, investies et qui travaillent auprès des personnes en situation de vulnérabilité."
Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapéesà franceinfo
La question de la maltraitance dans les établissements médico-sociaux est "du fait aussi de grosses problématiques de recrutement", explique la ministre, "c'est un secteur qui est en tension", a-t-elle précisé. Selon Nexem, l'organisation professionnelle représentant les employeurs du secteur social, médico-social et sanitaire privé à but non-lucratif, 50 000 postes dans le secteur ne sont pas pourvus sur 850 000 au total.
Par ailleurs, 150 000 salariés du secteur médico-social partiront à la retraite en 2025. Pour répondre à ce défi, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, travaille, avec Catherine Vautrin, la ministre du Travail, à "promouvoir ces métiers du lien social qui sont indispensables pour accompagner les personnes en situation de vulnérabilité", a-t-elle assuré. Mais les bas salaires pratiqués dans le secteur n'attirent pas beaucoup les candidats. La ministre espère que les négociations autour de la convention collective vont "aboutir". Selon elle, "le but est de revaloriser notamment les bas salaires".
Face à la maltraitance contre les personnes vulnérables, Fadila Khattabi loue la réactivité des Agences Régional de Santé. "Dès qu'il y a des signalements, des alertes, l'Agence régionale de santé se rend immédiatement" dans les établissements concernés, assure-t-elle.
Les Instituts médicaux éducatif saturés
Dans le reportage de M6, une journaliste, se faisant passer pour une étudiante sans aucune compétence sur le handicap, est embauchée en tant qu'Accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) sans formation au préalable : "Je le dénonce. C'est absolument scandaleux. La formation, normalement, est obligatoire", a-t-elle réagi. Fadila Khattabi assure qu'elle "en fera part" dès lundi à la ministre de l'Éducation Nicole Belloubet.
Emmanuel Macron a lancé un grand plan de rattrapage, appelé les "50 000 solutions" à hauteur de 1,5 milliard, "pour essayer de répondre aux besoins des familles", rappelle la ministre. Les familles de personnes en situation de handicap sont confrontées au manque de place dans les structures. Les Instituts médicaux éducatif qui accueillent normalement des enfants sont totalement saturés. "La priorité des priorités, c'est de faire sortir les 10 000 adultes qui sont dans les IME" par manque de place ailleurs.
Fadila Khattabi souhaite également développer "un travail collaboratif entre l'Éducation nationale et le secteur du médico-social" pour "faire en sorte que les IME intègrent également l'école de la République". Par ailleurs, la ministre lance une mission de l'Inspection générale des affaires sociales et de la santé (Igas) qui sera chargée de vérifier "si l'orientation des enfants dans les IME est pertinente". Selon elle, il y a "des enfants qui pourraient intégrer directement l'école de la République et ne pas être en IME".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.