Quelle facture d'énergie pour la rentrée ?
C'est un sujet très politique. La moindre décision sur les prix de l'énergie est un signal envoyé à l'opinion publique et aux différentes sensibilités composant la majorité, écologistes au premier chef.
Si l'on en croît le Journal du Dimanche, il semblerait que Matignon et le ministère de l'Ecologie aient décidé d'une nouvelle règle de fixation des prix qui serait inscrite dans le projet de loi de finance 2016, et qui ferait donc l'objet d'un débat au Parlement, histoire d'éviter les polémiques et, surtout, d'aboutir à une décision souveraine.
Sur quoi reposerait le nouveau mode de calcul ?
Ce qui est en jeu c'est la CSPE, la Contribution au Service Publique de l'Energie, la taxe prélevée sur nos factures d'électricité qui sert subventionner énergies renouvelables et les tarifs sociaux des plus modestes.
Cette CSPE coûte chaque année aux français pas moins de 6 milliards d'euros et augmente tous les ans d'environ 2 et demi%, en plus des augmentations traditionnelles de des tarifs de l'électricité.
L'objectif est d'étaler cette taxe pour qu'elle soit moins douloureuse pour le consommateur.
Donc de l'élargir à d'autres énergies que la seule électricité…
C'est ce que prévoit le projet à l'étude. A partir de là, deux hypothèses.
Première piste : le gouvernement transfère l'ensemble de la taxe sur le gaz, ce qui permettrait de faire baisser le prix de l'électricité de 4%, mais aux dépens des ménages qui se chauffent uniquement au gaz (environ 10 millions de foyers, contre 7 millions qui recourent à l'électricité).
Deuxième piste : répartir la CSPE entre l'électricité, le gaz et les carburants pour lisser son impact financier. Dans tous les cas, les perdants seraient les consommateurs de gaz et les automobilistes.
Quand cette réforme pourrait intervenir ?
Pour l'instant, rien n'est acté. Cette information ressemble fort à ce que l'on appelle un "ballon d'essai" lâché en plein cœur de l'été pour tester les réactions. Cela donne un avant-goût de ce qui nous attend dans les prochains mois.
Mais ce sujet des prix de l'énergie n'appelle-t-il pas une réforme plus profonde qu'une simple péréquation fiscale ?
Financer les énergies renouvelables et aider les foyers les plus modestes, certes... dès lors, tout le monde ne devrait-il pas être mis à contribution ?
Pourquoi, par exemple, ne pas revoir certains acquis sociaux comme les tarifs ultra préférentiels dont bénéficient quelque 300.000 salariés et retraités d'EDF ou Engie, anciennement GDF-Suez ?
Toutes ces questions ne peuvent que ressurgir lors du débat parlementaire, si celui-ci a bien lieu...
Pour le gouvernement, cela serait l'occasion d'avancer sur un terrain miné, de faire passer la pilule, mais avec l'onction de la représentation nationale.
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