PME : les chefs d'entreprise ont le blues

Les chefs d’entreprise se sentent pris en tenaille et souffrent d'un sentiment de déclassement, c’est ce que révèle une étude de la CPME, l’organisation patronale qui représente les petites et moyennes entreprises.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Selon une étude de la CPME, 47% des artisans et petits patrons, ont pour préoccupation la diminution de leur chiffre d’affaires en cette fin 2023. (photo d'illustration) (VINCENT ISORE / MAXPPP)

D'après une étude de la CPME (Confédération des PME), les chefs d’entreprise n’ont pas le moral car l’activité baisse. Ils enregistrent moins de commandes et se démènent pour essayer d’avoir ou même de garder des contrats.

Pour 47% des artisans et petits patrons, cette diminution de leur chiffre d’affaires est aujourd’hui leur principale préoccupation, alors qu’il y a encore quelques mois, leur premier souci était de trouver de la main d’œuvre. Les temps ont changé : presque un chef d’entreprise sur deux s’attend aujourd’hui à une forte chute de son activité l’an prochain 

Les charges montent, les marges baissent

Les raisons sont multiples. Tout d’abord, le ralentissement de la croissance mondiale pèse sur l'économie, avec la récession en Allemagne, la baisse d'activité en Chine, c'est un environnement international qui se tend. Ensuite, les coûts de production restent très élevés, parce que les prix de l’énergie sont hauts. Les salaires aussi ont augmenté, notamment le Smic, et creusent les comptes. Et les chefs d’entreprises ont le sentiment d’être pris en tenaille, parce que de l’autre côté, avec l’inflation, les clients leur demandent de baisser leurs prix et donc de revoir leurs marges.

Enfin, ils ont plus de mal qu’avant à obtenir des financements des banques. Les trois quarts des patrons interrogés disent que les conditions d’accès au crédit se sont durcies. Après le quoi qu’il en coûte, ils sont d’ailleurs tenus aujourd’hui de rembourser les prêts...

Un malaise plus profond

Pourtant l’État continue à les soutenir, même si c'est moins qu’avant. Les patrons ont le sentiment que le gouvernement les lâche au fil de l’eau. Il est vrai que, comme il a besoin d’argent, l’exécutif a durci les conditions d'octroi du chômage partiel, étalé la baisse des impôts de production sur plusieurs années, augmenté cet été le coût des charges qui pèsent sur les ruptures conventionnelles etc. Pour retrouver le moral, il faudrait que les affaires repartent. Mais il n'est pas sûr que ça suffise car, ce qui apparaît aussi en filigrane, c’est que le malaise est profond.

Aujourd’hui, les chefs d’entreprise souffrent d’un sentiment de déclassement. Un peu comme les professeurs, ils ont l’impression de ne plus être respectés, de ne plus avoir d’autorité. Par exemple, s’ils font une remarque à un salarié, ils craignent l’arrêt maladie. Beaucoup aussi se plaignent de ne plus faire leur cœur de métier, d’être acculés à remplir de la paperasse pour les normes sociales ou environnementales. Le gouvernement leur promet un grand chantier de simplification, mais ils n'y croient qu’à moitié car à les entendre, cette promesse a déjà été faite, sans que cela ne change vraiment.

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