L’Italie est-elle sur la voie de la reprise économique ?
J’entends déjà le choeur des sceptiques: "Quoi, l’Italie, avec sa dette démentielle, son instabilité, son affairisme… vous n’allez quand même pas nous en faire un modèle ?" .
Et bien ça se discute, figurez-vous, parce que l’Italie peut se targuer de vivre en ce moment une sérieuse embellie.
Jugez plutôt : pour la première fois depuis le début de la crise des dettes souveraines, en 2007, la croissance du produit intérieur brut est sur un rythme annuel de 1,5%. En 2015, le PIB italien devrait dépasser les 1%, soit 0,3% de plus que prévu. L’indice de consommation est au plus haut depuis 13 ans, celui de la confiance des entrepreneurs a retrouvé son niveau de 2007, et cerise sur le gâteau, la confiance des marché envers l’Italie est elle aussi revenue, avec des taux d’intérêts d’emprunts à six mois, négatifs. Quel chemin parcouru pour la troisième économie de la zone euro, la voilà qui referme enfin une longue période de crise, de récession et de tumultes politiques.
Y a t'il eu un "effet Renzi" sur l'économie italienne ?
Celui qu’on présente, parfois un peu abusivement, comme le frère politique de Manuel Valls (ne serait-ce que parce qu’il a beaucoup plus de pouvoir que le premier ministre français), Matteo Renzi peut s’enorgueillir d’un parcours presque sans faute. Il ne s’est pas privé d’affirmer ces jours-ci, sourire aux lèvres, " L’Italie n’est plus un problème ". Paradoxe inouï : quel autre dirigeant européen pourrait-il ainsi afficher une telle réussite ? Le président du conseil italien a fait adopter une profonde réforme du marché du travail ...tiens, ça nous dit quelque chose à nous français !
Plus fort encore, il a réussi une autre réforme délicate, celle de l’instruction publique. Enfin, il est en passe de réussir un coup de maître en transformant le système politique italien: le Sénat devrait quasiment disparaître, et avec lui l’instabilité politique chronique que l’Italie connaît depuis des années.
Renzi est là pour durer, ses frondeurs ont rendu les armes, et la droite post Berlusconienne est encore en morceaux. Bref, au bout de deux ans et demi seulement de pouvoir, bravo l’artiste, le bilan est déjà reluisant, j’allais même dire, inespéré.
Des réformes volontaristes
Bien sûr, il reste des chiffres qui doivent tempérer l’enthousiasme: le poids du chômage, le fardeau de la dette, la situation toujours préoccupante du Mezzogiorno... Mais Matteo Renzi a fait bouger en profondeur l’Italie, à force d’habileté, d’agilité politique, mais aussi en annonçant la couleur et en commençant d’emblée par les réformes les plus dures, les plus polémiques, comme celle du marché du travail, qui a mis une bonne partie de la gauche dans la rue.
Renzi a affronté ses frondeurs, clarifié sa doctrine, mis des mots sur les problèmes du pays et annoncé pendant la campagne électorale qu’il ferait "une réforme par mois " . Il en reste encore beaucoup, comme celle du fisc notamment, mais qu’il est bon de voir un jeune dirigeant européen à qui ces derniers temps, tout semble réussir.
L’Italie ferait presque figure de modèle, et ça, ce n’est même pas une fiction !
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