Cet article date de plus de dix ans.

Les jeunes sans qualification trouvent du travail à l'étranger

Une idée qui vient d'un Allemand, Peter Hartz, à l'origine des lois qui ont révolutionné le marché du travail et sorti l'Allemagne de la crise il y a plus de dix ans.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est une idée effectivement très originale. Il y a 25 millions de chômeurs en Europe, et parmi eux, près de 5 million et demi de jeunes de moins de 25 ans. C’est par exemple, un jeune sur 2 en Espagne, dans le sud de l’Italie ou encore en Grèce. C’est un jeune sur 5 en France. Une bonne partie d’entre eux a été éjectée du système scolaire qui ne sait plus que faire d’eux : en France, c’est 160 000 jeunes chaque année qui se retrouvent ainsi livrés à eux-mêmes , sans aucune formation. C’est considérable. Ni l’Europe, ni aucun des pays de l’Union n’ont encore trouvé de solution pour s’occuper d’eux.

Un plan pour ces jeunes au chômage 

Peter Hartz, un Allemand, ancien DRH de Volkswagen, à l’origine des fameuses lois Hartz qui portent son nom pourrait, lui, avoir trouvé une solution. Peter Hartz, c'est l'artisan des réformes, reprises par le chancelier Schroder, qui ont révolutionné le marché du travail et sorti l’Allemagne de la crise il y a plus maintenant de 10 ans. Hartz est à Paris ces jours-ci pour continuer à défendre son idée : la voici. Vous connaissez Erasmus, c’est sans doute la plus grande idée de l’Europe, qui a profité déjà à trois millions de jeunes Européens depuis 1987, et qui offre, par un système de bourses, la possibilité à des étudiants de l’Union d’aller compléter leur cursus dans un des pays de l’Union, un programme plébiscité, qui a même donné à un film mythique, L’auberge espagnole . Et bien l’idée de Hartz, c’est de faire à peu près la même chose mais avec ces millions de jeunes sans qualification.

Une nouvelle mobilité européenne 

Précisément, on va les envoyer à l'étranger. Principalement d’ailleurs dans les pays du Nord de l’Europe, qui, pour des raisons démographiques vont manquer massivement de bras dans les années qui viennent et ces pays comme l’Allemagne, ont, eux, un système de formation ou d’apprentissage, extrêmement performant, très connecté, avec des dizaines de milliers d’entreprises qui jouent le jeu. Hartz veut inventer une nouvelle mobilité européenne pour cette jeunesse abandonnée en lui donnant un projet, une expérience, j’allais dire une aventure, une formation, un premier job. Un premier bagage en tout cas qui change tout. Et bien évidemment, avec la possibilité de revenir ensuite dans leur pays d’origine.

Un plan financé par un fonds public mutualisé ? 

Dans le plan Hartz, chacun de ces jeunes disposerait d'un capital potentiel pour ce projet de 50.000 euros pour trois ans, destiné, entre autre à indemniser l’entreprise - dans un autre pays que le leur - qui prendrait en charge l’apprentissage ou la formation de ce jeune. Et ces 50.000 euros seraient des "titres de formation"  financés par un fonds publics mutualisé : en gros il faudrait trouver entre 50 et 100 milliards, sur 10 ans, pour viser entre 1 et 2 millions de "titres de formation transfrontalière". Vu l’enjeu, ça ne paraît pas impossible. L’Europe a les moyens de le faire, à commencer par les pays du Nord, qui devraient contribuer davantage, étant les premiers bénéficiaires de cet  "Erasmus géant de l’apprentissage". Hartz a vu plusieurs ministres et le nouveau président de la Commission européenne. Si l’Europe veut se faire mieux aimer – et elle en a besoin – elle a sur la table un projet, que pour ma part, je trouve assez formidable.

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