Le décryptage éco. Vers un assouplissement du cumul emploi-retraite
Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, dit vouloir assouplir le cumul emploi-retraite, ce dispositif qui permet de toucher sa pension de retraite tout en travaillant. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Vers un assouplissement du cumul emploi-retraite. C'est la volonté du Haut- commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Aujourd’hui, ce système du cumul emploi-retraite est restrictif. Si vous avez une activité alors que vous êtes à la retraite, certes vous avez un revenu qui vient en complément de votre pension, mais cela ne vous offre pas des droits supplémentaires. Par exemple, cela ne bonifie pas votre pension alors même que vous payez des cotisations vieillesse. C’est très encadré. Il y a par exemple des plafonds de revenus qui s’appliquent. Vous ne pouvez pas dépasser un certain niveau global sans quoi votre retraite sera réduite ou même suspendue. Ces plafonds sont différents selon votre statut : salarié, indépendant, commerçant. Mais, au final, ce n’est pas incitatif.
Le cumul emploi-retraite, un système peu utilisé
Selon le ministère du Travail, il y a seulement entre 5% et 6% de retraités, qui ont entre 60 et 69 ans, qui le font et les statistiques montrent que cette proportion est restée stable ces cinq dernières années. D’où l’idée de Jean-Paul Delevoye de changer les règles à l’occasion de la réforme des retraites et de la mise en place d’un régime par points. Tout en gardant l’âge légal à 62 ans, il dit vouloir faire en sorte que quand vous travaillez en étant retraité, vous puissiez avoir une bonification, obtenir des points supplémentaires, des avantages en plus
Il y a toutefois des exceptions aujourd'hui. Par exemple Jacques Toubon : Le Canard enchaîné a révélé il y a quelques semaines qu’il gagnait plus de 30 000 euros par mois. Parce que l’ancien député cumulait son salaire de Défenseur des droits (plus de 15 000 euros) avec ses diverses pensions liées à ses anciennes fonctions. Cette rémunération a choqué jusqu’au sein du gouvernement. D’où l’idée de mieux encadrer ce cumul. En mettant en place un seuil pour les hauts fonctionnaires et les personnes qui sont à la tête des autorités administratives. Parce que la situation de Jacques Toubon est une exception : il peut cumuler de cette façon parce qu’il participe "aux activités juridictionnelles ou assimilées, ou à des instances consultatives ou délibératives". Mais, il n’y a que très peu de hauts fonctionnaires dans ce cas. Il y a aussi par exemple le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius. Pour les autres, le cumul emploi-retraite est interdit au-delà d’un seuil global de 65 000 euros environ par an.
Necessité d'un changement culturel
En France, ce n’est pas encore entré dans les mœurs : soit on est à la retraite, soit on travaille, mais le panachage des deux est encore peu envisagé. Les entreprises ne le proposent pas beaucoup. D’ailleurs, souvent elles le font quand elles sont obligées, faute de trouver les compétences. Alors que d’autres pays comme ceux du nord ont mis en place des organisations du travail plus souples.
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