Le décryptage éco. Véolia veut 100% de Suez et lance une offre agressive d'achat
Véolia met presque 8 milliards d’euros sur la table pour acheter les 70 % du capital de Suez qui lui manquent et confirme son intention d’absorber Suez. Mais l'affaire n'est pas encore dans le sac. Le décryptage éco de fanny Guinochet.
Cette fois, plus question de proposition "amicale". À l’issue d’un conseil d’administration hier soir, Véolia qui possède donc déjà 30 % de Suez depuis l’an dernier, a fait une offre formelle, agressive, pour reprendre le reste, et avoir 100 % du groupe.
Antoine Frérot veut un super champion
Confirmation donc, pour les rares qui en doutaient encore, qu’Antoine Frérot le PDG de Véolia entend bien avaler son concurrent. Et tant pis si depuis des mois, Suez tente comme il peut de se défendre, et d’échapper à cette fusion
L’objectif d’Antoine Frérot est de réunir ces deux compagnies nées au XIXe siècle pour créer un géant français de la gestion de l’eau et des déchets, un super champion, une marque unique qui pèserait plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires et réunirait 260 000 salariés sur les cinq continents.
Vendredi 5 février Antoine Frérot a rencontré Bertrand Camus, le PDG de Suez pour tenter une dernière fois de le convaincre de faire alliance, sans succès. Véolia a donc décidé de passer à la vitesse supérieure
Suez entend ne rien céder
Le groupe a normalement un mois pour répondre, mais il a réagi dès dimanche soir : la proposition de Véolia est irrégulière, illégale… déloyale aussi ! La rapidité de la réaction comme les mots employés en disent long sur la détermination de Suez à ne rien céder. Mais a-t-il vraiment les moyens de refuser ? Suez n’est pas en meilleure forme, fragilisé par des problèmes internes. Ses actionnaires renonceront-ils à presque 8 milliards d’euros ?
Quant à Véolia, avec son offre hostile en pleine pandémie, il prend le risque de braquer encore un peu plus les salariés et syndicats de Suez contre cette fusion, le risque aussi d’agacer le gouvernement français, qui a plusieurs fois demandé que ce dossier trouve une issue amicale.
Bruno Le Maire annonce saisir l'Autorité des marchés financiers
Jusqu'à présent le gouvernement a gardé ses distances mais lundi 8 janvier le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a déclaré sur Europe 1 que : "cette offre n'est pas amicale et cela contrevient aux engagements qui ont été pris à plusieurs reprises par Veolia. Elle pose aussi des questions de transparence. Pourquoi est-ce que, subitement, cette offre a été déposée ? Donc nous allons saisir l'Autorité des marchés financiers." Bruno Le Maire s'est posé en défenseur de l'emploi car une fusion rime souvent avec casse sociale. Il y a aussi la question juridique, la justice ordonne en référé à Véolia de suspendre le lancement de son offre.
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