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Le décryptage éco. Les entreprises auront bientôt l’obligation de publier les salaires médians

Le gouvernement veut obliger les entreprises à publier le salaire médian. Le but : permettre aux Français de connaître les écarts entre les dirigeants et les autres employés. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Feuille de salaire (illustration). (MAXPPP)

C’est discuté en ce moment à l’Assemblée nationale : les entreprises auront bientôt l’obligation de publier les salaires médians. Il ne s’agit pas de publier l’ensemble des fiches de paie : il n'y aura pas moyen de savoir combien gagne son voisin de bureau, et tout restera anonyme. Mais l’idée du gouvernement est d’obliger les entreprises à publier le salaire médian pour permettre aux Français de connaître les écarts de traitement entre les dirigeants et les autres employés dans les entreprises, "au nom de la justice et de l’équité" explique Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, qui porte la loi Pacte dans laquelle figure la disposition. Selon lui, une publication obligatoire aurait un effet régulateur sur la grille des salaires : cela éviterait les excès de rémunération. 

Un indicateur plus pertinent que la moyenne

Pourquoi choisir le salaire médian ? Pour avoir une meilleure vision de la distribution des rémunérations et pour mieux mesurer les disparités entre le salaire le plus élevé et le plus bas. La médiane, c’est ce qui permet de départager en deux groupes équivalents. Il y aurait les 50% qui sont au-dessus de ce salaire et les 50% en dessous. C’est plus parlant que de connaître la moyenne des salaires qui n’est pas un indicateur pertinent. Le gouvernement avait d'ailleurs seulement prévu d’inscrire la moyenne dans la loi, mais l’ONG Oxfam, dont la déléguée générale est Cécile Duflot, était montée au créneau en dénonçant "une coquille vide".

D’où cet amendement sur le salaire médian. Sachant que pour Oxfam, c'est encore très insuffisant. L’ONG milite pour des comparaisons possibles en instaurant plus de tranches, ce qui permettrait d'avoir plus de précisions sur la répartition des salaires. Selon les calculs de l’ONG, il y a urgence à agir, car entre 2009 et 2016, l’écart entre la rémunération moyenne des entreprises françaises et celle des dirigeants du CAC40 est passé de 96 à 119. Et ça ne cesse d’augmenter.

Un mouvement de fond vers la transparence

Toutes les entreprises ne vont pas être soumises à cette mesure. La loi prévoit que ce soit uniquement les entreprises cotées en Bourse dont le siège est en France, soit environ 780 entreprises. Si la disposition est adoptée, ce serait une première en France qui s’inscrit dans un mouvement de fond. Dans le privé, la loi Sapin 2 a contraint les assemblées générales des actionnaires à voter désormais la rémunération des grands patrons. Et dans le public, depuis 2012, les salaires des dirigeants sont limités à 20 fois la rémunération la plus basse 

Certains à 
gauche mais aussi au sein de la majorité, trouvent que la France ne va pas assez loin et qu’il faudrait suivre les positions d’Oxfam. 76 députés ont signé un appel en ce sens. Est-ce que la mesure tiendra jusqu'au vote de la loi, sachant qu’on n'en est qu’au début du parcours législatif de la loi Pacte ? Rien n'est moins sûr car le patronat va faire du lobbying. Et puis la droite n’y est pas forcément favorable. En même temps, l’opinion publique pousse pour plus de transparence.  Ce type d’obligation existe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

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