Le décryptage éco. Les cheminots de la SNCF durcissent le ton face à Macron
La contestation sociale contre les ordonnances s’amplifie. Ce Jeudi 21 septembre, les cheminots seront en grève. Et ils devraient être encore plus nombreux que le 12 septembre. Le décryptage de Fanny Guinochet (L'Opinion).
Les agents publics de la SNCF ne pas concernés par les ordonnances qui toucheront les salariés du privé mais ils participeront, comme la semaine dernière, à la journée d’action de la CGT et de Sud. Mais jeudi, nouveauté, il y aura en plus le deuxième syndicat de la SNCF, l’Unsa ferroviaire. Plutôt modéré, ce syndicat réformiste se jette plus rarement dans la bataille. C’est le signe de l’inquiétude croissante des cheminots devant deux chantiers : l’ouverture à la concurrence de la SNCF prévue dans les années 2020, mais aussi leur statut qui est dans le viseur du gouvernement.
Et pour protéger leurs acquis, ils font feu de tout bois : outre la grève, la CGT-Cheminots va distribuer 500 000 tracts pour convaincre l’opinion que "la concurrence n'est pas une réponse aux enjeux", ou encore que "leur régime spécial de retraite de la SNCF n’est pas un problème car intégralement financé par les cheminots". Bref, il s’agit de riposter face à "ceux qui veulent la peau de la SNCF".
Un régime spécial difficilement tenable
Leur régime spécial de retraite, Emmanuel Macron entend pourtant le supprimer. Début juillet, le chef de l’État l’a évoqué devant une poignée de cheminots. C’est ce que rapporte un journal interne de la SNCF, Info mag. Et Emmanuel Macron n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il propose un deal : l’État prend en charge une partie de la dette de l’entreprise (44 milliards d’euros), et en échange les agents abandonnent leur régime spécial de retraite.
Ce système permet à un cheminot roulant de partir à la retraite à 52 ans, et à 57 pour un employé de bureau de la SNCF. Dans le privé, il faut attendre 62 ans. Mais ce régime spécial, c'est "un chiffon rouge", pas question d’y toucher, préviennent les syndicats. Les cheminots peuvent-ils faire plier Macron ? Le gouvernement en tout cas tente de calmer le jeu. Il précise qu’"aucun arbitrage n'a été rendu" concernant les retraites.
Mais la situation est difficilement tenable. Car contrairement à ce qu'affirme la CGT, on est loin de l’autofinancement. Chaque année, ce régime coûte plus de 3,5 milliards d’euros à l’État. Quant à la question de l’avenir de la SNCF, notamment avec l’ouverture à la concurrence, c’est tellement sensible que le gouvernement ne l’a même pas inscrite au programme des "assises de la mobilité" qui s’ouvrent ce mardi matin. Pourtant, tous les sujets relatifs aux transports de demain sont censés être mis sur la table. C’est la preuve que le gouvernement craint encore les cheminots.
Le chiffre du jour
1,7% de croissance contre 1,6 de prévu : le gouvernement a revu à la hausse sa prévision de croissance pour la France en 2017. C’est une bonne nouvelle qui permet de donner un peu d’air à l’exécutif. Notamment en lui permettant de calmer un peu le rythme des économies à faire.
0,8 %, c’est l’augmentation que devraient connaître les pensions de retraite de base des salariés du privé, du RSI des indépendants et de la MSA des agriculteurs, le 1er octobre prochain. Ce coup de pouce intervient après trois années de vache maigre. Un petit bol d’air avant une hausse de la CSG à venir pour la majorité des retraités.
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