Le décryptage éco. Le retour de la réforme des retraites
C’est la phrase la plus commentée en ce moment : celle d’Emmanuel Macron jeudi 3 juin dans le Lot : "La réforme des retraites initialement prévue ne pourra pas être reprise en l’état." Le décryptage de Fanny Guinochet.
La réforme des retraites "ne pourra pas être reprise en l'état", a confié Emmanuel Macron, en déplacement dans le Lot, jeudi 3 juin. Cette réforme avait été adoptée en première lecture l’an dernier, mais avait été suspendue en mars 2020. Officiellement en raison de la pandémie. Pour l’exécutif, cette pause était plus que bienvenue, tant ce dossier était miné. Souvenez-vous : des mois de conflits entre le gouvernement et les syndicats, des grèves très dures paralysant le pays, la démission rocambolesque de Jean-Paul Delevoye, le haut commissaire en charge du sujet. Cette réforme qui visait à instaurer un système universel par points avait tourné à l’usine à gaz.
Mais abandonner complètement ce dossier reste un désaveu pour Emmanuel Macron, qui tient à démontrer sa capacité à transformer le pays, même après la crise. Pour lui, c’est la mère des réformes. Les Français semblent l’encourager à s'y attaquer : un récent sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, montre que 53 % veulent que la réforme des retraites soit relancée, notamment les électeurs de droite …
Les marges de manœuvre ne sont, financièrement, pas très larges. D’ailleurs, jeudi 3 juin, Emmanuel Macron l’a bien dit : "La question du financement des retraites sera posée à la nation car notre système n'est plus à l'équilibre." Sous-entendu : une réforme est indispensable économiquement. Selon le Conseil d’orientation des retraites, avec la crise, le déficit du régime s’est encore creusé, il a atteint plus de 23 milliards d’euros l’an dernier et aucun retour à l’équilibre n’est envisagé avant dix ans au moins.
Certes, le chef de l’État n’a pas donné de précisions sur ses intentions, mais, alors qu’il semble abandonner le système universel, "trop ambitieux, et source d’inquiétudes", selon ses propres mots, va-t-il opter pour une réforme paramétrique classique, c’est à dire repousser l’âge de départ à la retraite ? C’est le plus efficace pour réduire les déficits, mais ça veut dire que les Français devront travailler plus longtemps.
Les seniors ont du mal à trouver du travail
En France, le taux d’emploi des plus de 55 ans est un des plus bas d’Europe, à peine 53%. Et encore, ce chiffre date de 2019. Avec la crise, la situation s’est aggravée : regardez chez Renault, Safran, Orange, tous les plans de départs incitent les salariés en fin de carrière à partir.
Sur l’emploi des seniors, une concertation avec les partenaires sociaux est justement prévue le mois prochain. Comme une façon de préparer les esprits avant la présentation d’une nouvelle réforme des retraites, prochainement.
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