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Le décryptage éco. La bataille entre Suez et Veolia fait rage

Suez a rejetté l'offre "amicale" de rachat de Veolia. Pourquoi ce refus ? Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'immeuble Suez à La Défense vers Paris. Photo d'illustration.  (VINCENT ISORE / MAXPPP)

C'est une guerre fratricide qui se joue entre les deux groupes français Veolia et Suez que l'on connait tous, parce qu'ils gèrent l'eau et les déchets de nos villes. Les municipalités font appel à eux en concessions. Et si vous ouvrez le robinet, vous avez grosso modo une chance sur deux que ce soit Suez ou Veolia qui traite votre eau potable. 

On les connait aussi parce que ce sont des compagnies qui font partie de notre patrimoine historique. Créés au XIXe siècle, Veolia est une émanation de l'ancienne générale des eaux et Suez, de l'ancienne lyonnaise des eaux. Ces mastodontes sont connus pour leur expertise. C'est 180 000 salariés pour Véolia, 90 000 pour Suez. Les deux groupes sont des concurrents historiques, deux frères ennemis. 

Mais Suez ne veut pas être racheté par son concurrent Veolia.

Veolia a fait une offre amicale sur Suez

Avec l'objectif de créer un super champion, une marque unique qui pèserait plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 260 000 salariés sur les cinq continents. Par sa taille, l’ensemble serait plus fort à l’international, face aux chinois notamment, mais Suez ne veut pas en entendre parler ! Pas question de disparaitre et de passer sous la coupe de son vieux rival. 

Une fusion difficile à réaliser 

Mais, ce n’est pas parce que Suez refuse de se laisser acheter que l’histoire est terminée car il faut voir le contexte : les deux groupes sont concurrents mais ils souffrent tous les deux. Leurs marchés se réduisent, il y a de plus en plus de mairies qui "remunicipalisent" la gestion de l’eau et des déchets, qui réintègrent en interne ces activités. Et puis à l'international, Suez comme Veolia ont de plus en plus de mal à peser dans un secteur atomisé mais qui est en pleine concentration. Le risque c'est de rester des nains face aux chinois. D'ailleurs, si la fusion se fait, Suez et Véolia réunis ne représenteraient que 5% du marché mondial. 

Bruno Le Maire promet d’être vigilant, notamment sur l’emploi

Et à raison. Même si le gouvernement n'est pas contre l'opération. On parle beaucoup de l’autorisation de la concurrence nécessaire à ce rapprochement mais ce qui risque de coincer, c’est l'emploi. Car dans ce type de fusion : 1+1 font rarement 2, mais plus souvent 1,5. Le risque, c’est de voir des milliers d’emplois disparaître.

 Alors que la France s’attend à une cascade de plans sociaux, Bercy n’a pas envie de prendre ce risque.             

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