Le décryptage éco. Hausse des taux d’intérêt : la Fed confirme la reprise de l’économie américaine
La Réserve fédérale américaine a décidé de relever son principal taux d’intérêt. Ce n'est que la deuxième fois en dix ans. Comment interpréter cette décision, d’apparence très technique ?
La Réserve fédérale américaine a décidé de relever son principal taux d’intérêt. Ce n'est que la deuxième fois en dix ans. Comment interpréter cette décision, d’apparence très technique ?
D’abord, petit rappel : qu’est-ce qu’un taux d’intérêt fixé par une banque centrale ? C’est ce qui permet notamment de fixer le coût du crédit aux entreprises pour qu’elles investissent et, par extension, aux particuliers pour qu’eux aussi investissent ou consomment. La politique monétaire permet donc de réguler le moteur économique d'un pays, d'un ensemble de nations comme la zone euro. Elle permet aussi de jouer sur le niveau d’inflation
Concrètement, le taux des fonds fédéraux est porté de 0.5 et 0.75%, soit une hausse d’un quart de point.
La Fed envoie un double message
D'abord l’économie américaine va mieux, il est donc inutile de la tenir sous perfusion. Les perspectives de croissance sont revues à la hausse (le PIB devrait progresser de 2 à 3% en 2016 et 2017), le pays connaît un quasi plein emploi avec un taux de chômage inférieur à 5% de la population active (4,6% précisément), les salaires augmentent. Et puis il y a l'effet Trump, anticipé par les autorités monétaires : la baisse d'impôts et la relance des grands travaux promises par le président élu est de nature à relancer la croissance interne aux Etats-Unis
Enfin ces données étant facteurs d’inflation, il faut accompagner le mouvement pour éviter que la machine ne s’emballe. Le levier d'action, ce sont les taux d'intérêt.
Poursuite probable de la hausse
La hausse des taux américains sera progressive, par paliers, au cours des prochains semestres. Pas question de brusquer les choses. Une hausse des taux, les marchés n’aiment pas trop cela. Et puis, malgré sa vigueur toute relative, l’économie américaine n’est pas non plus dans une phase des Trente Glorieuses. Il convient donc de rester prudent.
Avec ce resserrement de la politique monétaire, laFed se redonne une marge de manœuvre en cas de retournement conjoncturel. Avec des taux jusqu’à présent pratiquement à 0%, la banque centrale américaine n'avait plus aucun moyen d'action. C’est donc une hausse préventive, pragmatique, pour relâcher la bride si besoin, le moment venu.
Pas de conséquences immédiates pour l’Europe
La Banque centrale européenne ne risque pas de suivre la FED sur la hausse des taux très rapidement de ce côté-ci de l’Atlantique. Pour une raison très simple qui n'échappe à personne : la situation de l’Europe est différente de celle des Etats-Unis sur le plan économique. Nous sommes loin des 3% de croissance attendus chez l'Oncle Sam.
Le président de la BCE, Mario Draghi, l’a bien fait comprendre la semaine dernière : pas de hausse de taux en Europe pour l'instant, mais poursuite de la politique "accommodante". C'est-à-dire qu'à Francfort, on va continuer de faire tourner la planche à billets et déverser 60 milliards d’euros de liquidités chaque mois dans l’économie pour la soutenir (Quantitative easing). Américains et européens vivent encore à des rythmes différents. La reprise des uns ne profite pas encore aux autres. L'Europe a du mal à prendre le train en marche. C'est une incitation très claire à être plus offensif et plus imaginatif dans nos réformes.
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