Le décryptage éco. Fillon, Macron et Le Pen devant les petits patrons
Trois candidats planchent ce matin devant la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) : François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le décryptage de Vincent Giret.
François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen répondent lundi 6 mars à l'invitation de la CPME, la confédréation des petites et moyennes entreprises. Cela pose quelques questions quand on découvre que ni Benoît Hamon, ni Jean-Luc Mélenchon ne seront présents, mais les seulement les trois candidats qui sont, dans la photographie d’aujourd’hui, en tête dans les sondages.
La puissance invitante, c’est la CGPME, rebaptisée depuis quelques semaines, la CPME, la confédération des petites et moyennes entreprises, qui est l’une des trois grandes organisations patronales représentatives, avec le Medef et l’Union des entreprises de proximité (U2P, ex Union professionnelle artisanale). C’est à dire une organisation très puissante, qui signe des accords et qui est représentée à travers 250 branches professionnelles. Cette organisation est ainsi le porte voix de 1,5 million de PME, et elle fait passer, lors de chaque échéance présidentielle, un grand oral aux candidats. Elle l’a même fait cette année pour les primaires, recevant tous les candidats de la droite et du centre, puis une partie seulement des candidats à la primaire de la gauche, puisque Benoît Hamon et Vincent Peillon avaient curieusement décliné l’invitation, en janvier dernier.
Les "petits patrons", enjeu électoral majeur
Pour les trois premiers prétendants, Fillon, Macron et Le Pen, c’est un rendez-vous important. D'abord en raison de la place et du rôle des PME dans l’économie française, qui font une grande partie de l’emploi. Ensuite parce qu’en France, le mouvement des petits patrons a été travaillé par différentes sensibilités politiques très diverses, et notamment par ce qu’on a appelé le poudjadisme, une forme de populisme de droite né dans les années 50 et fédéré autour de Pierre Poujade, et dont on a parfois réentendu l’expression ces dernières années dans les pays. Et cela, par exemple, n’a pas échappé à Marine Le Pen, qui en a fait l’une de ses cibles électorales prioritaires.
Sur le fond, les trois candidats répondront favorablement aux attentes principales des patrons de PME, c’est à dire la simplification administrative et surtout les baisses de charges. Mais chacun à leur manière.
Le Pen doit répondre aux inquiétudes sur ses choix
Le Pen, Fillon et Macron seront également confrontés ce matin a un défi différent. Marine Le Pen, d’abord. Passé le couplet de velours sur la baisse des charges, la candidate FN devra surtout répondre aux inquiétudes que ses choix soulèvent chez les patrons de PME : le protectionnisme, la sortie de l’euro, et certaines dépenses sociales dont le coût n’apparaît pas vraiment financé dans son programme. Le FN de Marine Le Pen n’est plus du tout le parti libéral qu’il était sous son père dans les années 80.
Fillon doit séduire les petites entreprises comme les grandes
Pour François Fillon, le défi apparaît plus politique encore. Les faits et gestes du candidat de la droite et du centre seront scrutés au début d’une journée qui s’annonce décisive pour l’avenir de sa candidature. Il devra entretenir la flamme, montrer qu’il y croit toujours, en s’appuyant sur son programme qui a été taillé pour les entreprises. Fin des 35 heures, simplification du droit du travail, baisse de l’impôt sur les sociétés, et suppression de l’ISF. Fillon devra trouver les mots pour montrer qu’il n’est pas le candidat des grands patrons, mais aussi celui des entrepreneurs, et des patrons des petites et moyennes entreprises qui n’ont pas toujours les mêmes intérêts.
Macron doit expliquer les conséquences de son projet
Le principal défi d’Emmanuel Macron sera de convaincre sur la dimension sociale de son projet : le candidat veut sortir les partenaires sociaux de la gestion des grands risques – le chômage, la retraite – mais aussi de la gestion et de l’organisation d’une grande partie de la formation professionnelle, en redonnant la main à l’Etat. Mais dans le même temps, le projet Macron donne une liberté inédite aux branches et aux accords d’entreprise. Comment ça marchera ? Les PME peuvent-elles profiter de ce renversement ? C’est là-dessus qu’Emmanuel Macron devra convaincre et rassurer.
C’est en tout cas, enfin, un moment où l’on devrait entendre les candidats parler du fond et des idées.
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