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Le décryptage éco. Comment le gouvernement compte-t-il encourager 120 000 fonctionnaires au départ volontaire ?

Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, rencontre lundi les syndicats pour parler de la réforme de la fonction publique. Son idée : mettre en place un plan de départs volontaires, dont les modalités restent floues.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
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Publié
Temps de lecture : 3min
Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, est en première ligne dans le dossier de la réforme de la fonction publique. (BERTRAND GUAY / AFP)

On savait qu’Emmanuel Macron voulait réduire le nombre de fonctionnaires. Dans son programme, il s'était notamment fixé comme objectif de supprimer 120 000 postes d’ici la fin du quinquennat, sachant que la France compte près de cinq millions de fonctionnaires. Jusqu'à présent, on n’avait pas de précisions sur la façon dont le chef de l'Etat allait s’y prendre. La semaine dernière, le gouvernement a créé la surprise, en envisageant un plan de départs volontaires.

Dans le détail, cela reste encore assez flou. On sait simplement que ce plan va s’inscrire dans une réforme plus large, dans laquelle, le statut, les missions, les rémunérations des agents vont être revus. Tout cela va être discuté dans le cadre d'une concertation lancée lundi 12 février, et qui doit durer un an.  

Réforme inspirée du secteur "privé"

Les équipes d’Emmanuel Macron n’ont pas de scrupules à dire que leur inspiration vient de la culture du privé. En fait, il  y a  déjà eu des plans de départ volontaires dans la fonction publique. En 2009, à l'époque de Nicolas Sarkozy, une "indemnité de départ volontaire" avait été créée, mais elle n’avait pas connu un grand succès. Moins d’une dizaine de personnes l’avait prise. En effet, dans les entreprises, pour que les gens partent, il faut des incitations, il faut faire des chèques. Mais l’Etat n’a pas beaucoup d’argent à offrir aux agents. En 2009 , les partants ont touché un chèque entre 40 000 et 60 000 euros en moyenne. Mais contrairement au privé, ils n'ont pas le droit au chômage. Du coup, les candidats au départ ne se sont pas précipités.

On va voir comment le gouvernement va faire cette fois-ci sachant qu’il y a aussi le risque que ce soit les meilleurs qui partent. Un inspecteur des Finances sait qu’il peut quitter la fonction publique sans difficultés. Il aura l’assurance de trouver un emploi dans le privé où en plus, il sera bien mieux rémunéré.  

Contexte de grogne des syndicats

Sans surprise, les  syndicats de fonctionnaires ont signifié leur mécontentement et tous, à part la CFDT, appellent déjà à une journée de mobilisation le 22 mars. Il risque d’y avoir un bras de fer entre les organisations syndicales et Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, en première ligne sur ce dossier.

Rappelons-le, il s’était opposé au budget présenté par le gouvernement à l’automne 2017. En tout cas, il a déjà tenté de rassurer en expliquant que les plans de départs volontaires ne concerneraient bien que les volontaires et que seuls certains domaines d'activité seraient concernés. Des secteurs comme la police, l’éducation, l’hôpital qui sont en flux tendu ne seront pas touchés. Il a également précisé que cette réforme doit être l’occasion de promouvoir les mobilités, d'offrir plus de souplesse dans les gestions de carrières. Il est vrai qu’en la matière, il y a de gros efforts à faire. En France, il y a de véritables lacunes de gestion des ressources humaines, et une inertie terrible.

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