Le décryptage éco. Carburants : la taxe modulable d'Emmanuel Macron, remake de la taxe Jospin ?
La taxe modulée de Macron en fonction du prix du pétrole rappelle furieusement la Tipp flottante instaurée par Lionel Jospin entre 2000 et 2002. Le décryptage éco de Fanny Guinochet (L'Opinion).
Ce n'est pas le retour de la taxe flottante de Lionel Jospin, assure le gouvernement. Sauf que cela y ressemble furieusement, au moins dans la philosophie. Emmanuel Macron veut créer un système pour atténuer l’effet sur les consommateurs des envolées du prix du baril de pétrole, adapter la taxe carbone aux variations du marché des carburants.
Pour l’instant le système n’est pas très précis et reste à construire. Mais la démarche rappelle ce qu’avait expérimenté le gouvernement Jospin dans les années 2000 lorsqu’il avait mis en place une Tipp, une Taxe intérieure sur les produits pétroliers, qui était flottante et modulable.
Une taxe Jospin coûteuse et inefficace
Lionel Jospin avait abandonné sa taxe flottante à peine deux ans après l’avoir instaurée car elle coûtait cher à l’Etat, plus de 2 milliards et demi d’euros, pour un avantage sur le consommateur assez faible : à peine 2 centimes de baisse par litre d'essence.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron jure que le système de Jospin était beaucoup trop contraint : le niveau de la taxe était ajusté automatiquement aux cours du pétrole, c’était mécanique, "à l’aveugle" . il y avait un curseur fixe, puisque la taxe était modulée à la hausse ou à la baisse quand le prix du Brent montait ou descendait de plus de 10% en six mois.
Le système Macron, plus politique
Macron annonce un pilotage plus souple. Déjà, parce qu'il sera trimestriel et non plus semestriel afin de coller au plus près aux cours du baril de pétrole, explique l'exécutif. A priori, même si les contours du système sont encore très flous, il envisage surtout quelque chose de plus… politique !
Le Parlement devrait avoir son mot à dire, et il devrait participer au débat notamment pour définir le seuil, c’est à dire le niveau de prix du baril, à partir duquel s’appliquera le mécanisme flottant. Est-ce que ce sera quand le baril sera à 70, 80 90 dollars que la hausse de la taxe sera ralentie ou gelée ? Ce sera discuté, et ces discussions promettent de sacrés débats.
Mais, le gouvernement explique bien que l’on reste dans un calendrier de hausse qui sera ajustable, puisqu’il pourra, par exemple, être décidé de stopper les augmentations pendant un ou deux trimestres, si le prix du baril culmine. L'exécutif assume : il n’y aura pas de baisse.
Flou autour du calendrier
Il n'a pas été dévoilé. Mais déjà la mesure devra être votée par le Parlement en décembre dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019. Ce qui veut dire que de normalement, le plan prévu par le gouvernement sera bel et bien appliqué, le 1er janvier prochain, soit six centimes de taxe en plus sur le gazole et trois centimes de plus sur l’essence.
D’ici là, Emmanuel Macron espère sûrement que le cours du pétrole va continuer à chuter, comme c’est le cas depuis le début du mois.
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