La guerre en Ukraine incite les Européens à épargner en liquide
Assiste-t-on au retour des billets sous le matelas ? De plus en plus d’Européens gardent de l’argent liquide chez eux. C'est un effet de la guerre en Ukraine. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Le conflit en Ukraine a réveillé le besoin d’avoir de l’argent en espèces à la maison. Ces dernières semaines, les retraits dans les distributeurs et aux guichets des banques sont de plus en plus importants, surtout dans les pays du Nord et de l’Europe de l’Est. C’est ce que remarque l’Association européenne du transport et du convoyage de valeurs (Esta), qui réunit les transporteurs de fonds. Depuis le début de la guerre, en Slovaquie, par exemple, le remplissage des distributeurs a augmenté de 30%, En République tchèque, c’est 20%. Plus étonnant : cette augmentation se voit aussi en Finlande, et en Suède, alors que ces pays européens sont, en temps normal, ceux qui utilisent le moins l’argent liquide.
En fait, les ménages ont peur de ne plus avoir accès à leurs comptes, de ne plus pouvoir faire des virements, à cause de cyberattaques par exemple qui pourraient perturber les systèmes bancaires. Ils n’ont pas confiance. C’est un phénomène assez classique que l’on avait déjà observé lors de la crise financière de 2008 mais qui prend de l'ampleur avec la guerre en Ukraine.
Des bas de laine en France
Il n'y a pas d’afflux en France de retraits d’argent depuis le début de la guerre en Ukraine, mais la banque de France note toutefois une tendance de fond : depuis plusieurs mois déjà, il y a de plus en plus de demandes de pièces et de billets mais qui ne circulent pas dans l’économie, qui ne sont pas utilisés pour payer, qui ne reviennent pas à la caisse, qui disparaissent. Ils restent donc dans les bas de laine. Signe que les gens font des réserves, par crainte de l’avenir.
Ce mouvement s’observe depuis le confinement. On aurait pu croire que la carte bancaire s’imposerait car on l’a beaucoup utilisée pour éviter de toucher les pièces et les billets, par crainte d’attraper le virus. Mais non. On voit que l’argent liquide a encore de beaux jours devant lui. Selon une enquête Ipsos pour la Monnaie de Paris, publiée à l’automne dernier, 70% des français utilisent encore des espèces tous les jours pour de petits achats, pour payer la baguette de pain ou le café au comptoir.
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