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La Fnac veut Darty

Incroyable journée hier pour Darty qui est à vendre : ses deux prétendants, la Fnac et Conforama se sont livrés à une folle surenchère. Pourquoi la Fnac veut-elle à ce point mettre la main sur Darty ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Vincent Giret 2015-2016 © Christophe Abramowitz)

En fin de journée Darty était désormais valorisé à travers ces offres successives à plus d’un milliard d’euros, une somme considérable et ce n’est pas fini. Pour la Fnac, c’est d’abord un incroyable retournement de l’histoire : Il y a cinq ans, quand Alexandre Bompard reprend les rênes de la Fnac, c’est plutôt Darty qui est en position de force et qui pourrait se payer l’enseigne culturelle. La Fnac bat alors franchement de l’aile, son chiffre d’affaires dévisse et beaucoup se demandent même si la Fnac et sa culture d’entreprise si singulière et ses vendeurs si passionnés, pourront survivre face notamment au géant américain Amazon dont l’ascension est déjà spectaculaire et qui semble tout vouloir rafler sur son passage. Pourtant en quatre ans, les comptes repassent au vert, Alexandre Bompard et son équipe ont réussi un petit miracle : ils ont tout changé, les magasins, l’offre, l’organisation, plus encore la relation client, et mis en œuvre une stratégie gagnante qui montre que des magasins physiques, en dur, peuvent tout à fait se conjuguer avec le développement du commerce en ligne. C’est une stratégie dite  "omnicanal"  pour accompagner le client dans ses achats, le plus en amont possible. 

Et alors pourquoi cette offre sur Darty ?

D’abord, Nicolas, s’il fallait donner une preuve de la santé retrouvée de la Fnac, rien de tel que de montrer au marché qu’on a de l’appétit et qu’on est revenu dans le jeu. La Fnac est une entreprise côtée, et les marchés ont beaucoup appréciée sa résurrection. Ensuite, la Fnac évolue dans un univers ultra- concurrentiel, très mouvant, elle a su certes réinventer son modèle, mais pour tenir, elle doit aujourd’hui à l’évidence changer de taille, changer d’échelle, trouver des alliances, agrandir son territoire face à la puissance d’Amazon et d’autres grands réseaux de distribution. Il faut pouvoir élargir sa gamme de produits, diminuer des couts, jouer sur les volumes d’achats pour obtenir des remises auprès des fournisseurs, bref trouver sur le marché un groupe à vendre, différent mais complémentaire, avec lequel on peut faire des synergies, c’est le mot clé. Il se trouve de son côté que Darty va moins bien, et que ses actionnaires, notamment des fonds britanniques sont vendeurs, discrètement, depuis déjà deux ou trois ans. Il n’en fallait pas plus pour qu’Alexandre Bompard en fasse sa cible privilégiée.

Mais la Fnac n’est plus seule dans cette affaire, a-t-elle une chance d’emporter Darty face au groupe sud-africain propriétaire de Conforama ?

Ce n’est pas sûr, Nicolas. Mais les chances de la Fnac, qui paraissaient assez faibles depuis la sortie du bois du groupe Steinhoff, très puissant et solide financièrement, et bien les chances de la Fnac ont sérieusement remonté ces derniers jours. Pour deux raisons :

1 – La Fnac a su négocier l’entrée dans son capital du groupe Vivendi qui va prendre 15% de la Fnac et du coup considérablement renforcer son assise financière et sa position vis à vis des banques qui lui prêtent de l’argent. Voilà qui lui permet donc de relever son offre et de surenchérir comme elle l’a fait hier.

2 – La Fnac a déjà réussi à séduire deux des fonds propriétaires de Darty. C’est un premier pas capital dans cette bataille dont l’issue ne sera connue qu’à la mi-juin. Mais si la Fnac perdait son bras de fer, il y aurait à l’évidence d’autres projets. Alexandre Bompard a en la matière, beaucoup d’appétit.

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