La dissolution de l'Assemblée nationale provoque des remous sur les marchés financiers et pour la préparation du budget
La dissolution de l'assemblée nationale a eu des effets quasi immédiats sur les marchés financiers. La Bourse de Paris a perdu de plus de deux points lundi 10 juin. Les entreprises du CAC 40, comme Vinci, BNP, Société générale ont vu leur cours dévisser. Face à l’incertitude politique, les actionnaires ont tendance à retirer leurs billes. L’indicateur le plus marquant est le taux d’emprunt de la France à 10 ans, c’est-à-dire, le taux sur lequel notre pays emprunte pour financer sa dette à long terme, sorte de baromètre de confiance des investisseurs. Il a fait un bond lundi. Dans le même temps, l’euro flanche, perd du terrain face au dollar. Autant de signes qui montrent l'inquiétude des marchés financiers, qui ne voient plus l’hexagone comme un endroit où il fait bon investir !
Les marchés craignent que la France n’ait pas de cap économique clair. Avant, certes, on avait des comptes dans le rouge, mais pour les marchés, notre politique économique allait dans le bon sens. La trajectoire était identifiée : baisse des déficits, pas de hausse d’impôts notamment des entreprises, politique pro business, réindustrialisation, réformes du marché du travail, des retraites, de l’assurance chômage, tout ça plaisait aux milieux d’affaires.
Des interrogations sur le budget 2025
Aujourd'hui, ils anticipent une cohabitation et c'est l'inconnu. Si le RN l’emporte, quel sera son programme économique ? On ne sait pas. Le RN parle de revenir à une retraite entre 60 ans et 62 ans ? Mais ou met-il le curseur ? Et comment la finance-t-on ? Il y a peu, face à l’inflation, le RN prônait une baisse de la TVA à 0% sur des produits de première nécessité ? Ce qui signifie des rentrées d’argent en moins pour l'État, et donc un risque de dérapage budgétaire supplémentaire. Sans compter qu’il y a quelques années, le RN était pour une sortie de la zone l’Euro, pas de quoi rassurer les entreprises.
Cette dissolution intervient, de plus, en pleine préparation du budget 2025. Le timing n’est pas bon, car le budget – de l’État et de la sécurité sociale- se prépare maintenant pour un vote à la rentrée. Or, pour le budget 2025, le gouvernement prévoyait plus de 20 milliards d’euros d’économies. C’était beaucoup mais on peut imaginer que les futurs élus, quelle que soit leur couleur politique, n’auront pas très envie de démarrer leur mandat en coupant dans les aides sociales, les retraites, l’assurance maladie, en rabotant les niches fiscales, car ce n’est pas très populaire. Dans le pacte de stabilité envoyé à Bruxelles en avril, la France a pourtant pris des engagements vis-à-vis de l’Europe, des engagements de redressement budgétaire. Autant dire qu’ils risquent d’être jetés avec l’eau du bain de la dissolution.
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