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la crise des tricheries de Volskswagen rattrape-t-elle Renault ?

Folle journée hier pour Renault, on a appris que la direction de la répression de fraude avait fait une descente impromptue sur plusieurs sites du constructeur. En ligne de mire : le mécanisme anti-pollution des véhicules diesel.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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A priori, non, rien ne laisse à ce stade penser que le constructeur français aurait pu lui aussi mettre un place un système sophistiqué de tricheries destiné à masquer la pollution de ses moteurs. Pas de logiciel tricheur chez Renault. Mais oui, on a eu peur, ou plutôt les marchés se sont fait peur hier, dès que les syndicats ont fait fuiter l’information des perquisitions opérés par la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes. L’action de Renault s’est même effondrée au cours de l’après-midi, perdant 20% de sa valeur, avant de reprendre un peu avant la clôture et de terminer à moins 10%, ce qui représente quand même une chute sévère. Pour qu’un semblant de calme revienne, il a fallu qu’Emannuel Macron, par une petite phrase, puis Ségolène Royal par un communiqué, s’expriment : « La fraude n’existe pas », a affirmé la ministre de l’environnement, il n’y a pas de logiciel de fraude, mais des dépassements de normes CO2 et d’oxyde d’azote constatés chez Renault et deux marques étrangères ». Des dépassements quand même de 5 à 10 fois supérieurs aux normes, pour le dernier modèle Espace, de Renault selon des informations de France Info, ça fait quand même beaucoup.

Est-ce que cette affaire va laisser des traces ?

Certainement. D’abord parce qu’il y a un avant, et un après scandale Volkswagen. La direction de la répression des fraudes semble enfin faire son travail de contrôle. Nul ne lui reprochera aujourd’hui de faire un peu de zèle après tant d’année de silence, d’inaction ou même certains osent le dire, de complicité avec les constructeurs. Nul n’ignorait vraiment que les véhicules diesel dépassaient les normes autorisées en matière de pollution, mais nul ne s’en inquiétait vraiment à Bercy, préférant protéger une puissante filière française. Il faudra aujourd’hui dire la vérité, toute la vérité, bien au delà d’un court communiqué officiel pour que les consommateurs retrouvent la confiance. Tout le monde doit comprendre que les mentalités sont en train de changer, au moins en Europe, et que le consommateur n’est plus totalement insensible aux pollutions de son véhicule, et qu’il déteste qu’on lui mente.

Le doute peut-être dévastateur

Clairement, oui, le doute est ravageur, tout simplement parce que nous sommes entrés dans ce que les économistes appellent le capitalisme de la réputation. Pour s’en persuader, il suffit de regarder le cas Volskwagen : les ventes ont chuté de près de 10% en France, de 5% à l’échelle mondiale, le groupe n’avait pas connu pareille situation de recul depuis 14 ans. Et ce n’est pas fini. Pour Renault l’affaire tombe très mal, au moment même où le constructeur vient de renouveler sa gamme, en lançant 5 nouveaux modèles. On s’étonne quand même que Renault ait pu lancer sur le marché des véhicules qui dépassent aussi nettement les normes. Sans transparence totale et réaction rapide, Renault risque de payer cher la descente inopinée de la répression des fraudes dans ses usines. Ce serait un vrai gâchis.

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