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Guerre en Ukraine : face au prix du blé qui flambe, la crainte des émeutes de la faim

La crise en Ukraine et ses conséquences directes sur certaines prix de l'alimentation font craindre des débordements populaires. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un paysan russe récolte du blé dans un champ à Fyodorova (Russie). (ERIK ROMANENKO / TASS via GETTYIMAGES)

Ces derniers mois, les prix des céréales étaient déjà très hauts à cause de mauvaises récoltes, mais là, la guerre en Ukraine fait flamber les cours comme jamais : lundi 7 mars, la tonne de blé a dépassé les 450 euros le marché de l’Euronext à 450 euros. L’an dernier, c’était deux fois moins cher. La Russie et l’Ukraine assurent à eux seuls 30% des exportations mondiales de blé. Les deux pays devaient mettre 15 millions de tonnes sur le marché d’ici cet été. Il faudra donc faire sans.

En France, pas d’inquiétude de pénurie : nous sommes un pays producteur et exportateur. En revanche, cette situation est un véritable drame pour les pays très dépendants du blé russe et ukrainien comme l’Egypte, le Liban, l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie, qui comptaient sur ces productions pour nourrir leurs populations. Les autres pays exportateurs ne peuvent pas compenser.

Et dans ce contexte, ceux qui ont du blé sont tentés de garder leur récolte pour eux : par exemple, la Hongrie et la Bulgarie ont pris des mesures aussi pour limiter les exportations. La Chine, premier producteur de blé au monde, s’attend à une des pires récoltes de son histoire à cause d’une mauvaise météo. Donc non seulement, elle ne va pas vendre une partie de sa production mais va même importer.

Des risques de révoltes

De quoi compliquer encore un peu plus l’équation pour les pays du Maghreb et de l’Afrique : non seulement, sur les marchés mondiaux, le blé va manquer et quand il y en aura, il sera vendu à un tel niveau, qu’ils n’auront pas les moyens de l’acheter. En plus, dans trois semaines, c’est le Ramadan, il va donc y avoir une grosse consommation de blé dur pour la semoule et de blé tendre pour le pain. Ces pays vont puiser dans leurs stocks…  D’où le risque de tensions, alertent les experts. Des tensions qui n'auront pas lieu dans l'immédiat, mais cet été ou à l’automne. 

On a déjà vu des révoltes, dans la foulée de la crise financière des années 2008-2010, au Maghreb. Le prix du pain avait tellement augmenté, qu’il avait nourri les émeutes et participé aux printemps arabes et à la chute de certains régimes. L’an dernier, avant même la guerre en Ukraine, il y avait déjà eu des tensions d’approvisionnement du blé, et l’Algérie par exemple avait dû en rationner la distribution. Et, si les gens sont affamés, il faut aussi s’attendre à des migrations importantes vers l’Europe notamment.

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