EDF change de tête
L’assemblée générale des actionnaires doit valider cet après midi la nomination des administrateurs. Il y aura aussi un conseil d’administration dimanche, et lundi Jean-Bernard Lévy s’installera officiellement dans le fauteuil d’Henri Proglio.
Ce n’est pas une affaire anodine. EDF occupe une place stratégique dans l’économie française : avec 40 millions de clients dans le monde, 160 000 salariés, et cette entreprise publique est la tête de pont de la filière nucléaire française.
Cette succession a été menée d’une main de maître, c’est dans le plus grand secret que François Hollande a choisi de ne pas renouveler Henri Proglio et de proposer à Jean-Bernard Lévy de lui succéder. Jean-Bernard Lévy, lui était pdg du groupe d’électronique et de défense Thalès : c’est un manager compétent, inclassable, très au fait des mutations technologiques. Bref, ce choix fait à l’automne n’a souffert d’aucune contestation. Et c’est important.
Dans quel état se trouve l’entreprise aujourd’hui ?
Henri Proglio laisse une entreprise en bien meilleur état qu’à son arrivée. Il a su la dégager de marchés risqués aux Etats-Unis et en Allemagne, réduire (un peu) l’endettement d’EDF qui reste important, il a clarifié les relations avec l’Etat, et obtenu de nouveaux contrats comme la construction de deux EPR en Angleterre. Globalement, il a modernisé son entreprise, tout ça dans un climat social correct.
Encore de nombreux défis
L’entreprise est à un nouveau tournant de son histoire. Les défis sont nombreux. Le premier défi que doit affronter EDF, c’est celui de la transition énergétique. La loi de Ségolène royal a confirmé le passage de 75 à 50% de la part de la production l’électricité d’origine nucléaire d’ici 2025 tout en développant les énergies renouvelables. Il faudra donc fermer plusieurs réacteurs et faire monter en puissance d’autres énergies.
Le deuxième défi, c’est le prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires, sujet très sensible : EDF veut amortir les réacteurs sur 50 ans et non sur 40, ce qui demande des investissements et un feu vert de l’Etat qui n’a pas encore dit oui.
Le troisième défi, c’est encore dans le nucléaire, EDF doit faire cause commune avec Areva, les relations entre les deux entreprises n’ont jamais été simples. Et vu les graves soucis d’Areva, l’union n’a jamais paru aussi nécessaire.
Enfin, dernier défi, c’est celui des tarifs et ça nous concerne tous : Ségolène Royal a annulé une hausse de 5% programmée cette année. Voilà qui ne va pas être simple pour assurer la stabilité financière de l’entreprise dans un secteur qui a besoin de très lourds investissements. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Jean-Bernard Lévy prend les rênes à un moment difficile dans un paysage en plein bouleversement.
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