Difficultés d'Atos : se dirige-t-on vers une nationalisation ?
Airbus a toujours été relativement prudent face à ce rachat, il a d'ailleurs suscité beaucoup de débats en interne, entre les pour et les contre. L'entreprise se dit finalement que reprendre ces activités de cybersécurité, de supercalculateur, de big data d'Atos, appelées BDS est bien trop risqué. Pour Airbus, ces technologies pointues, numériques, ne sont pas aussi performantes qu'Atos veut bien le dire.
Les calendriers n'étaient également pas alignés. En effet, Airbus voulait prendre son temps alors qu'Atos était pressé d'aboutir. Tout ça, sous l'œil du gouvernement qui poussait pour que l’opération se fasse. Après un an de négociations, l'avionneur a finalement décidé de se retirer, mardi 19 mars, alors que quelques semaines auparavant, il était prêt à mettre entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros pour cette acquisition.
Un coup dur pour Atos
L'entreprise croule sous une dette de plus de 3,5 milliards d'euros et elle comptait sur cette vente pour se renflouer. Pour éviter la faillite, le groupe a scindé ses activités et organisé une sorte de vente à la découpe. Il espérait céder la partie cyber à Airbus et vendre sa branche, historique, de conseils en informatique, à l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, mais l'opération a aussi échoué fin février.
Il est difficile d'imaginer comment Atos pourrait échapper à un redressement, voire à une liquidation. La vente de la branche cyber n'aurait pas suffi à sauver le groupe, mais le retrait d'Airbus va encore compliquer les discussions avec les banques et ses créanciers. Atos doit en effet renégocier sa dette alors qu'en bourse, le titre dévisse.
La solution risque de passer par un sauvetage de l'État, car Atos est une entreprise tricolore stratégique, qui intervient dans des domaines très sensibles, comme le militaire et le nucléaire. Ses supercalculateurs sont, par exemple, indispensables aux simulations d'essais nucléaires et ses logiciels se retrouvent dans les chars Scorpion et les avions Rafale. C'est également Atos, qui gère la cybersécurité des Jeux olympiques de Paris 2024. L'entreprise emploie plus de 10 000 salariés en France et sans attendre, le ministère de l'Économie s'est d'ailleurs engagé, "à construire une solution nationale". Le mot nationalisation n'a pas encore été prononcé, mais il se rapproche.
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