Comment va l’économie grecque ?
Il y a au moins deux lectures possibles de la situation ce matin. La première est optimiste et considère que la situation est presque même inespérée au regard de ces mois de psychodrame. Pour au moins trois raisons :
1 – Il y a désormais une vraie stabilité politique : après trois élections en 10 mois, Tsipras a mené une restructuration politique à chaud, ce sont les plus périlleuses, le voilà désormais en place pour quatre ans, dans des conditions qui n’ont plus rien à voir.
2 – Le cap politique et économique est désormais clarifié : c’est la fin de la pensée magique, l’aile la plus extrême et anti-euro de l’ancien Syriza a été sèchement battue dans les urnes. Il n’y a donc plus d’ambiguïtés.
3 – Le programme de réformes est connu de tous, il est dur mais il est balisé, précis, et bénéfice du soutien de la plupart des partis représenté au parlement, il ne reste plus qu’à respecter l’accord que le Premier ministre grec a lui même signé cet été avec ses créanciers en échange d’un troisième plan d’aide de 86 milliards. En ce sens, jamais depuis six ans, la Grèce n’a semblé en position plus favorable pour sortir de la crise.
Il y a aussi une lecture plus pessimiste
Cette lecture plus sombre repose elle aussi sur trois observations.
Elle souligne d’abord l’extrême fatigue du peuple grec, fatigue qui s’est lue dans le taux très élevé d’abstention de 45% des électeurs ce dimanche. Des mouvements sociaux ne sont donc pas exclus dans les mois qui viennent.
2 - Ces dix mois de tensions dramatiques en Grèce ont dégradé encore un peu plus la situation économique : les perspective de croissance était positive au début de l’année, on s’oriente maintenant vers une récession. Entre temps, des capitaux et des talents ont fui le pays.
3 – La Grèce doit désormais se réformer à marche forcée, près de 80 réformes doivent être votées en 30 jours seulement, sous l’œil attentif des créanciers et inquiets des grecs qui vont devoir se serrer plus encore la ceinture : le plus dur sera surtout de faire vraiment appliquer ces réformes. Il ne s’agit pas d’augmenter les impôts, ou d’en imposer de nouveaux pour faire vraiment rentrer l’argent dans les caisses, il faut une administration fiscale compétente, un système juste et efficace, un Etat performant et là on sait que le bât blesse. Le chantier reste immense pour ne pas dire démesuré.
L’éternel problème de la dette grecque n’est toujours pas réglé
Tout le monde sait cette dette démentielle n’est pas soutenable, mais on a avancé, le problème est désormais sur la table. Il n’y a pas de consensus européen pour une annulation partielle, mais il y a un chemin pour faire accepter un nouveau rééchelonnement de cette dette de plus 300 milliards. Seulement, il y a toujours un préalable, pour nombre de partenaires européens, c’était et c’est toujours la mise en œuvre effective des réformes. Tsipras a démontré son exceptionnelle habileté politique, sa capacité à fédérer autour de lui, il doit montrer désormais sa capacité à faire, à réformer, à transformer la réalité. Et alors là, il obtiendra enfin de ses partenaires un geste sur cette dette qui plombe toujours la Grèce.
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