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Le débrief politique. Macron et le Congrès à Versailles, une chronologie très politique

Le président va s'exprimer devant le Parlement réuni en Congrès, Donald Trump accepte l'invitation pour le 14-Juillet, François de Rugy plaide pour un allègement du code vestimentaire à l'Assemblée... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique, de mercredi 28 juin, avec Yaël Goosz.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le 16 novembre 2015, François Hollande s'était exprimé devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. (MAXPPP)

Double peine pour Édouard Philippe

Bis repetita ! Après la galerie des batailles avec Vladimir Poutine, le 29 mai dernier, retour au château mais, cette fois, il s'agit de politique intérieure avec une question éminemment politique qui touche à la "dyarchie exécutive". C'est l'histoire de ce tandem, très particulier sous la Ve République, entre les deux têtes qui dirigent le pays. Le président soleil va-t-il d'entrée de jeu éclipser son Premier ministre, Édouard Philippe ?

La chronologie est claire et très politique : dans l'après-midi, Emmanuel Macron a convoqué à l'Élysée les deux présidents de l'Assemblée et du Sénat, François de Rugy et Gérard Larcher, pour leur confirmer qu'il parlerait bien depuis Versailles lundi, soit la veille du discours de politique générale d'Édouard Philippe et du vote de confiance prévu le lendemain, mardi 4 juillet, à l'Assemblée.

L'annonce de ce Congrès intervient au beau milieu du premier déplacement à l'étranger d'Édouard Philippe. Le Premier ministre est en visite pour 48 heures en Estonie. La conférence de presse a été écourtée : contrairement à ce qui était prévu, il n'y a pas eu de questions sur l'actualité française. "Décision estonienne", assure Matignon. "Ce n'est pas la première fois qu'un président fait une déclaration au Parlement en début de quinquennat", selon l'entourage d'Edouard Philippe qui démine sur le fond. Sauf que c'était une déclaration écrite, lue par les présidents de l'Assemblée et du Sénat.

Convocation sans motif

Là, c'est une convocation sans motif particulier, ce qui ne s'est pas produit depuis Louis-Napoléon Bonaparte en 1848. Les deux autres précédents c'était en 2015, lorsque François Hollande avait réuni le Parlement à Versailles, trois jours après les attentats du 13 novembre, et en 2009, lorsque Nicolas Sarkozy l'avait fait pour évoquer la situation économique, son plan pour sortir de la crise. Aujourd'hui, Emmanuel Macron débute son mandat, il n'a pas encore de bilan et son Premier ministre n'a pas encore exposé sa feuille de route.

Mais c'est parfaitement constitutionnel. C'est même sous Nicolas Sarkozy, lors de la révision constitutionnelle de 2008, que ce pouvoir a été conféré au président. Et puis, ce qu'on dit à l'Élysée, c'est que de Gaulle, Pompidou et Mitterrand faisaient lire des messages avant les discours de politique générale. Un droit qu'Emmanuel Macron entend cette fois incarner une fois par an pour fixer le cap de sa politique, dans une sorte de discours sur l'état de l'Union, version française, devant 900 parlementaires. Après tout, ce sont quand même eux les représentants du peuple. Cinq jours pour organiser tout ça, dans l'aile du Midi du château, ce n'est pas un problème pour l'intendance, la facture approchera quand même les 200 000 euros.

Politiquement c'est inflammable ? Voici la critique du socialiste Olivier Faure, pour le groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée : "Nous sommes rentrés dans une forme d'hyper-présidence avec tous les pouvoirs qui remontent vers un seul homme." Et puis il y en a qui vont tout simplement boycotter Versailles, ce sera le cas de l'UDI Jean-Christophe Lagarde.

Trump à Paris pour le 14-Juillet

Autre info en provenance de l'Elysée : Emmanuel Macron recevra Donald Trump pour le 14-Juillet. Invitation acceptée. Le président américain sera sur les Champs-Élysées pour commémorer le centenaire de l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Ce sera encore une carte postale diplomatique très forte et lourde de sens qu'Emmanuel Macron postera depuis la place de la Concorde. "Monsieur Trump participe, à travers ses déclaration, à une remise en cause de toutes les légères avancées qui avaient eu lieu sur les questions de climat, c'est l'avenir de la planète qui se joue, dénonce Alexis Corbière pour les insoumis. Inviter un président pour participer au 14-Juillet, c'est ce que nous avons de plus fort dans notre palette républicaine, en quelques sortes. Le choix de monsieur Trump est un mauvais choix selon moi."

On se souvient de la poignée de main virile à Bruxelles, du clash sur l'Accord de Paris, du slogan détourné par Macron "Make our planet great again".. Cette fois, il s'agira d'afficher un front uni dans la lutte anti-groupe État islamique. D'ailleurs, dans l'après-midi du 14 juillet, Emmanuel Macron se rendra à Nice, sans Donald Trump, pour rendre hommage aux victimes de l'attentat qui a fait 86 morts l'an dernier.

Pas de consensus au palais Bourbon

Pendant ce temps-là, on vote encore à l'Assemblée. C'est le jour 2 de la législature. François de Rugy est au perchoir mais la bataille fait rage pour décrocher les autres postes clés : la vice-présidence, six places à prendre ; la questure, trois place à prendre. Tout cela est attribué au prorata du poids des différents groupes politiques.

Et cela ne se passe pas bien. Ce n'est pas consensuel. Éric Ciotti ne sera pas questeur. Christian Jacob, pour Les Républicains, se fâche dans l'hémicycle : "Jamais, dans l'histoire de notre Assemblée, les droits de l'opposition ont été piétinés comme ils ont été piétinés. Et sur, encore une fois, une initiative de sept ou huit individus qui ont menti à leur groupe parlementaire." La présidence de la commission des finances, dévolue à l'opposition, sera assurée par le député LR Eric Woerth, ex-ministre du Budget. Il l'emporte ric-rac face au sortant Gilles Carrez.

Enfin, autre élection, contestée celle-là : celle de Manuel Valls à Évry : son adversaire, l'insoumise Farida Amrani, a officiellement déposé un recours devant le Conseil constitutionnel.

François de Rugy : le demi-mandat, le costume-cravate et le FN

François de Rugy, treizième président de l'Assemblée nationale depuis 1958, est l'invité de Questions d'Infos ce mercredi soir, en partenariat avec Le Monde, L'AFP et franceinfo. Le nouveau numéro 4 de l'État confirme qu'il ne fera qu'un demi-quinquennat, 2 ans et demi, conformément à la nouvelle doctrine de La République en marche. "Moi, j'ai dit, devant le groupe des députés de La République en marche -qui m'a choisi- que je me situais dans le cadre d'un engagement collectif, de dire que, à mi-mandat, donc décembre 2019 ou janvier 2020, nous remettions en jeu nos mandats. Tous les postes à responsabilité occupés par des députés LREM seront remis en jeu. C'est un engagement, je ne veux pas le remettre en cause ce soir."

Renouvellement des pratiques donc, pas de baronnie et dépoussiérage des codes vestimentaires. Oui, les Insoumis sans cravates n'ont pas choqué François de Rugy : "En 2008, j'étais un jeune député, j'avais proposé qu'on allège un peu cette contrainte du costume-cravate. Notamment en été où on dépense beaucoup d'argent dans la climatisation à l'Assemblée nationale. J'ai souhaité que, justement, ce ne soit pas vécu comme quelque chose qui allait, d'entrée de jeu, bloquer leur entrée dans l'hémicycle. Je crois qu'on peut faire évoluer même. Je le propose au bureau."

En revanche, au FN qui réclame un seuil à 10 députés, et non 15, pour faire un groupe, François de Rugy répond "non" : "Parce que je crois qu'il faut quand même que la notion de groupe parlementaire garde un sens. Vous savez que dans certains conseils régionaux, à une époque, on avait abaissé à un pour faire plaisir à certaines sensibilités. C'est-à-dire que vous pouviez faire un groupe tout seul ! Le groupe Front national, s'il voulait se constituer, c'est comme tous les autres groupes, il faut trouver des alliés".

Et, sur le fond, beaucoup d'idées pour réformer l'institution : 30% de députés en moins, 1/4 qui pourraient être élus à la proportionnelle, révision ou suppression de l'immunité parlementaire et alignement des retraites des députés sur le régime général. Il y a du boulot ! Mais dans l'immédiat : Versailles. C'est à François de Rugy qu'il reviendra de présider la séance lundi. 

La note du débrief : 8/20 pour Christophe Castaner

Un petit 8 sur 20 pour Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, qui demande aux journalistes de ménager la ministre du Travail, Muriel Penicaud. "Je vous invite à attendre les résultats de l'enquête avant de montrer du doigt tel ou tel qui serait en responsabilité. Et je vous invite même à ne pas chercher à affaiblir tel ou tel parce que, vous avez raison, on est dans un moment important pour la ministre du Travail. Elle mérite tout mon soutien." Drôle de conception de la relation à la presse. On a déjà connu François Bayrou qui a appelé Radio France. Carton jaune.

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