Le débrief politique. La baisse du budget de la Défense fait polémique
Le budget de la Défense fait grincer des dents, la suppression de la taxe d'habitation, Les Insoumis dans la rue... Tout ce qu'il ne fallait pas manquer de l'actualité politique de mercredi.
La baisse du budget de la Défense fait polémique
La baisse des dépenses dans le secteur de la Défense est mal vécue par les hauts gradés, à l'approche du grand défilé du 14-Juillet. Le budget 2017 sera ramené au niveau envisagé avant les attentats, ce qui tranche avec les images très martiales postées par le Président depuis son élection (Macron au Mali, Macron hélitreuillé à bord d'un sous-marin nucléaire...). Michel Sapin, l'ex-ministre des Finances de François Hollande, est sorti de son silence : "C'est plus d'un milliard de diminution de crédits de la Défense. Dans le contexte d'aujourd'hui, c'est une erreur."
️ @MichelSapin 850 millions en moins à la défense: "c'est considérable." #Les4V @telematin pic.twitter.com/iKKmXQIqX0
— Caroline Roux (@Caroline_Roux) 12 juillet 2017
Le groupe Nouvelle Gauche demande une nouvelle audition de la ministre des armées Florence Parly à l'Assemblée nationale. Pour une fois, socialistes et républicains mènent un même combat contre les marcheurs puisque le président du Sénat, le Républicain Gérard Larcher, en appelle au chef de l'État. Quant au député et président de Debout la France, Nicolas Dupont Aignan, il met en garde, lui aussi. "Le président de la République va aller en grandes pompes à Nice le 14 juillet et dans le même temps on déshabille les forces armées. Tout ça n'a pas de sens !", a déploré l'ancien candidat à l'élection présidentielle.
De son côté, le gouvernement réplique par la voix de son porte-parole, Christophe Castaner. Il assume totalement ce coup de rabot dans le budget de la Défense, qui n'est d'ailleurs pas le seul secteur concerné. "Cette année, c'est difficile. Pour l'année prochaine, ça sera plus difficile encore parce que viendra s'ajouter le choix de baisse massive des impôts payés par les Français et les entreprises."
Taxe d'habitation : l'inquiétude des élus locaux
Les élus locaux sont inquiets concernant la taxe d'habitation. Sa réforme coûtera à l'État jusqu'à 10 milliards d'euros par an quand elle sera pleinement mise en œuvre. Tous les regards se tournent désormais vers les collectivités, à qui Emmanuel Macron promet la compensation "à l'euro près". Comme de nombreux maires, la socialiste Martine Aubry, à Lille, est sceptique, voire défiante. "L'État se dit : 'Ah je fais une mesure sociale, les gens vont être contents, c'est moi qui l'ai fait'. Mais qui va payer ? Les Villes. Et donc qui va payer ? Les citoyens des Villes, soit en devant payer plus de taxe foncière soit en ayant moins de services."
Emmanuel Macron devra défendre sa réforme lundi 17 juillet devant les sénateurs puisque c'est lui qui ouvrira la conférence des territoires au Sénat. Ce sera sans doute un mauvais moment à passer puisque c'est le temple des collectivités locales.
L'inquiétude des Républicains avant les élections sénatoriales
La moitié des sièges du Sénat seront renouvelés le 24 septembre grâce au vote des grands électeurs. A priori, Les Républicains ont l'avantage aujourd'hui puisqu'ils ont déjà 142 sénateurs et des grands électeurs, comme des maires et des conseillers départementaux, issus de la vague bleue des scrutins de 2014 et 2015. Pourtant, Les Républicains ne sont pas du tout sereins car beaucoup de sénateurs issus de secteurs urbains sont renouvelés. Or, la vague En Marche ne laisse pas indifférent une partie du vivier LR qui se demande s'il ne serait pas plus intéressant de rejoindre la majorité Macron.
Les Républicains redoutent une poussée des marcheurs aux élections sénatoriales du mois de septembre. @YGoosz pic.twitter.com/ZFUsjd2fxu
— franceinfo (@franceinfo) July 12, 2017
La tentation de créer un grand groupe "constructifs" au Sénat ne serait donc pas loin et les marcheurs viennent déjà de semer des cailloux au sénat avec un groupe de 27 sénateurs, composés d'ex socialistes autour de François Patriat. Cette inquiétude des Républicains et de Gérard Larcher explique pourquoi les "constructifs" n'ont pas été tout simplement exclus du parti à l'issu du bureau politique du mardi 11 juillet : pour ne pas risquer de perdre de précieux grands électeurs, très utiles pour septembre.
Bernard Accoyer veut préserver la séparation des pouvoirs
Bernard Accoyer, le secrétaire général des Républicains, explique que si les "constructifs" n'ont pas été renvoyés, c'est pour ne pas offrir à Emmanuel Macron la droite divisée sur un plateau et ne pas faire des "constructifs" des martyrs parce qu'ils n'attendent que ça, selon lui. "Nous n'allions pas en faire, comme ils le demandaient, comme Monsieur Solère le demande lui-même, des victimes expiatoires. Vous verrez qu'à l'automne, la situation ne sera pas la même et probablement un certain nombre vont revenir au bercail. (...) Ils vont voir en réalité que leur rôle est supplétif, qu'ils ont été manipulés par Monsieur Solère dont le parcours est à l'évidence tourné vers ses propres intérêts."
Accoyer a dit à de Rugy de ne pas remettre son mandat en jeu au bout de 2 ans 1/2 ;"Il en va de la séparation des pouvoirs" @YGoosz pic.twitter.com/wJ8LFfLKmt
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Par ailleurs, Bernard Accoyer, ex-président de l'Assemblée nationale, a rencontré l'actuel président, François de Rugy, pour lui dire d'aller au bout de son mandat et de ne pas accepter de le remettre en jeu au bout de deux ans et demi, comme l'a demandé La République en marche. Il en va de la séparation des pouvoirs. "J'espère qu'il ne se soumettra pas à ce diktat de l'exécutif ! Ce serait un affaiblissement sans précédent de l'autonomie du parlement et de l'Assemblée nationale", s'est insurgé Bernard Accoyer. "La moindre des choses est qu'il dispose de ses cinq années de mandat pour que notre assemblée soit respectée."
Les Insoumis rassemblés place de la République
Puisqu'il estime que la bataille contre la réforme du Code du travail est impossible à l'Assemblée, les amendements inutiles ou presque, Jean-Luc Mélenchon tente à nouveau une protestation dans la rue, place de La République, mercredi 12 juillet, après le boycott du congrès de Versailles et un premier rassemblement sur la même place le jour du vote de confiance à l'Assemblée. Cette place, c'est un symbole puisque c'est là que Nuit Debout résistait à la loi El Khomri et c'est là qu'il avait frappé un grand coup, lors d'un meeting monstre en plein air le 18 mars. Le mercredi 12 juillet marque donc le coup d'envoi d'une longue campagne estivale contre la réforme du Code du travail, selon Mathilde Panot, députée La France Insoumise du Val-de-Marne. "C'est le point de départ d'un moment où on va aller expliquer cette loi Travail un peu partout parce qu'on pense qu'on a un rôle d'alerte politique", explique la députée. Pour elle, ce n'est que la prolongement des derniers mois de campagne : "On continue à faire ce qu'on a fait pendant la campagne. C'est une campagne à la fois instructive (...) et une campagne qui va voir les gens qu'on a dégoûtés de la politique, notamment les jeunes et les habitants des quartiers populaires."
La note du débrief : moins de la moyenne pour Mireille Robert
Difficile de noter une maîtresse d'école devenue députée En Marche mais il y a quand même un petit problème de communication pour Mireille Robert, élue dans l'Aude le 18 juin. Elle possède un blog vidéo où elle dit tout, à peu près sans filtre et ça ne passe pas la moyenne. Parfois, on frôle même le ridicule. "Je suis allée à des cocktails (...) et je regrette évidemment qu'on ne nous serve pas de la Blanquette", regrette la députée, faisant référence à la Blanquette de Limoux, un vin mousseux produit dans sa circonscription.
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