Le débrief politique. Emmanuel Macron, marche de plus... marche de trop ?
Emmanuel Macron enfin candidat déclaré à l'élection présidentielle. Marine Le Pen qui dévoile son QG, son équipe et sa rose bleue. C'est le débrief politique de Yaël Goosz.
"J'ai vu de l'intérieur la vacuité de notre système politique. C'est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République." Ces mots, François Hollande et Manuel Valls n'auraient jamais imaginé les entendre dans la bouche du petit nouveau qu'ils ont eux-mêmes promu à Bercy en 2014. Deux ans plus tard, mercredi 16 novembre, à Bobigny, Emmanuel Macron s'est officiellement lancé. Deuxième effet Kiss Cool : l'ex-ministre de l'Économie exclut toute participation à la primaire socialiste de janvier. Coup de grâce à gauche. Accélération de la décomposition du paysage politique.
Macron, chips et macaron
Pour l'instant dans les sondages, Emmanuel Macron pèse entre 12% et 15%. De quoi concurrencer le Parti socialiste... mais pas de quoi accéder au deuxième tour de l'élection présidentielle. C'est toute la limite de sa démarche. En étant extérieur à la primaire, le candidat ne peut pas compter sur la machine PS pour le porter. Sans compter que la gauche croule déjà sous les candidatures : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot... et le futur vainqueur de la primaire socialiste.
Si les relations avec Solférino risquent de se tendre rapidement, les macronnistes, eux, en sont convaincus : la double appartenance PS / "En Marche" en vue des élections législatives ne posera aucun problème.
Je suis socialiste. Et je n'ai pas le sentiment de tuer la gauche
Mercredi midi, les supporters d'Emmanuel Macron ont pris l'apéro avec leur champion. Chips et macarons pour 100 à 150 soutiens réunis dans le nouveau QG du 15e arrondissement de Paris. Jeudi et vendredi, le candidat est attendu dans les Bouches-du-Rhône. À Marseille, il visitera un IUT des quartiers nord. Il rencontrera également des élus locaux. La chasse aux parrainages a commencé.
Macron, anti-système et isolé
Emmanuel Macron se présente comme le candidat anti-système. Mais l'histoire ne manque pas de candidats hors-système qui ont échoué... De Jean Lecanuet en 1965 à François Bayrou en 2007, en passant par Raymond Barre en 1988.
Le candidat revendique 100 000 marcheurs, mais combien de vrais militant de terrain ? Son maillage territorial reste faible. Et aujourd'hui, difficile de voir à quoi pourrait bien ressembler un gouvernement Macron. C'était déjà la grande limite de l'aventure Bayrou en 2007. Reste à faire un gros travail sur le casting et l'équipe. Les grands barons socialistes qui règlent leur compte avec François Hollande ne suffiront pas.
Marine Le Pen et sa rose bleue
Mercredi, Marine Le Pen faisait visiter son tout nouveau QG. Un immeuble haussmanien dans le très chic 8e arrondissement de Paris, à moins de deux kilomètres de l'Élysée. Avec une petite suprise : exit le sigle FN, bienvenue à un tout nouveau logo, une rose bleue. "La rose est une fleur qui a été assimilée à la gauche. La droite est une couleur qui a été assimilée à la droite. Ça tombe bien : mon projet a vocation à rassembler l'ensemble des Français", s'est expliquée la président du Front national.
Marine Le Pen en a aussi profité pour dévoiler son équipe de campagne : un conseil stratégique composé d'une trentaine de membres, présidé par le sénateur frontiste David Rachline. L'organigramme est familial. On y retrouve Philippe Olivier, le beau-frère de Marine Le Pen, et sa nièce Marion Maréchal Le Pen. Damien Philippot, le frère du n°2 du FN, ne fait en revanche pas partie de l'équipe.
La note du brief
Deux notes pour Jean-Luc Mélenchon. Un 19/20 pour un tweet bourré d'humour.
Demain, départ de Thomas Pesquet pour l'espace. Veinard: pas de primaires là-haut!
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 16 novembre 2016
Et un 0/20 pour ses dernières saillies contre la presse : des attaques contre Le Monde sur son blog, un incident verbal avec une journaliste de l'AFP mardi soir. Peut-être "l'effet Trump" contre les médias.
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