Cet article date de plus de deux ans.

Prime à la qualité pour les miels de fleurs français

Le miel passé au crible dans une enquête du magazine "60 Millions de consommateurs". 24 miels de fleurs liquides ou crémeux ont été analysés. Un dossier signé Patricia Chairopoulos. 

Article rédigé par franceinfo, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le miel produit en France peut être un gage de qualité. (Illustration) (MI HA / 500PX / GETTY IMAGES)

Le miel est un produit nature que les Français consomment en grande quantité, plus que ce que notre pays en produit d'ailleurs. Le magazine 60 Millions de consommateurs publie un dossier sur les miels de fleurs liquides ou crémeux. 24 miels ont été analysés. Retour sur cette enquête avec Patricia Chairopoulos. 

franceinfo : Vous avez testé, analysé la composition et l'étiquetage de 24 miels que l'on trouve dans le commerce. Qu'avez-vous cherché à savoir ? 

Patricia Chairopoulos : Depuis plusieurs années, le miel est la cible de nombreuses fraudes comme l’ajout d’eau ou de sucres exogènes. On observe aussi une présence de plus en plus forte de miels importés, de Bulgarie, Espagne, Argentine, etc. Cette présence permet de couvrir notre demande – qui s’élève à plus de 40 000 tonnes chaque année – puisque la production nationale n’y suffit pas.

En 2021, nos apiculteurs n’ont pu récolter qu’entre 7000 et 9000 tonnes de miel...
Nous avons donc cherché à savoir si les miels importés étaient de même qualité que leurs homologues français, et par ailleurs, si les produits avec labels, comme le Label rouge ou le bio, se détachaient du lot.
 
Qu'est-ce qui différencie un miel bien classé d'un mail mal classé ? 

Pour classer les miels selon leur qualité intrinsèque, et non pas sur le goût, il faut prendre en compte un grand nombre de critères physico-chimiques.

Un miel bien classé doit être irréprochable, ou presque, sur sa composition en sucres, fructose et glucose surtout. D’un point de vue règlementaire, la somme de ces deux sucres doit représenter au moins 60 grammes pour 100 grammes de miel de fleurs, ceux de notre étude. Il faut aussi un taux d’humidité le plus bas possible ; l’un des miels Label Rouge de notre étude, parmi les mieux classés, affiche ainsi un taux d’humidité très faible.

Entre aussi en jeu la fraîcheur du miel, car ce produit se dégrade avec le temps. Cette fraîcheur se mesure à l’aune de plusieurs critères très techniques. En tout cas, on peut dire que les miels les plus mal classés de notre étude ne sont pas assez frais, ils commencent à se dégrader. Nous avons aussi vérifié s’il y avait eu des ajouts frauduleux d’eau ou de sucres : aucun des 24 miels de notre étude ne semble être concerné.

Et retrouve-t-on parfois des pesticides dans le miel ? 

Cela peut arriver, comme l’avait montré notre précédente étude. Cette fois-ci, une bonne nouvelle : aucune trace d’antibiotique n’a été détectée, et concernant les pesticides, seules deux références contiennent des traces d’un antiparasitaire parfois utilisé, en toute légalité, pour traiter les ruches contre le varroa.
 
Vos analyses permettent de savoir si le miel a été "travaillé" en quelque sorte ?

Légalement, un miel ne peut pas être "manipulé", par exemple avec un ajout de sucre, d’eau ou autre substance. En revanche, les miels de fleurs sont quasiment tous issus de mélanges de miels. L’analyse des grains de pollen nous a permis de vérifier la présence de différentes espèces florales dans un même pot, et de là, les régions d’origine du miel. Par exemple, des espèces comme le colza ou le châtaignier sont parfaitement compatibles avec une origine française, alors que des pollens d’eucalyptus sont plus typiques des régions chaudes.

Le principal enseignement que vous tirez de vos tests, c'est que le "produit en France" peut être un critère de qualité ?

C’est en tout cas de qui ressort de nos tests : les cinq premiers miels sont "origine France", c’est à-dire récoltés, assemblés et mis en pot en France. Parmi les miels importés et moins bien notés, l’un des principaux reproches est leur manque de fraîcheur, ce qui peut altérer le goût.

En creux, vous montrez donc que le miel qu'on achète peut venir du monde entier ! 

Depuis le 1er janvier 2021, le fabricant est obligé de mentionner sur l’étiquette tous les pays d’origine. C’est ainsi que l’on constate la diversité des origines géographiques, même dans un seul pot ! L’un d’eux indique jusqu’à six pays de différentes parties du globe...

Y a-t-il des labels qui peuvent nous aider à faire le bon choix ?
 
Sans conteste, le Label rouge est bien un gage de qualité. En revanche, le label bio, du moins pour le miel, ne garantit ni une supériorité, ni une "propreté" supérieure aux miels conventionnels.

Le prix est-il un gage de qualité ?
 

Force est de constater que beaucoup de miels en haut du classement sont plutôt onéreux ; il faut aussi accepter de payer un peu plus cher les miels de France, puisque plus rares. Maintenant, certains miels importés, qui ont une note correcte, sont vendus à moins de 10 euros le kilo.
 
Vous avez mis en avant deux miels en particulier, "le choix de 60". L'un d'eux est à 20 euros le kilo. Dans les miels mal classés on en retrouve un à 32 euros... 

Dans notre choix, nous avons privilégié un miel Label rouge et IGP Provence. Le prix n’est évidemment pas celui d’une vente directe chez un apiculteur, mais il reste raisonnable pour ce miel de très bonne qualité.

Quant aux miels mal classés, la majorité d’entre eux sont bon marché, à moins de 10 euros/kilo ; on en trouve effectivement un dont le prix est très élevé pour une qualité moyenne. Le prix n’est pas une garantie absolue de qualité, mais tout de même un indice...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.