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franceinfo conso. Quels poissons dans nos assiettes ?

A la pêche aujourd'hui, avec le magazine "60 Millions de consommateurs". Thon, brandade, poisson pané, surimi, de quoi sont composés ces types de poissons et quels sont leurs scores environnementaux ? Une enquête signée Patricia Chairopoulos. 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les poissons panés, préférés de nos enfants, combien de poisson contiennent-ils ? 
 (JOSEF MOHYLA / E+ / GETTY IMAGES)

On part en mer aujourd'hui, avec 60 Millions de consommateursOn va aider nos auditeurs à bien choisir les poissons qu'ils mettent dans leurs assiettes. En particulier dans les plats cuisinés. Patricia Chairopoulos a mené l'enquête et a passé au crible 56 produits : thon, brandade, poisson pané, surimi...

franceinfo : Qu'est-ce que vous avez cherché à savoir ?

Ce qu’il y avait dedans ! Nous avons cherché, avec la collaboration du WWF, à évaluer la durabilité de 56 produits sélectionnés, et publié un score environnemental. Celui-ci se base sur les trois critères - espèce, zone et technique de pêche - et trois niveaux de notes ont été attribués : “à privilégier”, “avec modération” et “à éviter”. Par ailleurs, nous avons mené des analyses et décrypté les étiquettes pour évaluer la qualité de tous les produits.

Sur la pêche durable, comment le consommateur peut-il savoir si le poisson a été pêché dans des conditions respectueuses de l'environnement et de la ressource ?

Autant pour le poisson frais, le consommateur connaît les conditions de pêche dans lesquelles il a été capturé, car ces informations sont obligatoires depuis 2014. Hélas, elles ne le sont pas pour les produits transformés, à base de poisson, comme le surimi par exemple.  

De ce fait, le consommateur ne sait rien ou presque de l’aspect environnemental du produit. En témoignent les emballages des thons en conserve, colins panés, brandades de morue et surimis sélectionnés pour notre enquête : ils sont très discrets, voire muets, sur les techniques de pêche. Cela dépend aussi de la famille de produits, puisque les thons en conserve, même s’ils ne sont pas tous vertueux, voire certaines marques sont à éviter, indiquent au moins l’espèce et souvent l’engin de pêche utilisée. À l’inverse, nous déplorons un manque de transparence criant pour les surimis et les brandades de morue.

Passons aux résultats de vos tests. Le thon en boîte d'abord. La qualité est plutôt au rendez-vous ?  

Oui, cette famille s’en sort plutôt bien ; nous avons recherché les métaux lourds comme le plomb et le mercure, susceptibles de s’accumuler dans la chair de ce poisson, et les résultats sont globalement bons. Idem pour la qualité de la chair, au sens où nos analyses n’ont quasiment pas retrouvé de fragment de peau ou d’arête, excepté deux références.

Le gros défaut de ce produit tient à sa forte teneur en sel, sachant que le thon est cuit et conservé avec de la saumure : six références parmi les 14 références de l’essai dépassent même 1 gramme/100 grammes de produit. Rappelons que le sel favorise la survenue de maladies cardio-vasculaires.

Sur le plan de la durabilité, un petit tiers de nos thons en boite sont jugés “À éviter”, d’abord parce qu’il s’agit de thon albacore, dont les stocks de l’océan Indien et, dans une moindre mesure, de l’Atlantique centre­-est et du Pacifique sont surpêchés. Trois références sont également pénalisées pour l’absence d’informations sur le mode de pêche. Heureusement, plusieurs références s’en sortent mieux : elles donnent des indications claires et garantissent un bon état des stocks de l’espèce et des techniques de pêche avec un impact limité sur les écosystèmes.  

Parlons maintenant de ce poisson qui a une drôle de forme ! Tout carré et tout jaune ! Le poisson pané, familier des enfants... Résultat : des tests plutôt homogènes    

C’est en effet la famille la plus uniforme de l’essai, par l’omniprésence du label MSC (Marine Stewardship Council) - supposé garantir que les poissons ont été pêchés durablement - et l’espèce utilisée, le colin d’Alaska. La zone de pêche, gérée par plusieurs pays comme les États-Unis et la Russie est l’une des plus grandes pêcheries du monde, dont le stock est exploité globalement de manière durable.

Le problème pour ces produits, c’est l’absence d’information sur le mode de pêche, à priori, chalut pélagique ou chalut de fond. Nous estimons donc que la consommation doit se faire "avec modération" pour toutes les références. Cela étant, la quantité de poisson, tournant autour de 65-70%, est satisfaisante, tout comme la composition sachant que la majorité des colins panés de notre panel ne contient aucun additif ; quatre produits sont moins vertueux, notamment l’un qui contient trois additifs servant à "améliorer" la panure.

Passons à la brandade de morue. Là, vous avez carrément sorti les tests ADN !

Et oui, et nous avons bien fait, puisque deux brandades contiennent également une autre espèce que le cabillaud, non indiquée sur l’emballage ; nous les avons donc déclassées. Sinon, la quantité de poisson est très variable, beaucoup plus que dans les colins panés. Elle passe du simple ou double quasiment, les meilleurs affichant 40% de poisson contre 23% pour les plus chiches.

Mauvais point également sur la teneur en sel, qui atteint 1,35 g/100 grammes pour une référence, ce qui est vraiment excessif. Quant au score environnemental, WWF voit rouge pour l’ensemble des brandades ! L’ONG déplore le manque de transparence sur ces produits. Elle conseille d’éviter de consommer les produits sélectionnés.    

Et les surimis maintenant, à consommer avec modération dites-vous ? Pourquoi ?  

Oui, avec modération car la transparence sur les espèces de poisson utilisées pour fabriquer cette pâte - dont la seule obligation est de contenir au moins 30% de poisson - leurs provenances et l’engin de pêche, est quasi nulle. C’est pourquoi nous avons jugé l’ensemble des surimis "à éviter", à l’exception d’une référence qui n’utilise qu’une seule espèce et qui l’indique.

Reconnaissons en revanche des progrès sur leur composition : les fabricants ont supprimé la quasi-totalité des additifs. Sur nos 14 références, on ne retrouve que l’extrait de paprika (E160c) qui apporte la couleur orangé caractéristique du bâtonnet de surimi. Il a l’avantage d’être naturel et de ne pas présenter de risque avéré pour la santé.

Mais plus encore que les autres produits, le surimi est très  salé, entre 1,5 et 1,8 g/100g, soit presque un tiers des apports journaliers recommandés ! De telles teneurs peuvent être néfastes pour la santé, d’autant plus que le surimi est souvent donné aux enfants.  

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