Covoiturage : quelle appli choisir, les aides à obtenir
Le magazine 60 Millions de consommateurs consacre ce mois-ci un long article au co-voiturage. On le sait, fin 2022, le gouvernement a débloqué 150 millions d’euros pour nous inciter au co-voiturage entre le domicile et le lieu de travail. Le journaliste Adrian de San Isidoro, chef de rubrique, a enquêté pour le magazine.
franceinfo : De manière générale les français sont-ils de bons élèves ou pas ? C’est un système qui fonctionne chez nous ?
Adrian de San Isidoro : Regardons la réalité en face, pour l’instant, le covoiturage a du mal à passer la seconde. Pour les trajets courts, ceux qui nous intéressent dans le cadre des parcours maison-travail, le covoiturage reste marginal, puisque seulement 3% des conducteurs français le pratiquent au quotidien. Ce qui représente, grosso modo, 900 000 trajets par jour. Et pour tripler ce nombre, l’état a mis en place une série de mesures.
Le gouvernement a débloqué 150 millions d’euros pour financer ce plan de covoiturage, ça se traduit comment ?
Le plan se décompose en trois volets. Et l’un d’entre eux profite directement aux nouveaux conducteurs. Il s’agit d’une prime de 100 €, versée en deux temps : une fois après le premier trajet et le reste au 10e voyage, s’il est effectué trois mois au plus tard, après le premier trajet.
Et en pratique, comment ça se passe si je suis prête à partager mon véhicule avec d’autres passagers ? Il faut obligatoirement s’inscrire sur une plateforme de covoiturage ?
Absolument. Pour toucher la prime, il faut s’inscrire sur une plateforme habilitée à la proposer. C’est le cas des sites BlablaCar Daily, Citygo, Ecov, Karos, Klaxit ou encore Mobicoop. Attention, il peut arriver, selon la plateforme utilisée, que la prime soit versée sous forme de bons d’achats à dépenser dans de grandes enseignes. C’est le cas du site Klaxit. Des bons qui sont moins intéressants que de l’argent, directement crédité sur son compte en banque.
Dans votre essai, vous avez testé plusieurs plateformes, 6 au total. Elles fonctionnent toutes de la même façon ?
La plupart fonctionnent sur le même modèle. Côté conducteur, une fois qu’on est inscrit, on propose un trajet en fixant un point de départ et d’arrivée, ainsi qu’un prix demandé par passager. Le conducteur peut ensuite accepter ou refuser les différentes demandes de passagers qu’il reçoit.
Côté passager, après l’inscription, on recherche le trajet voulu, puis on sélectionne le conducteur, en fonction du prix demandé, du point de départ et du temps de trajet. En espérant que notre demande de covoiturage soit acceptée par le chauffeur, qui reste seul maître à bord.
Quels sont les éléments à prendre en compte avant de s’inscrire ? Qu’est-ce qu’il faut vérifier ?
Certaines plateformes affichent des particularités à considérer. Par exemple, Citygo propose une option de co-voiturage entre femmes. Klaxit, de son côté, envoie un taxi ou un VTC en cas d’annulation par le conducteur. Et Mobicoop est une coopérative dont les utilisateurs peuvent devenir sociétaires, s’ils le souhaitent. A noter que Blablacar daily et Citygo peuvent appliquer des pénalités, en cas d’annulation du passager au dernier moment.
Et pour les passagers ? Eux aussi peuvent bénéficier d’une aide ?
Pas du tout ! La prime de 100 € est uniquement attribuée aux nouveaux conducteurs. En clair, si vous avez déjà effectué des trajets via l’une des plateformes éligibles à la prime, aucune aide ne sera accordée.
Tout ça se fait avec la participation des collectivités aussi, elles aussi bénéficient d’un coup de pouce du gouvernement ?
En effet : les collectivités locales profitent d’une aide, qui vise à accélérer la politique de tarifs attractifs pour les usagers. En passant par les sites de covoiturage de ces collectivités, les passagers profitent d’un prix très bas, ou ne paient même rien du tout, dans certains cas. Et, précisons-le, les conducteurs sont évidemment payés pour chaque trajet effectué.
Qui dit voiture partagée, dit aire de co-voiturage, on en voit de plus en plus dans les villes. Qui les gèrent ?
Selon l’emplacement de l’aire, elle peut être gérée par la municipalité, le département ou même par une entreprise privée. L’intérêt principal de ces espaces, souvent situés à distance du cœur de ville, est d’éviter la congestion des centres urbains. Position qui facilite la rencontre entre conducteurs et passagers
Et là encore, tout passe par les applications ? On se signale et on se donne rendez-vous ?
Oui, c’est toujours le conducteur qui détermine le point de rendez-vous sur l’application. Sauf lorsqu’on emprunte une ligne de covoiturage, qui fonctionne exactement comme une ligne de bus. Dans ce cas, le passager doit simplement se placer à côté d’un arrêt de la ligne, indiqué dans l’application. Puis se signaler et indiquer sa destination.
Mais au niveau de la réglementation, du prix des trajets, comment ça se passe ?
En général, toujours côté passager, le prix à payer oscille entre 6 et 10 centimes d’euros par kilomètre. Attention, au-delà de 60 centimes d’euro par kilomètre, le maximum légal, le chauffeur peut faire l’objet de poursuites judiciaires, les bénéfices réalisés dans le cadre du covoiturage étant rigoureusement interdits.
On parle de covoiturage entre le domicile et le travail, c’est une chose, est-ce qu’il y a des aides pour le covoiturage longue distance ?
Oui, une prime de 100 euros, versée en deux fois, existe également pour les trajets longue distance. Pour les toucher, il faut avoir réalisé 3 voyages de plus de 80 km sur une période de 3 mois.
Si vous aviez un conseil à donner aux passagers et aux chauffeurs tentés par le covoiturage ?
J’ai bien un petit conseil à donner aux passagers. Il peut arriver que de faux profils de covoitureurs sévissent sur certaines applications. Méfiance, si un conducteur demande de payer, via un lien qu’il vous adresse. Il peut s’agir d’un lien renvoyant vers une plateforme conçue pour aspirer vos données bancaires. Données qui peuvent être utilisées dans la foulée pour débiter votre compte en banque. Le mieux, pour éviter ce genre de mésaventure, est de toujours réserver et payer directement, sur le site ou sur l’application, censés être sécurisés.
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