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Suède, Chili, Thaïlande : quelles entorses au protocole sanitaire mis en place contre le Covid-19 ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Suède, le Chili et la Thaïlande pour constater les infractions aux restrictions sanitaires.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Faux, Justine Fontaine, Carole Izou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des policiers suédois arrêtent un manifestant contre les restrictions sanitaires contre le Covid-19 à Stockholm le 6 juin 2021. (ATILA ALTUNTAS / ANADOLU AGENCY)

Alors qu'en France, plusieurs milliers de personnes ont bravé le couvre-feu place des Invalides à Paris vendredi 11 et samedi 12 juin pour faire la fête, qu'en est-il du respect des restrictions sanitaires ailleurs dans le monde ? Exemple en Suède, au Chili et en Thaïlande.

En Suède, le gouvernement tolérant avec les jeunes

En Suède, la population est généralement respectueuse des recommandations, mais pas quand elles vont à l’encontre d’une tradition qui remonte au XIXe siècle : les Studenten. Ces fêtes célèbrent la fin du lycée et l’entrée à l’université ou dans la vie active. C’est une journée débridée qui commence par un petit-déjeuner au champagne dans un parc. On enchaîne avec une sortie en fanfare du lycée où on lance vers le ciel une casquette blanche, et puis un série de fêtes qui continue jusqu’au lendemain. Certaines, évidemment illégales, ont réuni plus de 200 personnes. Ces jeunes ont même pu respecter une tradition qui veut que chaque classe prenne place à l’arrière d’un camion pour parader en ville. La mairie avait dit non, mais les lycéens ont trouvé une faille. "Au lieu d’un camion, on s'est installés sur un bateau cette année. Beaucoup de gens ont fait ça…", explique l'un d'entre eux tandis qu'un autre ajoute : "C’est un vide juridique, ils ont oublié d’interdire la location des bateaux."

Face à ces manquements, les autorités ont réagi avec doigté. Quelques policiers à cheval sont bien intervenus pour rétablir l’ordre, mais le gouvernement a aussi conscience que ces lycéens ont été les grands perdants de cette pandémie. La Suède n’a pas connu les confinements ou les couvre-feux mais pour que les plus jeunes puissent continuer à aller en classe, on a décidé que les plus anciens, les élèves de Terminale, pouvaient passer en distanciel. Beaucoup ne sont allés dans leur établissement qu’une semaine sur trois, ça a été un vrai sacrifice. Alors le gouvernement n'a pas voulu être trop sévère avec eux.

Au Chili, fêtes clandestines et contraventions tous azimuts

Quinze mois de couvre-feu et le confinement imposé en ce moment au Chili n'empêchent pas les soirées clandestines, notamment chez les plus riches. Depuis le début des restrictions sanitaires l'an dernier, ces soirées font régulièrement la une des médias. Par exemple, entre Noël et le Jour de l'an, une série de grandes fêtes illégales organisées par des lycéens dans la station balnéaire la plus chic du pays a fait scandale. Des fils et filles d'ultra riches et puissants ont été filmés sans respecter aucun geste barrière. Résultat, un énorme cluster a été rapidement détecté dans la commune. Autre exemple : en banlieue de Santiago, des Chiliens plutôt aisés se sont filmés sur Instagram en train de quitter une soirée privée illégale en voiture par des chemins détournés. Ils voulaient ainsi éviter la police qui venait d'arriver sur place.

Cela dit, ces soirées concernent tous les milieux sociaux. On a vu récemment une fête électro en pleine rue dans un quartier de classes moyennes, avec des centaines de personnes, ou encore un concert sauvage de trap (musiques urbaines) dans une commune populaire. La police et les autorités sanitaires ont souvent du mal à identifier les participants et les organisateurs mais les amendes sont assez lourdes. D'ailleurs, le président et milliardaire Sebastian Piñera en a fait l'expérience puisqu'il a écopé de 2 800 euros d'amende après avoir pris un selfie sans masque sur la plage avec une passante en décembre dernier.

En Thaïlande, le non port du masque fait des morts et le trafic de masques usagés prolifère

En Thailande, la population dans sa majorité respecte voire anticipe les restrictions contre le Covid-19, à tel point que les citoyens font parfois justice eux-mêmes quand se présente un contrevenant au règles. Un homme a récemment été tué durant une réunion de famille pour non-port du masque, c'était au moins de janvier dernier. Samran Tawai, 50 ans, s’était présenté à la cérémonie de crémation d’un membre de sa famille. Rappelé à l’ordre par un ancien, il refuse alors de mettre le masque. Mal lui en a pris car l’homme plus âgé a alors sorti le revolver destiné à tirer vers le ciel comme le veut la tradition dans certaines familles thaïlandaises lors des funérailles et a tiré vers le récalcitrant. Il s’est justifié en disant avoir voulu protéger le reste de sa famille. Samran n’est pas le seul à être mort pour avoir refusé de porter le masque, plusieurs incidents similaires lors d’un mariage ou dans la rue ont été rapportés au cours de l’année 2020. 

Ces excès de zèle n'ont pas empêché certains de se lancer dans le trafic de masques usagés. Deux filières ont été ainsi démantelées, dont les modes opératoires étaient assez semblables. Première étape : récupérer les masques dans les poubelles et notamment dans celles des hôpitaux en début d’épidémie, lorsque le pays a connu une situation de pénurie de masques l’année dernière. Puis lavage à haute température et repassage. Les masques étaient ensuite revendus pour quelques centimes par des vendeurs de rue. Condamnés à plusieurs années de prison ferme, les auteurs du crime se sont justifiés en soulignant que, les masques ayant été décontaminés, ils ne faisaient prendre que des risques modérés au public. 

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