Sobriété énergétique : comment font face le Japon et l'Allemagne ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Japon et l'Allemagne, qui ont tous deux déjà exploré des pistes pour être plus sobres d'un point de vue énergétique.
Il n'y a pas qu'en France que les mots "sobriété énergétique" sont devenus omniprésents. Le Japon et l'Allemagne, par exemple, n'ont pas attendu la crise liée à la guerre en Ukraine pour agir. Au Japon, la catastrophe de Fukushima a forcé les autorités à s'adapter en 2011, alors que la ville de Hambourg, en Allemagne, est très active sur la question énergétique depuis plusieurs années.
Au Japon, une adaptation forcée après l'accident de Fukushima
Le Japon a été confronté avant tout le monde à la question de la sobriété énergétique en temps de crise. En 2011, le séisme, le tsunami au nord-est du Japon, puis l'accident nucléaire de Fukushima, ont rendu inutilisables les réacteurs nucléaires de la région, mais aussi une partie des centrales thermiques. Les Japonais ont donc été soumis à quelques coupures programmées, mais pour les éviter au maximum, ils se sont astreints à des économies d'électricité, appelées "setsuden" en japonais.
Cet appel du gouvernement de l'époque a impliqué des mesures d'abord très rudes. Au point que la capitale Tokyo fut plusieurs fois plongée dans le noir, les nuits suivant le drame. Les mois d'après, les autorités ont ajusté ces coupures, en minimisant les besoins de façon continue. Les entreprises ont fait des efforts visibles, par exemple en éteignant les enseignes, les grands écrans, ou les vitrines dans les rues. Elles sont passées à l'éclairage LED à très grande échelle. Cette transition est aussi passée par l'achat de climatiseurs et d'équipements plus économes.
Les particuliers ont aussi dû minimiser leur climatisation, opter pour de l'électroménager moins gourmand, avoir un meilleur entretien des appareils ou encore choisir de changer leurs éclairages. Des efforts qui ont permis de remplir largement l'objectif qui était alors fixé de réduire de 15% la consommation en journée. Cette politique n'a pas forcément été poursuivie par la suite, ce que regrette Katsuya Okada, alors numéro deux du parti au pouvoir il y a onze ans : "Les économies d'électricité doivent être poursuivies avec la compréhension des citoyens", avance-t-il aujourd'hui.
"On peut aussi réduire la demande structurellement en encourageant l'investissement vers des équipements plus économes."
Katsuya Okadaà franceinfo
Au fil des ans après cette période, les Japonais ont retrouvé leur confort de vie, mais aussi renoué avec les gaspillages. Pourtant, après six ans sans campagne "setsuden", le mot est de retour cette année. En cause, le non-redémarrage de réacteurs nucléaires et l’arrêt récent de plusieurs centrales thermiques après un séisme en mars ou en raison de leur vétusté.
En Allemagne, la ville de Hambourg fait la promotion des énergies vertes
Au nord de l'Allemagne, la ville de Hambourg et ses 1,9 million d'habitants, agit depuis plusieurs années pour la qualité de vie et la préservation de l'environnement. Très loin du cliché sur la ville grise et triste, Hambourg, deuxième ville du pays, a fait de la promotion des énergies vertes sa priorité et a même reçu plusieurs prix pour cela.
Le meilleur exemple de cette politique se trouve dans le quartier de Wilhelmsburg, le long de l’Elbe. L’ancienne décharge de 40 mètres de haut a été réhabilitée. Désormais, le site produit de l’énergie propre pour 4 000 foyers. "L’accès était interdit et on ne savait pas quoi faire de cette montagne de déchets. On a transformé le problème en solution, raconte Antje Stokma, professeur d'aménagement du territoire à l'université d'Hambourg. On a exploité la pente raide exposée au soleil pour installer des panneaux solaires et on a utilisé la hauteur de la colline, où le vent souffle en permanence, pour mettre trois éoliennes. Ces endroits fermés, mais aussi contaminés, il y en a beaucoup dans la ville et c’est un exemple de réaménagement pour en faire un lieu vert."
Si Hambourg a autant la fibre verte, c’est aussi grâce à ses habitants. En 2019, les 10 000 signataires d’un référendum local ont contraint les politiques à se soucier davantage d’environnement. C'est Malte Siegert, le président de l’antenne locale de Nabu, la principale association de défense de la nature, qui a porté le projet : "Nous avons négocié qu’au moins 30% de la surface de Hambourg reste verte et que 30 postes supplémentaires soient créés par les autorités pour améliorer la protection de la nature. Cela acoûté très cher à la ville, 5 millions d’euro chaque année", explique-t-il.
"C'est le signe que les citoyens peuvent peser sur les décisions politiques et cela les sensibilise davantage, et je trouve ça formidable"
Malte Siegertà franceinfo
Le point noir à Hambourg reste le trafic automobile, alors la ville veut s'employer à limiter l'usage de la voiture. Dans le nouveau quartier de Hafen City, 4 000 logements ont déjà été construits sur les 127 hectares de l’ancien port de Hambourg. L'ensemble du site a effectivement été pensé pour réduire la place de la voiture. "Nous avons trois nouvelles stations de métro, nous avons un système très efficace d’autopartage, avec 200 à 300 véhicules en permanence, c’est comme si les gens avaient leur garage, décrit Susanne Bühler, porte-parole de Hafen City. Nous avons aussi réduit le nombre de places de parking, c’est-à-dire que sur 100 logements, seuls 40 disposent d’une place de parking privée. Nous tentons vraiment de faciliter la vie des gens pour qu’ils renoncent à la voiture."
La ville de Hambourg mise maintenant sur le développement du photovoltaïque. À partir de l’année prochaine, chaque nouveau bâtiment devra être équipé de panneaux solaires. La métropole financera 30% des coûts d’installation.
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